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«Ce campement n’avait rien de pacifique.»
L'Université McGill a embauché une firme de sécurité pour démanteler le campement propalestinien en place depuis le 27 avril dernier. L'opération s'est déroulée mercredi matin au centre-ville de Montréal.
«Enfin !», c'est ainsi qu'a réagi le premier ministre, François Legault à l'opération de démantèlement lancée mercredi matin.
De nombreux agents de sécurité, supportés par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont lancé un avis d'éviction aux manifestants peu après 4h30.
À 10h, une seule personne avait été interpellée pour voie de fait sur un policier.
«Le campement représente une menace de plus en plus importante pour la santé et la sécurité. C’est pourquoi, dans une optique de protection de la communauté de l’Université et de l’intégrité de notre propriété, la décision a été prise de démanteler le campement», souligne l’Université McGill dans un communiqué.
«Je tiens à réitérer que l’opération de ce matin – et ma persistance à demander le démantèlement du campement – n’a jamais eu pour but de museler la liberté d’expression. Il fallait agir contre une occupation illégale qui intimidait et menaçait notre communauté, contrevenait à nos politiques, entraînait des dommages matériels importants, présentait des risques importants pour la santé et la sécurité, et nourrissait l’escalade de la violence», a fait savoir Deep Saini, recteur et vice-chancelier de l'Université McGill dans un message envoyé à la communauté de l'Université McGill dont Noovo Info a obtenu copie.
La direction de McGill cite en exemple du harcèlement envers ses membres, de la destruction de biens de l'Université, des «échauffourées» avec la police et des «agressions» ainsi que l'organisation d'un «programme d’été révolutionnaire pour les jeunes», dont l’annonce comportait des images d’individus masqués armés de fusils d’assaut.
«Depuis le début, les risques posés par le campement s’amplifient constamment et dangereusement», ajoute McGill.
Le Comité communication du Collectif Désinvestir pour la Palestine a lancé un appel à l'unité en voyant les agents se déployer sur le terrain: «URGENT! DÉMANTÈLEMENT DU CAMPEMENT MCGILL forte répression policière attendue».
Sur les réseaux sociaux, le groupe Solidarité pour les droits humains des Palestiniennes et Palestiniens, division McGill, a affirmé que le campement était «sous attaque» et a dit être en «besoin urgent» de soutien pour «défendre le camp». «Apportez des masques, des lunettes et du matériel de sécurité personnel», a écrit le groupe dans une publication sur son compte Instagram.
Certains participants ont quitté le campement et ont amorcé une manifestation dans les rues à proximité. Vers midi, la manifestation était toujours en cours, et ce malgré la pluie.
L’Université McGill affirme avoir pris la décision de procéder au démantèlement du campement propalestiniens pour plusieurs raisons, notamment le fait que les membres de la communauté mcgilloise seraient «peu nombreux» dans le campement.
La direction soulève aussi de nombreux enjeux liés à la santé et à la sécurité soulignant que deux cas de surdose ont eu lieu sur le campement depuis le 6 juillet dernier.
«On peut voir des seringues sur les lieux, et il y a eu vente illégale de narcotiques dans le campement. De plus, le campement est infesté de rats. Enfin, un réservoir de propane et des matériaux inflammables situés à proximité des tentes pourraient provoquer un incendie», ajoute-t-on.
L’Université du Québec déplore aussi que le campement attire «des partisans de la violence et de l’intimidation». «Des campeurs planifient d’ailleurs d’endommager d’autres biens de l’Université, notamment en commettant des actes de vandalisme», écrit-on.
L’Université McGill espère que le démantèlement du campement marquera un retour à un «climat saint» sur le campus.
Le campement propalestinien a été érigé le 27 avril sur les terrains de l'Université McGill et les tribunaux ont refusé d'accorder une injonction pour forcer son démantèlement.
