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Olymel n'a pas encore déterminé ce qu'il adviendrait des employés affectés. «Il n'y a rien de prévu», a indiqué le président-directeur général Yannick Gervais, mais «les employés seront accompagnés», a-t-il assuré.
Olymel annonce la fermeture de son usine d’abattage de porc de Vallée-Jonction, en Beauce, la plus vaste usine du producteur de porc et de poulet au Canada. Environ 1000 employés sont affectés par la fermeture, soit environ 5% du personnel de l'entreprise, si on se fie aux données disponibles sur son site.
Olymel, principal producteur de porc frais au Québec, n'a pas encore déterminé ce qu'il adviendrait des employés affectés. «Il n'y a rien de prévu», a indiqué le président-directeur général Yannick Gervais, mais «les employés seront accompagnés», a-t-il assuré lors d'une conférence de presse à Saint-Hyacinthe, vendredi au siège social de l'entreprise. L'échéance de la fermeture définitive est établie à décembre 2023, ce qui donne huit mois à Olymel pour la compléter.
L'entreprise commencera par couper les quarts de soir en septembre 2023, ce qui affectera un peu moins de la moitié des employés. Olymel dit être en contact avec les milieux municipal et régional pour minimiser les impacts sur la communauté. On explique du côté de l'employeur qu'on «ne pouvait pas parler à tout le monde avant l'annonce» — une question de respect pour les employés. Patricia Drouin, la mairesse de Vallée-Jonction, une ville d'un peu moins de 2000 habitants en date du recensement de 2021, est parmi les figures politiques avec lesquelles Olymel est en discussion.
Le Syndicat des travailleurs d'Olymel Vallée-Jonction–CSN n'apprécie pas cette mort lente des activités de l'abattoir beauceron. «Comme si ce n’était pas assez insultant et violent de nous faire traiter de la sorte, on nous demande de rester à l’emploi jusqu’à la fermeture définitive. La haute direction d’Olymel nous aura méprisés jusqu’à la fin», a commenté Martin Maurice, président du syndicat local, dans un communiqué envoyé après l'annonce.
Le syndicat a été rencontré par l'employeur vers 9h30, vendredi. Les travailleurs ont pour leur part été informés de leur avenir une vingtaine de minutes plus tard. Les 200 employés les plus anciens cumulent entre 25 et 52 années de service au sein de l'entreprise.
Pour justifier la fermeture, une décision «difficile» prise «à contrecoeur», le PDG Yannick Gervais a cité le déclin constant de la disponibilité de la main-d'oeuvre dans la région et l'investissement de 40 millions $ évalué pour relever les défis technologiques reliés à la modernisation de l'usine.
Dans le grand ordre des choses, la pandémie, la pénurie de main-d'oeuvre et la fermeture du marché chinois ont «affecté le secteur du porc frais», a expliqué M. Gervais. Olymel dit avoir perdu 400 millions de dollars au cours des deux dernières années.
Ces justifications ne suffisent pas, de l'avis des représentants syndicaux des travailleurs d'Olymel. «L’impact de cet échec lamentable est violent pour les familles et les communautés qui paieront le prix de ce gâchis», a déclaré Caroline Senneville, présidente de la CSN.
Lors de la présentation de ses états financiers 2022, la haute direction de Sollio, le principal actionnaire d'Olymel, avait fait état des «défis majeurs» vécus dans la filière porcine et qui étaient en partie responsables des pertes enregistrées par la coopérative.
Des perturbations dans la chaîne d'approvisionnement et la fermeture du marché de la Chine – l'un des plus importants importateurs de porc – pendant les trois premiers trimestres de l'exercice financier ont aussi joué les trouble-fête. La division porcine d'Olymel a d'ailleurs été celle qui a le plus écopé, mais cette tendance est observable partout dans le monde avec un rééquilibrage à la baisse allant de 5 à 8 %, avait-il été précisé.
Ce faisant, Sollio a dû adopter une stratégie de redressement qui implique une diminution du nombre de porcs abattus et une augmentation de la transformation des produits du porc, une transition favorable avec la réouverture des restaurants. Cela s'était traduit entre autres par une reconversion de l'usine de Princeville, au printemps 2022, et l'appel à des travailleurs étrangers temporaires.
