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Politique

Les chefs fédéraux défendent leurs idées lors d'un premier rendez-vous télévisé

À tour de rôle, ils se sont entretenus avec Anne-Marie Dussault, Céline Galipeau et Sébastien Bovet.

Cette image composite montre, de gauche à droite, le chef libéral Mark Carney, le 21 mars 2025; le chef conservateur Pierre Poilievre, le 4 mars 2025; le chef du NPD, Jagmeet Singh, le 22 janvier 2025; le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, le 5 mars 2025; le cochef du Parti vert Jonathan Pedneault, le 5 mars 2025, à Ottawa.
Cette image composite montre, de gauche à droite, le chef libéral Mark Carney, le 21 mars 2025; le chef conservateur Pierre Poilievre, le 4 mars 2025; le chef du NPD, Jagmeet Singh, le 22 janvier 2025; le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, le 5 mars 2025; le cochef du Parti vert Jonathan Pedneault, le 5 mars 2025, à Ottawa.
Frédéric Lacroix-Couture
Frédéric Lacroix-Couture / La Presse canadienne

Les idées et les positions des chefs des cinq principaux partis politiques représentés actuellement aux Communes ont été mises à l'épreuve, jeudi soir, face aux questions de trois journalistes de Radio-Canada à l'émission spéciale Cinq chefs, une élection.

À tour de rôle, ils se sont entretenus avec Anne-Marie Dussault, Céline Galipeau et Sébastien Bovet, qui les ont interrogés sur différents enjeux. 

Le premier à s'être prêté à l'exercice est le chef du Parti libéral du Canada (PLC), Mark Carney. D'entrée de jeu, la discussion a porté sur la guerre commerciale avec les États-Unis et de ses conséquences.  

M. Carney a réitéré que son gouvernement continuerait de lutter contre les droits de douane imposés par l'administration américaine. Il n'écarte pas la possibilité d'adopter d'autres mesures de rétorsion pour riposter aux Américains.  

«Nous avons plusieurs cartes dans notre jeu. Il y a la possibilité d'autres contre-tarifs. Mais à ce moment-ci, le président (Donald Trump), il planifie d'avoir d'autres tarifs sur le bois, sur les produits pharmaceutiques, les semi-conducteurs et le cuivre. Il faut utiliser nos cartes au moment approprié», a-t-il dit. 

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Interrogé à savoir ce qu'il pourrait sacrifier dans d'éventuelles négociations avec le président américain Donald Trump, M. Carney a répondu: «ce n'est pas une question de sacrifices, nous avons des atouts ici au Canada», citant les minéraux critiques qui peuvent être exportés vers des marchés autres que les États-Unis. 

Questionné sur le fait qu’il refuse de dévoiler volontairement ses actifs avant la date du scrutin, le chef libéral a assuré respecter les règles. Ses avoirs se retrouvent présentement dans une fiducie sans droit de regard. 

«J'ai de l'argent et de l'immobilier privé, c'est-à-dire une maison, un chalet, et tous les autres actifs sont dans cette fiducie», a-t-il détaillé. 

Le Québec, «une société distincte»

M. Carney a été questionné sur ce que représente pour lui le Québec au sein du Canada et sur la notion de nation québécoise. 

«Oui, c'est une nation et c'est une société distincte. C'est une société incroyable», a-t-il soutenu.  

Troisième invité de la soirée, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a reproché à M. Carney l'usage du terme «société distincte», «une affirmation nationale avec une béquille», selon lui. 

«Il n' y a plus personne qui parle de société distincte. La dernière personne qui l'a dit, c'est Shachi Kurl (modératrice et présidente de l'Institut Angus Reid) au débat en anglais en 2021. (...) Le Bloc a réussi à obliger le Parlement fédéral à adopter une motion établissant que le Québec est une nation sans autre condition», a affirmé M. Blanchet. 

Toujours concernant le Québec, le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre, a dû expliquer son opposition au principe de la loi 21 sur la laïcité de l'État. 

