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International

Trump «comprend» qu'il y a des «négociations entre nations souveraines», dit Carney

Malgré la convivialité entre les deux élus, le premier ministre a réitéré que le Canada ne sera «jamais à vendre».

Reportage vidéo :

Texte :

Michel Saba et 
Émilie Bergeron / La Presse canadienne

Le président américain «comprend que nous avons des négociations entre nations souveraines», a soutenu le premier ministre canadien Mark Carney après s'être entretenu avec Donald Trump pendant plus de deux heures, mardi.

L'idée souvent répétée par M. Trump que le Canada devrait devenir le 51e État n'a pas jeté d'ombre sur cette rencontre, à en croire M. Carney, qui a parlé de discussions ayant permis de faire «des progrès».

EN BREF : 
- Trump dit qu'il «adorerait» conclure un nouvel accord commercial avec le Canada
- Le président américain a répété que ce serait «bien mieux» pour le Canada de devenir un État américain
-  Le Canada ne sera «jamais à vendre», dit Carney dans le Bureau ovale

«J'ai dit que ce n'est pas utile de répéter cette idée. Je lui ai dit à lui, mais le président, il va dire ce qu'il veut», a répondu le premier ministre canadien aux journalistes qui le pressaient de questions au cours d'un point de presse qui avait lieu avant qu'il ne quitte Washington.

Si M. Carney estime que la conversation de mardi a établi de bonnes bases pour la suite des choses, il a ajouté que les négociations sont «complexes» entre les deux alliés dont la relation est secouée par une guerre commerciale.

«Comme j’ai dit il y a quelques jours, je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait de la fumée blanche ici parce que ce sont des négociations très complexes. Il y a beaucoup d’aspects. (…) Nous avons eu des échanges très (approfondis), très tangibles», a-t-il résumé.

M. Carney a par ailleurs confirmé que le président américain entend être présent au sommet du G7, à Kananaskis, en Alberta, le mois prochain.

«Ne jamais dire jamais», dit Trump

Le premier ministre a tenu son point de presse seul, mais son arrivée au Bureau ovale en compagnie du locataire de la Maison-Blanche a pris des airs de mêlée de presse conjointe, l'exercice ayant duré plus d'une demi-heure.

M. Trump a accueilli M. Carney chaleureusement en vantant ses compétences même s'il a à nouveau plaidé son idée que le Canada devrait devenir le 51e État américain.

«Le Canada n'est pas à vendre et ne le sera jamais», a dit M. Carney, après qu'un journaliste a soulevé la question de l'annexion du Canada souhaitée par M. Trump.

 

Le premier ministre a fait appel à l'expérience de M. Trump dans le monde immobilier pour défendre la souveraineté du Canada. «Comme vous le savez de l'immobilier, il y a des places qui ne sont jamais à vendre», a-t-il déclaré.

M. Trump a répondu «c'est vrai», mais a plus tard ajouté qu'«il ne faut jamais dire jamais». Au même moment, M. Carney a mimé «jamais, jamais».

Or, de façon générale, le président américain a évité de s'étendre sur l'annexion du Canada. Il a indiqué que ce dossier ne ferait pas partie des points discutés durant la rencontre entre les deux hommes, la toute première depuis que M. Carney est premier ministre.

M. Trump a tout de même pris soin de signaler qu'il croyait toujours que ce serait bénéfique que le Canada soit annexé aux États-Unis. «Mais il faut être deux pour danser le tango», a-t-il dit.

Les deux hommes avaient d'abord échangé une poignée de main solennelle à l'arrivée à la Maison-Blanche de M. Carney, souriant devant les caméras.

Le président américain a passé beaucoup de temps lors de la portion publique de leur entretien à louanger M. Carney, le félicitant abondamment pour sa victoire électorale, il y a à peine une semaine. 

M. Trump a dit qu'il croit avoir «beaucoup de choses en commun» avec M. Carney. «Nous avons plusieurs éléments difficiles à aborder, mais ça ira», a-t-il soutenu au sujet de cette première rencontre depuis que M. Carney est premier ministre.

Quelques minutes avant la réunion des deux dirigeants, M. Trump a déclaré sur le réseau Truth Social qu'il avait hâte de rencontrer M. Carney avant de répéter ses doléances.

«Je veux vraiment travailler avec lui, mais je ne peux pas comprendre une simple VÉRITÉ - Pourquoi les États-Unis subventionnent le Canada par 200 milliards de dollars par année, en plus de leur donner une protection militaire GRATUITE et plusieurs autres choses?» a-t-il lancé, réitérant son affirmation trompeuse.

Il a également réaffirmé que, à son avis, les États-Unis n'ont besoin de rien du Canada, mentionnant le bois d'œuvre et l'énergie. 

La rencontre de mardi à Washington fait suite à deux appels téléphoniques entre les deux hommes.

Elle survient aussi en plein milieu d'une guerre tarifaire déclenchée par l'imposition de droits de douane américains. M. Trump a aussi irrité Ottawa en répétant à profusion l'idée que le Canada devrait devenir le 51e État américain.

M. Carney a fait son arrivée vers midi à la Maison-Blanche. Selon une liste fournie par le bureau de M. Carney, le premier ministre était accompagné, durant la rencontre avec M. Trump, de plusieurs ministres, de ses proches conseillers et de l'ambassadrice canadienne Kirsten Hillman.

M. Trump, de son côté, devait être accompagné de l'ambassadeur américain au Canada, Pete Hoekstra, du vice-président J. D. Vance et du secrétaire d'État Marco Rubio, entre autres.

Éviter les dérapages

Pour le directeur de l'Observatoire sur les États-Unis à la Chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM, Frédérick Gagnon, le principal défi de M. Carney, du moins sur le plan de la forme, était d'éviter «les dérapages» de son hôte particulièrement imprévisible.

En entrevue avec La Presse Canadienne, M. Gagnon a rappelé la visite du président ukrainien, il y a deux mois, qui avait tourné à la catastrophe après un échange acrimonieux où les deux hommes avaient levé le ton en argumentant devant les caméras du monde entier. Volodymyr Zelensky avait ensuite été invité à prendre la porte, et une conférence de presse conjointe avait été annulée.

Selon la ministre des Relations internationales du Québec, Martine Biron, «c'est une bonne première rencontre» qu'a eue M. Carney.

«Il était préparé, alors c'est le début de quelque chose», a dit celle qui s'est entretenue avec la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, sur la menace de M. Trump d'imposer des droits de douane sur les films produits à l'étranger.

Elle a assuré que Mme Joly est une «alliée» pour riposter sur ce front. «Je sais que ça doit faire partie des discussions en coulisses», a-t-elle ajouté.

Donald Trump a imposé des droits de douane à l'échelle de l'économie canadienne en mars, avant de les réduire partiellement quelques jours plus tard sur les importations conformes aux règles de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM). Le Canada a également été touché par des droits de douane sur l'acier, l'aluminium et l'automobile.

M. Carney, un ancien gouverneur des banques centrales du Canada et d'Angleterre, a passé l'essentiel de sa campagne électorale à plaider qu'il était la meilleure personne pour négocier avec M. Trump.

Reportage vidéo :

Texte :

Michel Saba et 
Émilie Bergeron / La Presse canadienne