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Les nouvelles poursuites civiles contre l’ancien magnat de l’humour québécois, intentées pour agressions sexuelles, totalisent 4,5 millions $ et l’une d’elles a été déposée par une femme qui était sa belle-sœur au moment des faits allégués, Martine Roy.
Gilbert Rozon est la cible de trois nouvelles poursuites pour agression sexuelle.
D'après les documents déposés au palais de justice de Montréal et obtenus par Noovo Info, les nouvelles poursuites civiles contre l’ancien magnat de l’humour québécois totalisent 4,5 millions $. L’une d’elles a été déposée par une femme qui était sa belle-sœur au moment des faits allégués, Martine Roy.
Voyez le récapitulatif d'Étienne Fortin-Gauthier au bulletin Noovo Le Fil 17.
Les plaintes déposées auprès de la Cour supérieure rapportent des événements étalés sur des décennies.. Outre Martine Roy, qui dit avoir été violée par Rozon quand elle travaillait au Musée Juste pour rire, Marylena Sicari allègue avoir été agressée et harcelée de 1988 à 2004 quand elle était employée. Une autre femme, Guylaine Courcelles, affirme avoir été agressée en 1987 quand elle travaillait pour le Festival Juste pour rire.
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Martine Roy est la sœur de Danielle Roy, ancienne épouse de Gilbert Rozon. Elle allègue avoir été agressée deux fois, dans les années 1990. Il lui aurait pris un bras et tenté de l’embrasser dans un hôtel de Québec en 1993.
Elle rapporte aussi un viol survenu ultérieurement, après lequel elle aurait passé des tests de dépistage d’ITSS parce que Gilbert Rozon ne s’était pas protégé. Il aurait verrouilé la porte d'une loge derrière elle et lui. «Tout se passe très vite. [Rozon] se retourne vers [elle] et, sans se soucier de son envie ou de son contentement, connaissant de surcroît son homosexualité, il a retourne pour qu'elle soit dos à lui. [Il] baisse alors [ses] culottes. Elle retourne sa tête et voit son pénis», relate-t-on du côté des avocats des présumées victimes, Me Bruce We. Johnston et Me Anne-Julie Asselin. C'est là qu'a lieu le viol.
Selon la documentation soumise à la cour, «Gilbert Rozon [l'a] brutalement violée» et elle «subit les séquelles de ces agressions qui ont profondément altéré le cours de sa vie».
Employée en comptabilité de l’ex-producteur pendant plus de 15 ans, Marylena Sicari affirme avoir été agressée sexuellement et harcelée à «d’innombrables reprises», incluant une humiliation sexuelle devant des dizaines de personnes. Son départ de l’emploi a mis fin aux agressions, selon la plainte.
Gilbert Rozon aurait appelé Mme Sicari à répétition pour lui faire des avances, si bien qu'elle a fini par changer de numéro de téléphone. Il aurait fallu une communication avec la soeur de Rozon, Lucie, pour que ces appels cessent. Par la suite, Rozon aurait commencé à «frotter son corps» sur elle lors de rencontres sur les lieux de travail et aurait procédé à des attouchements en feignant des accidents, à répétition sur une période de huit ans.
Il l'aurait aussi embrassée de force en 1997, enfonçant «sa langue avec violence dans sa bouche». En 1998, Rozon aurait agrippé de force une main de Mme Sicari pour la mettre sur son pénis. Ce ne sont là que quelques événements rapportés par la présumée victime. Elle n'aura eu le courage de dénoncer Gilbert Rozon en 2017, compte tenu de sa «puissance» dans les sphères artistique, politique et sociale.
En 1987, Gilbert Rozon aurait invité Guylaine Courcelles, une adjointe du Festival Juste pour rire, à discuter de sa carrière. Il aurait alors élaboré un stratagème pour la retenir chez lui. Il avait fini par se masturber et éjaculer dans son dos.
Mme Courcelles avait 22 ans à l'époque. Selon sa plainte, Gilbert Rozon l'aurait invitée à prendre un apéro à l'extérieur du bureau, avant de prétexter un «problème électrique» chez lui, où il désirait arrêter. Il dit alors «qu'ils n'ont pas besoin d'aller ailleurs, qu'ils peuvent rester chez lui pour jaser [...] et qu'il ira la reconduire chez elle» par la suite. Avant même la rencontre, Mme Courcelles était «mal à l'aise et intimidée à l'idée de se retrouver seule» avec lui; son inconfort s'est accentué au moment de rester avec l'homme qui était plus âgé qu'elle à l'époque, et très influent.
Au lieu de la reconduire chez elle, Rozon aurait insisté pour la garder à coucher dans une chambre d'invités et offert de l'amener au bureau le lendemain. Seule dans la chambre, «elle se couche, convaincue que la soirée est terminée», rapporte le document, mais Rozon serait par la suite venu la rejoindre et aurait commis des gestes qui ont fait ressentir à Mme Courcelles «un dégoût profond».
«La demanderesse le repousse à deux mains, de toutes ses forces, en lui disant "non" à plusieurs reprises. Elle exprime clairement qu’elle ne veut rien savoir d’une relation sexuelle avec lui, mais il ne prend pas sa réaction au sérieux, lui disant plutôt de relaxer. Il insiste, essaie de la prendre et de se coller à elle. La demanderesse est dégoûtée et apeurée. Sentant que son refus clair n’est pas écouté par le défendeur, elle se retourne pour être dos à lui et qu’il ne puisse ni la prendre ni l’embrasser. Constatant qu’il n’arriverait pas à ses fins, le défendeur se colle sur elle, se masturbe dans son dos et éjacule. La demanderesse est en état de choc et elle ressent un dégoût profond. Le défendeur s’endort dans le lit à côté de la demanderesse.» - Extrait de la plainte de Guylaine Courcelles
La saga judiciaire impliquant Rozon remonte à 2017, quand il avait dû quitter ses fonctions de patron de Juste pour rire en raison d’allégations d’agressions sexuelles, rendues publiques dans la foulée du mouvement #MoiAussi. Le Devoir avait publié les témoignages de nombreuses femmes harcelées ou agressées, incluant l’animatrice Pénélope McQuade et la réalisatrice Lyne Charlebois.
Depuis, Rozon a fait l’objet de nombreuses poursuites totalisant plusieurs millions de dollars en lien avec différentes plaintes pour harcèlement et agressions sexuelles. Avec ces trois nouvelles actions civiles, il a été la cible d’un total de neuf poursuites et plus de 13 millions $ lui ont été réclamés. Dans tous les cas, le fondateur de Juste pour rire a nié les faits. Il poursuit d’ailleurs la comédienne Patricia Tulasne pour 150 000 $ pour atteinte à sa réputation — la comédienne était à la tête de l’action collective du groupe des Courageuses en 2018. Tulasne lui réclame individuellement 1,6 million $ au civil.
Rozon a été acquitté d’accusations de viol et d’attentat à la pudeur au criminel à l’endroit d’Annick Charrette en décembre 2020. Les événements relatés par la plaignante remontaient au tournant des années 1970 et 1980. Mme Charrette, qui travaillait dans une station de radio au moment des faits allégués, a suivi avec une poursuite au civil à hauteur de 1,3 million $ à l’été 2021.
Avec l'information de Marie-Christine Bergeron pour Noovo Info