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«J'accepte l'idée de laïcité que l'État ne devrait pas être impliqué dans la religion. Je crois en même temps (...) que les gens ne devraient pas avoir un État qui leur force de porter ou de ne pas porter quelque chose», même pour les personnes en autorité, comme les policiers, a indiqué M. Poilievre, en direct d'un studio de télé en Ontario.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a souligné être en accord, «dans un rare moment», avec la réponse du dirigeant conservateur sur ce dossier.  

«J'ai dit la même chose. Je crois profondément dans la séparation entre la religion et l'État. Mais (..) je pense qu'on doit avoir une protection pour que personne n'impose pas une religion à quelqu'un d'autre. La loi est discriminatoire», a soutenu le néo-démocrate.

Dans l'éventualité d'un gouvernement formé par son parti, M. Singh a dit être prêt à participer à une contestation judiciaire de la loi 21. Dans le cas de la loi 96 sur le français, il exclut cependant la possibilité de prendre part à une éventuelle contestation judiciaire à la Cour suprême du Canada. 

Projets d'oléoduc

Le chef conservateur a reproché au gouvernement libéral des dix dernières années d'avoir affaibli l'économie canadienne et de bloquer des projets d'oléoduc. 

M. Poilievre a soutenu que, si son parti remporte les élections, il abrogerait la loi C-69 sur l'évaluation d'impact, afin d'accélérer les projets de transport d'énergies fossiles. Selon lui, cette législation empêche des projets de gazoduc, comme GNL-Québec, de sortir de terre. 

«Ça prend une dizaine d'années pour avoir un permis», a-t-il avancé. 

Le chef conservateur suggère de créer «des zones prêtes à bâtir où on peut avoir des permis préapprouvés (...) et ça peut aider à créer GNL-Québec au Saguenay, un projet qui va nous permettre de contourner les Américains et envoyer notre énergie en Europe».

 

M. Blanchet demeure opposé au retour de projets liés au transport de gaz naturel ou de pétrole provenant de l’Ouest du pays et traversant le Québec, et ce, même si les Québécois y semblent davantage favorables dans le contexte économique actuel. 

À son avis, la province aurait davantage intérêt à investir son argent dans les énergies propres «créatrices d'emplois, porteurs d'avenir au Québec, avec de la transformation de nos ressources naturelles pour ouvrir de nouveaux marchés dans le sens des intérêts du Québec». 

Le cochef du Parti vert du Canada, Jonathan Pedneault, a abondé dans le même sens. 

«C'est l'économie du futur. Ce n'est certainement pas des pipelines qui prennent des années, des décennies à construire et coûtent des dizaines de milliards de dollars qui vont enrichir les Canadiens», a-t-il évoqué. 

M. Pedneault a prôné de cesser de subventionner les industries pétrolières et de leur imposer un cap de production. 

Baisses d'impôt

Le dirigeant vert s'est par ailleurs défendu que la baisse d'impôt proposée par son parti pourrait priver de plusieurs de dizaines de milliards de dollars les coffres de l'État fédéral. Il souhaite augmenter le taux d'imposition des entreprises canadiennes à 21 % pour aller chercher de nouveaux revenus. 

Le chef du NPD, qui propose aussi une baisse d'impôt, a dit vouloir couper dans l'embauche de consultants privés au sein de l'appareil gouvernemental afin de générer des économies. 

Interrogé à savoir si cela aurait pour effet de grossir la fonction publique, M. Singh soutient que les fonctionnaires actuels «sont prêts à faire ce travail». Il estime qu'il n'y a pas trop d'employés travaillant pour l'État et que le moment n'est pas propice à supprimer des emplois. 

Pour sa part, le chef libéral n'a pas voulu dire quelle «dépense inutile» il réduirait afin de financer notamment sa promesse de baisse d'impôt. M. Carney a réitéré vouloir réduire la croissance des dépenses et augmenter la productivité. 

Ce rendez-vous télévisé se passe au 12e jour de la campagne, environ deux semaines avant les débats des chefs.

Frédéric Lacroix-Couture
Frédéric Lacroix-Couture / La Presse canadienne