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«Ça prend plusieurs années pour construire une fonderie.»
Même avec des droits de douane punitifs, les États-Unis ne peuvent tout simplement pas rapatrier la production d’aluminium réalisée au Québec, selon le patron d’Alcoa.
«Ça prend plusieurs années pour construire une fonderie», a souligné le président et chef de la direction de l’entreprise, William Oplinger, lors d’une conférence téléphonique avec les analystes financiers, mercredi après la fermeture des marchés.
«Il faudrait au moins cinq à six fonderies pour répondre à la demande, a-t-il enchaîné. Ces nouvelles fonderies nécessiteraient une production d’énergie additionnelle équivalente à sept réacteurs nucléaires ou 10 fois le barrage Hoover. Tant que la capacité de production n’est pas construite aux États-Unis, la façon la plus efficace de s’approvisionner est par le Canada.»
Même si les fonderies américaines produisaient au maximum de leur capacité, les États-Unis manqueraient toujours 3,6 millions de tonnes d’aluminium annuellement, a indiqué le dirigeant.
Depuis le 12 mars, l’administration Trump impose un droit de douane de 25 % sur l’aluminium, incluant celui du Canada. L’objectif est de rapatrier la production aux États-Unis.
Alcoa a tenté de convaincre l’administration Trump et les élus américains d'abandonner les droits de douane. «Le message est assez simple, a avancé M. Oplinger. Les États-Unis importent une grande partie de leur aluminium primaire et, pour soutenir les emplois de transformation en aval, nous devons avoir une production d’aluminium à un prix raisonnable en amont qui peut passer par le Canada, de préférence, mais aussi par d’autres pays.»
«Je dirais que les gens nous écoutent, a ajouté le dirigeant. Ils comprennent la situation. On verra où ça nous mène.»
Le dirigeant a aussi dit que des contacts ont eu lieu avec l’ancien premier ministre canadien, Justin Trudeau, et le premier ministre sortant, Mark Carney.
Les activités canadiennes de la société américaine Alcoa sont concentrées au Québec, où elle a trois usines.
Alcoa Canada affirme sur son site web qu’elle compte 2500 emplois directs au Québec et fait affaire avec 1000 fournisseurs locaux. Elle estime qu’elle génère 1,2 milliard $ en dépenses locales.
Près de 70 % de la production canadienne d’Alcoa est destinée au marché américain, a souligné M. Oplinger, au cours de la conférence téléphonique.
Le dirigeant a estimé que le coût annuel des droits de douane sur l’aluminium avoisinerait entre 400 millions $ US et 425 millions $ US.
Alcoa pourra toutefois compenser une partie de ces coûts grâce à la prime Midwest, une prime ajoutée au prix international pour tenir compte des coûts de production locale.
Avec cette prime, les droits de douane américains entraîneraient un effet négatif de 100 millions $ US sur les résultats de la société.