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«Est-ce que ça va passer? Les gens sont vraiment nerveux.»
La ligne est droite, claire: la frontière entre le Canada et les États-Unis coupe net la péninsule de Tsawwassen. Du côté sud de la frontière, Point Roberts.
Ce village de 1200 habitants appartient à l’État de Washington, mais est enclavé entre la frontière avec la Colombie-Britannique et les eaux du détroit de Géorgie. Pour accéder au reste du territoire américain par voie terrestre, il faut absolument passer par le Canada – à la manière de l’Alaska.
En 1846, le traité de l’Oregon a désigné le 49e parallèle comme frontière entre le Canada et les États-Unis, ce qui a placé Point Roberts – un site idyllique, si on se fie à des résidents – du côté américain.
Jusqu’à maintenant, ce n’était plus ou moins qu’une anomalie, une attrape dans les quiz de férus d’histoire de l’Amérique du Nord. Les habitants vivaient avec les défis logistiques de leur situation géographique, mais profitaient des bruits de la nature et de nuits étoilées.
Aujourd’hui, les nuits de la communauté de ce bout isolé de péninsule sont un peu perturbées par la tension issue de la guerre commerciale déclenchée à 45 heures de route de chez eux par leur président, Donald Trump.
De la nervosité ambiante transpire dans des entrevues accordées à la chaîne CNN, particulièrement chez les commerçants locaux.
Forte de sa beauté naturelle, de sa faune sauvage et des paysages, Point Roberts attire des touristes canadiens amateurs de plein air. La guerre commerciale met son économie à risque, selon des résidents.
«À la base, c’est déjà difficile [de vivre à Point Roberts] parce qu’il n’y a pas vraiment d’activité économique hormis le tourisme et le magasinage transfrontalier – des Canadiens descendent pour acheter des choses comme de l’essence et faire l’épicerie», a dit la libraire Kristin Lomedico à CNN. «Avec les tarifs, tout semble maintenant incertain.»
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Mme Lomedico souligne également qu’étant donné la proximité des Canadiens, mais aussi les besoins locaux en électricité et en eau potable, il a toujours existé un sentiment de solidarité avec les voisins internationaux de Point Roberts.
C’est, selon elle, en train de changer.
«Au Jour du Canada, le 1er juillet, on met des décorations, avec des feuilles d’érable et des drapeaux du Canada; puis, le 4juillet (la fête nationale américaine, NDLR), des Canadiens viennent nous voir et la rue principale se remplit pour un défilé», témoigne Mme Lomedico.
Dernièrement, plusieurs touristes canadiens boycottent les destinations américaines, incluant Point Roberts.
«Nous avons reçu des lettres de fournisseurs qui nous disent que leurs prix montent pour les détaillants américains.»
«Nous avons aussi reçu des lettres de visiteurs réguliers qui nous disent: "On est désolé que vous soyez pris là-dedans, mais on ne peut plus traverser la frontière. C’est important que les Canadiens restent unis présentement."»
Mme Lomedico se demande combien de temps durera la guerre commerciale.
«Est-ce que ça va passer?» se demande-t-elle. «Les gens sont vraiment nerveux.»