Début du contenu principal.
Les manifestants réclament le désinvestissement des 14,2 milliards $ de la CDPQ dans 87 entreprises.
Organisée par le Collectif Désinvestir pour la Palestine, une manifestation s'est déroulée mercredi devant les bureaux de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) en lien avec les demandes du campement propalestinien au square Victoria, installé depuis la fin juin.
Les manifestants réclament le désinvestissement des 14,2 milliards $ de la CDPQ dans 87 entreprises qui seraient «complices de l'occupation israélienne». Ils veulent aussi que la CDPQ se dote d’un «processus transparent de contrôle pour garantir le respect des droits humains et du droit international».
Un rapport des Nations Unies (ONU) remis par l'experte indépendante Francesca Albanese avait conclu en mars 2024 «qu’il existe des motifs raisonnables de croire que le seuil indiquant que des actes de génocide» ont été commis «contre les Palestiniens à Gaza a été atteint». Cependant, aucun tribunal n’avait encore conclu à un crime de génocide à Gaza au moment d’écrire ces lignes.
Quant à la CDPQ, elle avait affirmé à Noovo Info qu'elle ne procédait à «aucun nouvel investissement dans une zone en guerre, et ce, jusqu'à nouvel ordre».
Dans une lettre transmise le 2 juillet 2024 à la CDPQ, plus de 44 organisations membres de la Coalition du Québec URGENCE Palestine et le Collectif Désinvestir pour la Palestine veulent que la CDPQ rende des comptes. Ils demandent également une rencontre «urgente» avec son président Charles Émond.
«Nous refusons que l’argent de nos retraites finance une occupation illégale et un génocide. Une réponse du président de la CDPQ, Charles Émond, est attendue incessamment», a fait savoir le collectif par communiqué.
Concernant les investissements soulevés par le collectif Désinvestir pour la Palestine, la CDPQ avait soutenu que les cas diffèrent et que ses investissements directs en Israël représentent moins de 0,1% de son portefeuille. «La CDPQ s’assure en tout temps de respecter ses obligations légales et les normes internationales dans toutes les juridictions où elle opère», avait souligné la CDPQ à Noovo Info par courriel. «La majorité des investissements concernent des multinationales et la CDPQ s'attend à ce qu'elles «respectent les plus hautes normes partout où elles opèrent».
Pour les investissements de 5 G$ investis dans WSP et Alstom, «Alstom nous a confirmé n'avoir aucune activité en cours au sein ou en relation avec les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens contestés et a formellement demandé d’être retirée de la liste des Nations Unies; et WSP détient un contrat hérité d’une acquisition qui vise à assurer le contrôle qualité d’un projet de transport», avait-on ajouté dans un courriel acheminé à Noovo Info.
D'ailleurs, Québec solidaire s'est joint aux voix des manifestants, en demandant à la CDPQ de retirer tous ses investissements liés à des «violations du droit international» et la fermeture du bureau du Québec à Tel-Aviv.
«La CDPQ, notre bas de laine collectif, doit retirer tous ses investissements des entreprises impliquées dans la colonisation illégale des territoires palestiniens occupés, le régime d'apartheid en Israël-Palestine, le génocide en cours à Gaza, et toute autre violation du droit international», a affirmé le député solidaire Haroun Bouazzi par communiqué. «Le collectif insiste également sur la nécessité de mettre en œuvre un processus transparent pour s’assurer de l’absence d’investissements liés à des violations du droit international et la fermeture du Bureau du Québec en Israël.»
«L'ouverture du bureau du Québec à Tel-Aviv va à l'encontre des valeurs de solidarité et de paix du Québec, c'est pourquoi nous demandons, une fois de plus, au gouvernement de fermer ce bureau jusqu'à ce qu'Israël respecte le droit international», a déclaré de son côté Guillaume Cliche-Rivard, responsable de Québec solidaire en matière de Relations internationales par communiqué.
Avant la manifestation, une conférence de presse a eu lieu en fin de matinée par les organisateurs. Les manifestants ont réitéré leurs demandes publiquement et soutenu que leur campement au square Victoria s'inspire de ceux installés sur les campus universitaires au Canada et aux États-Unis.
D'ailleurs, des graffitis de plusieurs couleurs ont été constatés mercredi matin par le SPVM sur la façade de la CDPQ. L'événement a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi. Les individus ont pris la fuite à pied sur la rue Saint-Antoine-Ouest, selon le corps policier. L'enquête suit son cours et aucune arrestation a été faite pour le moment.
La situation a également fait réagir le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel. «Je suis surpris de ne pas entendre davantage la Ville de Montréal sur l’enjeu des campements. De notre côté, nous avons fait connaître clairement notre position dès le début. Nous commençons à voir les conséquences de cette approche passive. On s’attend à ce que tous les leaders politiques dénoncent les débordements et les actions d’occupation du territoire public», a-t-il écrit sur X.
Dans la soirée du 24 juin, des manifestants du secteur avaient tenté de démolir la statue de la reine Victoria à Montréal. Le SPVM était intervenu pour les en empêcher, mais il n'y a eu aucune tentative de démanteler le campement.
Avec les informations de Marie-Michelle Lauzon et de Marie-Pier Boucher pour Noovo Info