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Le torchon brûle entre Québec et Ottawa concernant notamment l'immigration temporaire et la réunification familiale.
Les premiers ministres François Legault et Justin Trudeau se rencontreront le 15 mars, vraisemblablement pour discuter d'immigration.
C'est le cabinet du premier ministre à Québec qui a confirmé la rencontre mardi.
Voyez le reportage de Simon Bourassa sur ce sujet dans la vidéo.
Le bureau de M. Legault dit ne «pas être en mesure de confirmer les sujets» qui seront abordés au cours de l'entretien, mais une autre source proche du dossier a confirmé qu'il sera question d'immigration.
Le torchon brûle entre Québec et Ottawa concernant notamment l'immigration temporaire et la réunification familiale. L'immigration est une compétence partagée: la liste de griefs est longue et l'enjeu est devenu une guerre de chiffres.
Le gouvernement Legault affirme que la capacité d'accueil du Québec est dépassée et qu'on n'arrive plus à fournir les services publics aux nouveaux arrivants, que ce soit en matière de francisation ou de scolarisation, outre la crise du logement.
Lundi, le ministre fédéral de l'Immigration, Marc Miller, a fait savoir qu'il a donné instruction à ses fonctionnaires de traiter sur trois ans 20 500 dossiers en attente en matière de réunification familiale, alors que le Québec plafonne ce type d'immigration à 10 000 admissions par an.
Selon le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, Ottawa bafoue ainsi le Québec et met en tutelle le ministère québécois de l'Immigration.
Le Québec a ainsi «littéralement perdu le contrôle sur l'immigration temporaire qui arrive sur son territoire» et qui est du ressort d'Ottawa, a-t-il dénoncé: en 2015, au début du mandat de Justin Trudeau, il y avait 86 000 immigrants temporaires sur le territoire québécois et on atteint maintenant 528 000.
Devant le rapport de forces défavorable du Québec, le leader souverainiste demande à M. Legault d'aller au bout de l'idée qu'il avait lancée en campagne électorale en 2022, soit d'organiser un référendum sectoriel, au cours duquel il serait demandé aux citoyens s'ils sont favorables au rapatriement par le Québec de tous les pouvoirs en matière d'immigration.
Il a même esquissé la question qui devrait être posée aux citoyens.
«Croyez-vous que le Québec devrait décider lui-même en ce qui a trait à la planification de l'immigration au Québec?» a-t-il formulé.
Selon lui, la victoire d'un Oui à un référendum sectoriel comporterait «une obligation de négocier de bonne foi du côté fédéral et va donner un poids politique au Québec».
François Legault avait affirmé en campagne électorale en 2022 qu'il serait «suicidaire» pour l'avenir du français au Québec d'accueillir plus de 50 000 immigrants permanents par an, dès 2023.
Or pendant ce temps, le nombre d'immigrants temporaires sur le territoire québécois est passé de 361 000 à 528 000 entre la fin de 2022 et la fin de 2023, une augmentation de 46 %.
La catégorie de l'immigration temporaire comprend les étudiants étrangers, travailleurs étrangers temporaires, demandeurs d’asile, ainsi que leurs conjoints et enfants.
En vertu d'un accord Canada-Québec signé en 1991, le Québec contrôle le volume d’entrée de ses futurs résidents permanents, les immigrants économiques, ainsi que leur intégration et francisation. L'immigration économique a représenté 66 % de l'immigration permanente en 2022.
Le fédéral s'occupe des réfugiés, de la réunification familiale et des enjeux liés à la citoyenneté.
Le Québec peut recevoir un pourcentage du total des immigrants arrivant au Canada qui équivaut à la proportion de sa population au sein de la fédération. À l'heure actuelle, le poids démographique du Québec est d'environ 22,3 % de la population canadienne.
M. Trudeau avait déjà dit que le Québec avait la «pleine capacité» d'accueillir 112 000 immigrants par an, donc un peu plus de 22 % de la cible de 500 000 immigrants permanents que son gouvernement veut accueillir par an d'ici à 2025.
M. Legault a déjà émis le souhait que le Québec accueille une immigration à 100 % francophone d'ici à 2026.
Actuellement, la proportion se situe plutôt autour de 60 %. La ministre de l'Immigration, Christine Fréchette, a nuancé la cible pour parler d'immigration francophone ou francotrope, donc formée de gens dont la langue serait compatible avec la langue française.
Selon la planification pluriannuelle du gouvernement, le Québec pourrait atteindre 96 % d'immigrants économiques connaissant le français en 2026-2027. On était à 88 % en 2022.
On indique également que ce pourcentage passerait à 77 % ou 79 % (en fonction de l'option choisie), pour l'ensemble des catégories d'immigrants en 2027.