Le géant du porc avait aussi communiqué son intention de réduire son abattage annuel de porcs de 20 %, ce qui représente environ un million de bêtes, à compter du mois de juin.
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Pourtant, Olymel a profité de financement institutionnel dans les dernières années. Investissement Québec, actionnaire de la compagnie, a injecté 150 millions de dollars dans l'entreprise, qui s'est défendue vendredi «d'avoir fait l'épicerie» avec ces fonds publics qui devaient servir aux sièges sociaux et à la consolidation des empois. «On a fait des investissements sur nos autres sites», a assuré M. Gervais, citant l'ajout de plus de 100 emplois à l'usine d'abattage de poulet de Saint-Damase.
Martin Maurice n'accepte pas l'argument de la direction selon laquelle l'embauche est difficile dans la région, d'autant plus qu'un employé venait d'être recruté le matin même. «Dire qu'ils ont de la misère à embaucher, j'ai de la misère avec ça, c'est dire à peu près n'importe quoi», a ragé le représentant syndical dans un entretien avec La Presse canadienne, d'autant plus en colère que Olymel a touché 150 millions $ en argent public, il y a tout juste deux ans, pour sa restructuration et la mise à niveau de ses usines.
«Nous, on n'avait rien eu, c'est ordinaire», a-t-il laissé tomber.
Cette nouvelle fait surface au lendemain de l'annonce d'une aide financière de 65,2 millions $ aux producteurs de porc par la Financière agricole du Québec dans le cadre du Programme d'assurance stabilisation des revenus agricoles.
L’usine beauceronne est l’un des quatre abattoirs d’Olymel au Québec. Les autres sont situés à Yamachiche en Mauricie, à Saint-Esprit dans Lanaudière, et à Ange-Gardien en Montérégie. L’établissement de Vallée-Jonction a été le théâtre d’une grève générale illimitée en 2021. Des centaines d’employés avaient quitté l’entreprise en marge du conflit de travail.
Olymel avait acquis l'usine d'Ange-Gardien en 2019 en avalant l'entreprise gardangeoise F. Ménard. Lundi, à la séance ordinaire du conseil municipal d'Ange-Gardien, les élus ont donné leur aval à une demande d'Olymel d'augmenter sa consommation d'eau, signe que les activités ayant cours dans l'installation n'étaient pas en voie de ralentir.
L'usine de Yamachiche avait pour sa part fait l'objet d'un agrandissement et d'investissements de plus de 110 millions $, entre 2017 et 2019.
Enfin, 25 millions $ avaient été injectés en 2016 pour agrandir les installations de Saint-Esprit, ce qui avait permis la création de quelque 200 emplois supplémentaires.
Le producteur de porc et de volaille a fermé en février 2023 une usine de Saint-Hyacinthe spécialisée dans les opérations liées au fondoir, à l'entreposage et à l'emballage de produits de porc. La moitié de la centaine d’employés avait été relocalisée à Saint-Damase, Ange-Gardien, Drummondville, Sainte-Rosalie et à Saint-Jean-Baptiste. Une usine de 29 employés à Henryville a également été fermée.
Plus tôt en février, Olymel avait annoncé la fermeture de ses établissements de transformation de porc à Blainville et à Laval, ce qui doit entraîner la suppression de 170 emplois.
Les fermetures d'usine s'inscrivent dans la réorganisation de la coopérative s'étant amorcée en 2021. La direction d'Olymel souhaitait alors réduire ses frais d'exploitation et générer des gains en efficience en rapatriant les activités de certaines usines dans d'autres établissements de la compagnie.
En octobre 2022, le géant québécois du porc avait aussi annoncé une réorganisation de son personnel-cadre. Quelque 120 postes vacants et 57 postes occupés ont été supprimés.
En point de presse vendredi matin, Yannick Gervais a indiqué qu'aucune autre fermeture n'était pour l'instant dans les cartons chez Olymel. «Le processus d'optimisation est enclenché depuis plusieurs mois et se déroule en continu. On revoit les capacités organisationnelles de nos usines sur une base régulière pour maintenir l'entreprise la plus agile possible», a souligné le PDG.
Avec la collaboration de Denis Langlois pour Noovo Info et de l'information de La Presse canadienne.