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Justice

Une plainte déposée contre le SIM pour racisme et discrimination systémique

La Coalition Rouge dénonce le racisme et la discrimination de nature systémique, qui existerait au sein du SIM depuis des «décennies».

La Coalition Rouge a récemment déposé une plainte à la Commission des droits de la personne et de la jeunesse au nom de deux pompiers, exerçants au SIM, pour racisme et discrimination systémique.
La Coalition Rouge a récemment déposé une plainte à la Commission des droits de la personne et de la jeunesse au nom de deux pompiers, exerçants au SIM, pour racisme et discrimination systémique.
/ Noovo Info

La Coalition Rouge a récemment déposé une plainte à la Commission des droits de la personne et de la jeunesse au nom de deux pompiers, exerçant au Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) depuis plus de 10 ans, pour racisme et discrimination systémique qu'ils auraient subis dans leur milieu de travail.

La Coalition Rouge dénonce le racisme et la discrimination de nature systémique, qui existerait au sein du SIM depuis des «décennies». Des extraits des plaignants ont été présentés mardi matin lors d'une conférence de presse.

«Alberto Syllion et Jean-Alain Cameau ne sont pas les premiers employés du SIM à dénoncer le racisme et la discrimination dans cette organisation. Ils sont conscients des répercussions que leur dénonciation peut avoir sur leur carrière. Ils sont des héros dans le combat contre le racisme systémique à la ville de Montréal», a martelé Alain Babineau de la Coalition Rouge.

Alberto Syllion a raconté les insultes racistes qu’il a essuyées depuis son premier jour au SIM jusqu'à un événement récent dont une jeune recrue a été victime.

«J’ai tout donné à cette organisation. Je me sen coupable d’avoir incité un jeune Noir à faire carrière au SIM et de lui donner du mentorat, pour qu’il subisse à son tour le même racisme que j’ai subi il y a 15 ans!» a-t-il affirmé.

«C’est un problème national et international. Le racisme est endémique à la culture des pompiers. Les victimes ont peur de se plaindre et souvent endurent leur mal en patience. Dans certains cas ça leur coûte la vie. Nous sommes là pour les écouter, les motiver, les accompagner, les soutenir et les conseiller.»
-David Shelton membre fondateur de Alliance des Pompier(iere.s) du Canada.

De son côté, Jean-Alain Cameau, qui est Noir et musulman, a affirmé avoir du doit se battre contre les propos racistes de certains de ses collègues depuis son premier jour d’entrée en poste au SIM.

«Ma première journée en caserne, un gars arrive et me dit : "Un crisse de n**re!" Durant mon initiation comme recrue, bien que je leur dis que je ne mangeais pas de porc parce que j’étais musulman, on m’a dit : "Tu vas manger du porc icitte, mon tabarnak"», a-t-il confié.

D'ailleurs, l’organisme considère d’autres moyens légaux pour aider le plus grand nombre d'employés du SIM, qui sont victimes de racisme et de discrimination.

«Nous voulons qu’une enquête à caractère systémique menée par une tierce partie soit faite ici. Depuis les sorties des employés racisés de la Ville de Montréal en mars dernier, la Coalition Rouge demande la création d’un organisme indépendant. En réponse, la Ville donne la responsabilité à la commission de la fonction publique, qui se rapporte à l’administration Plante, pour faire enquête dans tels cas. Personne n’a confiance au nouveau système» a fait savoir Joël DeBellefeuille, directeur exécutif et fondateur de la Coalition Rouge.

«Tolérance Zéro», dit la Ville de Montréal

La Ville de Montréal affirme que la direction du SIM a été informée le 15 octobre 2023 des allégations en lien avec un incident «à caractère raciste» qui serait survenu dans une caserne le 14 octobre dernier, impliquant un employé du SIM. Des actions ont rapidement été entreprises, a-t-on ajouté.

Le 16 octobre 2023, l'employé visé par les allégations a été relevé temporairement de ses fonctions pendant l'enquête. À ce jour, «l’enquête est terminée et l'employé qui a tenu les propos allégués a été sanctionné», a mentionné la Ville dans un courriel à Noovo Info.