L'autre campement propalestinien érigé au centre-ville de Montréal — au square Victoria — a été démantelé la semaine dernière. Le recteur et vice-chancelier de la direction de l'Université McGill, Deep Saini, avait qualifié cette opération d'«encourageante» et demandait que le campement installé sur son terrain soit démantelé «sans tarder».
La ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, a salué cette décision.
«On a largement dépassé la liberté d’expression usuelle, alors je pense que c’est une bonne chose qu’on procède au démantèlement de ce campement. Il était temps de démanteler le campement. Je soutiens McGill dans ses démarches», a-t-elle dit en point de presse, soulignant que «la situation s’est envenimée au cours des derniers jours avec des actes de vandalisme, des actes antisémites, de la casse et de la violence à l’intérieur du campement».
Enfin! On le dit depuis plusieurs mois, les campements n’ont pas leur place sur nos campus. @mcgillu a pris les actions qui s’imposaient pour mettre fin à cette situation insoutenable. L’opération n’est pas terminée, on continue de suivre la situation de près.
— Pascale Déry (@PascaleDery) July 10, 2024
Le Parti conservateur du Québec s'est réjouit du démantèlement du campement et a déploré l'inaction du gouvernement face à la situation par communiqué. «Pourquoi François Bonnardel n’était-il pas présent sur le terrain? Pourquoi n’a-t-il pas rencontré les représentants du SPVM? Pourquoi n’a-t-il pas rencontré les manifestants? Pourquoi n’a-t-il pas forcé la main de Valérie Plante pour qu’elle agisse? Des personnes se sentaient en danger, il est responsable de la Sécurité Publique, c’est la moindre des choses qu’il agisse pour trouver des pistes de solution», a déclaré Éric Duhaime.
Selon le chef conservateur, il faut tirer des leçons sur la mauvaise gestion de cette crise à McGill parce que ces activistes illégaux peuvent ériger un nouveau camp demain matin. «Il faut être beaucoup mieux préparé et répondre beaucoup plus rapidement la prochaine fois», a souligné M. Duhaime.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet,.a également réagi au démantèlement. «Si le recteur de McGill disposait des informations dont il fait état, le camp devait être vite démantelé. En fait, pourquoi tolérer de quiconque le non-respect des règles et des lois, dont la propriété privée? Pourquoi tolérer le vandalisme politiquement motivé et l'intimidation? Qui croyait encore qu'il s'agissait d'un simple exercice de liberté d'expression au bénéfice des civils palestiniens plutôt qu'un lieu de propagande radicale dont les civils palestiniens sont souvent et plutôt un instrument?» a-t-il demandé sur X.
Depuis le début du campement, les manifestants réclament la fin de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre, qui a tué 1200 personnes, pour la plupart des civils.
À voir aussi : Dossier spécial Noovo Info | Guerre Israël – Hamas
Plus particulièrement, les manifestants appellent notamment l’Université McGill à boycotter et à se désinvestir des entreprises «finançant le génocide et l’apartheid israéliens».
L'Université McGill a fait plusieurs propositions aux manifestants du campement propalestinien, sans succès.
L’occupation du terrain de l’Université McGill par les manifestants propalestiniens ne s’est pas faite sans heurts.
Au début du mois de juin, la direction de l’établissement faisait une sortie publique pour dénoncer «une escalade de violence».
La direction de McGill rapportait alors plusieurs incidents au fil des jours, dont de l’intimidation envers des membres de la haute direction de McGill et du vandalisme au pavillon James.
Samedi dernier, des agents du SPVM ont dû intervenir après que des manifestants, en désaccord avec le démantèlement du campement au square Victoria, aient brisé des vitres à l’Université McGill. Une vitrine de commerce a aussi été brisée lors de la manifestation. Les policiers du SPVM ont dû avoir recours au gaz lacrymogène pour disperser les manifestants.
Avec des informations d'Audrey Bonaque de Noovo Info et de La Presse canadienne.