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Six hommes âgés de 34 à 59 ans et une femme de 44 ans doivent comparaître au palais de justice de Montréal.
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a arrêté sept individus liés au crime organisé traditionnel italien lors d'une opération d'envergure mercredi matin.
Ces arrestations ont eu lieu vers 5h du matin dans les arrondissements de LaSalle et de Verdun ainsi qu'à Brossard, sur la Rive-Sud de Montréal.
«Ça va faire mal au crime organisé traditionnel italien dans le coin de LaSalle», a lancé le chef de la Section du crime organisé du SPVM et commandant, Francis Renaud, lors d'un point de presse, en ajoutant qu'à l'arrondissement de LaSalle, c'était un «fief caché» qui agissait «sous le radar».
«On est habitué de voir le crime organisé traditionnel italien dans le coin de Saint-Léonard. Il ne faut jamais sous-estimer. Ils sont un peu partout.»
Six hommes âgés de 34 à 59 ans et une femme de 44 ans doivent comparaître au cours de la journée au palais de justice de Montréal. Cinq d'entre eux, ayant un rôle «actif» dans l'organisation criminelle, font face face à des accusations de gangstérisme, une rareté dans le domaine.
Les septs personnes arrêtées par le SPVM en lien avec le crime organisé mercredi à Montréal:
Source: Directeur des poursuites criminelles et pénales
En fait, la liste des chefs d’accusation dans ce dossier est longue: il s'agit surtout d'accusations de possession et trafic de drogue et stupéfiants, mais on leur reproche aussi, comme mentionné de mener des activités reliées au crime organisé, ainsi que la possession de montants issus d’activités criminelles et de biens infractionnels.
Ils sont également accusés de trafic de substances et de possession de substances dans le but d’en faire le trafic. Le SPVM va également s'opposer à leurs remises en liberté.
«Cinq, c'est quand même assez particulier, a expliqué le commandant Renaud. Normalement on voit trois individus, mais le DPCP (Directeur des poursuites criminelles et pénales) a accepté d'y aller avec cinq. Pour nous c'est majeur.»
Le policier a raconté que l’enquête a permis de déterminer l’importance de ces individus. «On peut quasiment dire que ce sont des boss de l'organisation quoique pour nous, il y a un sujet en particulier qui est plus boss que les autres. Mais ces cinq individus font partie de l'organisation et ont un rôle actif dans l'engrenage du profit.»
Selon le SPVM, ces présumés criminels arrêtés seraient spécialisés dans le trafic de cocaïne et seraient bien connus notamment par la communauté dans le secteur de LaSalle. «Les clients provenaient de partout de la province», a précisé le commandant Renaud lors du point de presse mercredi, en soulignant que le crime organisé italien travaillait en collaboration avec d’autres criminels bien connus du secteur, notamment les gangs de motards et le crime organisé irlandais.
Les policiers prévoient également de saisir les maisons appartenant à quatre suspects, a confirmé M. Renaud aux médias.
L’opération, amorcée avec les premières arrestations d’août 2023, avait mené à la saisie en janvier et en mai 2024 de 32 kilos de cocaïne, 4 kilos de crystral meth, 2,2 millions de dollars en argent comptant et de 12 armes à feu. Quatre immeubles résidentiels d’une valeur totale de 1,875 million $ ont également fait l’objet d’une ordonnance de blocage.
L’opération, qui a mobilisé une quarantaine de policiers, a été dirigée par l’unité Antigang de la Section du crime organisé du SPVM en collaboration avec l’escouade ÉCLIPSE et des postes de quartier 13 (LaSalle) et 16 (Verdun). D'ailleurs, les policiers ont utilisé différentes techniques pour mener leur enquête, dont l'écoute électronique, des caméras vidéos cachées à des endroits névralgiques et la surveillance physique.
Il aura fallu utiliser l’écoute électronique, des vidéos cachées dans des endroits qui servaient de cache à stupéfiants, de comptabilité, d'argent, de la surveillance physique pour arriver à ce résultat. «On n'a pas lésiné sur les moyens», a reconnu le chef de section.
Cette organisation ne distribuait pas au niveau de la rue, mais bien à des réseaux de revendeurs, agissant ainsi comme grossiste, mais on parle d’un commerce fort lucratif de «plusieurs millions de dollars par année».
Le commandant Renaud a expliqué que le kilo de cocaïne se transige à environ 25 000 $ sur le marché montréalais, mais une fois divisé en onces, sa valeur atteint 1500 $. Puisqu’un kilo comprend 27 onces, cela signifie en bout de ligne plus de 40 000 $ pour le même kilo, une marge de profit assez alléchante pour attirer le crime organisé. «C'est géré comme des compagnies», a d’ailleurs mentionné le policier.
Francis Renaud est convaincu d’avoir porté un dur coup à la mafia italienne, mais certainement pas un coup fatal, reconnaît-il: «Je ne crois pas qu'ils vont disparaître à jamais. L'humain a horreur du vide. Est-ce que ces gens-là sont remplaçables? Ces gens-là seront remplacés et sont remplaçables. Est-ce qu'ils vont disparaître de la carte du crime organisé traditionnel? Pas de sitôt. Est-ce qu'ils vont être affaiblis? Je crois sincèrement qu'ils sont affaiblis en matière de criminalité.»
«Les leaders sont vieillissants, rappelle-t-il, alors c'est à nous, la police, d'être à l'affût de la mouvance à laquelle on fait face. Par contre, on vient d'affaiblir un fief qui est rarement touché, celui du secteur de Ville LaSalle.»
Avec la collaboration de Guillaume Théroux pour Noovo Info et de l'information de La Presse canadienne.