De plus, un membre de la direction du SIM a rencontré le personnel en caserne, dont l’équipe de travail et les parties concernées par cette situation pour réitérer que toute forme de racisme et discrimination est inacceptable et c'est tolérance zéro au sein des unités de la Ville.

«De tels comportements vont à l’encontre du Code de conduite du personnel de la Ville de Montréal et plus précisément, à la Tolérance Zéro. Le message est clair: à la Ville de Montréal, tout comme au SIM, c’est tolérance zéro face au racisme et toute forme de discrimination. Dans ce contexte, plusieurs mesures ont été déployées au cours de la dernière année et se poursuivent dans un souci de prévention et de sensibilisation. À cet égard, des communications reflétant les valeurs et les attentes de l'organisation en la matière ont été transmises au personnel», a fait savoir la Ville de Montréal par courriel à Noovo Info.

Le chef de l’opposition officielle à la Ville de Montréal, Aref Salem a réagi également à la suite de ces nouvelles allégations soulevées par la Coalition Rouge.

«Les allégations de racisme s'accumulent au sein de la Ville de Montréal. Alors qu'on prône l’inclusion et la diversité, c'est inacceptable et d'autant plus troublant que l’une des victimes alléguées est le visage du Service de sécurité incendie pour le recrutement des communautés culturelles. La Ville doit revoir sa culture d’entreprise pour instaurer une réelle politique de tolérance zéro», a-t-il mentionné par courriel.

Toutefois, la Ville assure faire le nécessaire pour sensibiliser les employés à ces enjeux. Depuis février 2023, tous les gestionnaires du SIM ont suivi l'atelier de sensibilisation Respect et Équité, planifié, qui est diffusé en collaboration avec le Bureau de la lutte au racisme et aux discriminations systémiques et le Service des ressources humaines. «L'objectif est de sensibiliser les gestionnaires à agir pour prévenir et faire cesser», mentionne la Ville par courriel à Noovo Info.

À compter de janvier 2024, les ateliers seront déployés auprès de près de 550 officiers et 1700 pompiers. L'objectif visé est de favoriser un environnement sain exempt d'incivilités, de discrimination et du harcèlement, précise-t-on par courriel à Noovo Info.

Des cas de discrimination dénoncés

En mars dernier, la journaliste de Noovo Info Véronique Dubé avait rencontré un homme qui a enduré des commentaires et des agissements pendant des mois avant d’être remercié par le SIM. 

À VOIR | Victime de discrimination, il est renvoyé du Service de sécurité incendie de Montréal

Cet homme aurait aussi été témoin de plusieurs événements où des collègues se moquaient de l’accent de personnes issues de la minorité, et d’autres se disaient carrément contre l’immigration au Québec. Après avoir été remercié par la Ville, il a ensuite déposé une plainte à la division du respect de la personne, en vain.

En mai 2023, les cols bleus de Montréal-Nord avaient aussi réclamé une enquête contre les dirigeants du Syndicat canadien des cols bleus regroupés de Montréal (SCFP), section locale 301. Cela était survenu après que Gaétan Archambault, qui a été récemment élu vice-président du SCFP a publié des propos racistes et islamophobes dans le passé.

Toujours en mars 2023, d’autres employés de la Ville de Montréal victimes de racisme avaient réclamé une enquête publique indépendante pour mettre en lumière les conditions des employés racisés de la métropole.

Rappelons que l’opposition à l’hôtel de ville, Ensemble Montréal, avait également fait la requête d’une enquête indépendante sur le racisme allégué à la municipalité, mais la mairesse Valérie Plante refusait d’en débattre.

En juin 2023, la Ville de Montréal s'est engagé, entre autres, à créer un «guichet unique» pour centraliser le dépôt des plaintes liées au racisme et aux discriminations systémiques et pour accompagner les plaignants pendant tout le processus.

Avec les informations de Véronique Dubé et Laurie Gervais pour Noovo Info