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Politique

Les conservateurs promettent de s'attaquer à la fraude fiscale

Ils affirment qu'ils créeraient un site web pour «exposer publiquement» les multinationales fortunées qui échappent à l'impôt.

Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, prend la parole à un rassemblement lors d'un arrêt de campagne à Edmonton, le lundi 7 avril 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jason Franson
Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, prend la parole à un rassemblement lors d'un arrêt de campagne à Edmonton, le lundi 7 avril 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jason Franson
Sarah Ritchie
Sarah Ritchie / La Presse canadienne

Les conservateurs affirment que s'ils forment le prochain gouvernement, ils s'attaqueront aux échappatoires fiscales à l'étranger en créant un groupe de travail sur la fiscalité locale, un argument politique que le chef Pierre Poilievre a utilisé pour attaquer son adversaire libéral. 

Mais le chef conservateur semblait presque aussi désireux de parler de l'ampleur de la foule lors de son rassemblement à Edmonton lundi soir.

Lors d'un événement médiatique dans la ville mardi, Laura Stone du Globe and Mail a demandé à M. Poilievre si les messages qu'il transmet à ces foules enthousiastes de partisans plaisaient aux électeurs indécis ou aux partisans libéraux.

Avant de répondre, le conservateur a demandé à quand remontait la dernière fois un rassemblement politique d'une telle ampleur au Canada, le décrivant comme «magique».

Selon le parti, 10 000 personnes s'étaient inscrites à l'événement, juste à l'extérieur d'Edmonton, où l'ancien premier ministre Stephen Harper a chaleureusement appuyé Pierre Poilievre.

Fred DeLorey, président de North Star Public Affairs et directeur de campagne nationale des conservateurs pour l'élection de 2021, a souligné que parler de la taille de la foule «étouffe le message important».

«Pour que leur campagne soit un succès, ils doivent être rigoureux dans leur message, a-t-il affirmé. Ils doivent se concentrer sur les raisons pour lesquelles ils sont les mieux placés pour diriger le Canada.»

La conférence de presse de mardi marque la deuxième occasion où M. Poilievre a interrogé un journaliste sur la taille de ses rassemblements. Il avait fait de même à Kingston, en Ontario, le 3 avril, lorsqu'il avait demandé à un journaliste au micro ce qu'il pensait du rassemblement de la veille et combien de personnes il estimait y avoir vu.

Plus tard dans la journée de mardi, Pierre Poilievre a tenu un autre rassemblement où il a rempli une salle à Sault Ste Marie, en Ontario, avec des centaines de partisans.

Parmi la foule se trouvait le retraité Errol Caldwell, qui a raconté avoir «hésité» entre les libéraux et les conservateurs lors de cette élection, mais qui a été «vraiment impressionné» par la présentation de M. Poilievre.

«C'était très fluide, très bien pensé, et il n'y avait aucune hésitation. Cela a vraiment enthousiasmé la foule», a indiqué M. Caldwell, ajoutant qu'il n'avait jamais vu une foule pareille en 42 ans de vie à Sault Ste Marie.

Le rassemblement du conservateur de mardi soir s'est tenu à quelques pas de la frontière canado-américaine.

Arborant un chapeau «Le Canada n'est pas à vendre», M. Caldwell a souligné que l'élection ne concernait pas Donald Trump pour lui, mais que le président américain avait montré au Canada qu'il devait réapprendre à être indépendant.

«Nous devons reconstruire ce pays. Nous devons compter sur nous-mêmes», a-t-il déclaré.

M. DeLorey croit que le chef conservateur semblait avoir trouvé le moyen de parler du président américain Donald Trump et de ses droits de douane en milieu de semaine dernière.

«Pendant un certain temps, ils ont complètement oublié Donald Trump et les droits de douane, ainsi que cet aspect du discours. Ils ne savaient clairement pas comment gérer cela. Mais ils se sont adaptés, je dirais, et ils réalisent maintenant qu'ils peuvent y intégrer leur message», a-t-il avancé.

La tribune où Pierre Poilievre prononce son discours quotidien arbore désormais une pancarte avec une feuille d'érable rouge sur fond bleu, au lieu des slogans utilisés par le parti plus tôt dans la campagne.

Le système fiscal sous la loupe

La troisième semaine des élections fédérales a jusqu'à présent été moins axée sur la Maison-Blanche. Les droits de douane du président Trump avaient dominé les discussions pendant plusieurs jours au cours des deux premières semaines.

Lors d'une conférence de presse à Edmonton, mardi matin, M. Poilievre a annoncé que s'il devient premier ministre, il mettra «fin au système fiscal à deux vitesses des libéraux, qui a profité à Mark Carney et aux autres élites mondiales».

Dans un communiqué de presse envoyé en amont de la conférence, le parti affirme que ce groupe de travail rendrait les règles plus justes et plus simples et garantirait que les grandes entreprises ne puissent pas «cacher leur argent dans des paradis fiscaux à l'étranger pour éviter de payer leur juste part ici au Canada».

Les conservateurs affirment qu'ils créeraient un site web pour «exposer publiquement» les multinationales fortunées qui échappent à l'impôt.

Ils affirment que cette liste inclut Brookfield, l'entreprise que le chef libéral Mark Carney présidait avant de prendre la direction du parti.

Radio-Canada a rapporté que M. Carney dirigeait des fonds d'investissement verts d'une valeur de 25 milliards de dollars, dont le siège social se trouvait aux Bermudes, un pays considéré comme un paradis fiscal mondial.

M. Poilievre s'en est pris directement à M. Carney lors de sa conférence de presse.

«Il a conseillé à Justin Trudeau d'augmenter les taxes ici au Canada en même temps qu'il cachait ses investissements dans un paradis fiscal aux Bermudes. Ils profitent, ils deviennent plus riches en rendant les Canadiens plus pauvres, a pointé le chef conservateur. C'est exactement le contraire de ce qu'on veut d'un premier ministre.»

Les conservateurs affirment également qu’ils prévoient demander à l’Agence du revenu du Canada de réaffecter son personnel à la lutte contre les paradis fiscaux, plutôt qu’à la vérification des petites entreprises et des organismes de bienfaisance. Ils réclament également l’élargissement du programme de dénonciation de l'inobservation fiscale à l'étranger afin d’offrir aux lanceurs d’alerte jusqu’à 20 % des sommes récupérées «lorsqu'ils contribuent à dénoncer des stratagèmes fiscaux frauduleux».

M. Carney a plaidé que les fonds d’investissement avaient été structurés de manière à éviter d’avoir à payer plusieurs fois des impôts et a souligné que les bénéficiaires comprenaient des retraités canadiens.

S’adressant aux journalistes à Montréal la semaine dernière, le chef libéral a déclaré que les arrangements de Brookfield «respectent les règles, y compris les règles fiscales, de ce pays et d’autres pays».

«La structure a été conçue pour que les caisses de retraite canadiennes puissent tirer le meilleur parti possible de leurs retraités», a-t-il déclaré, ajoutant que s'assurer que les entreprises paient leur juste part d'impôt au Canada serait «absolument» une priorité pour un gouvernement libéral réélu.

L'annonce de Pierre Poilievre fait suite à un engagement similaire pris par les néo-démocrates la semaine dernière.

Le chef Jagmeet Singh a affirmé que le Nouveau Parti démocratique (NPD) obligerait les entreprises à fournir une «raison commerciale valable» pour justifier la détention de comptes à l'étranger.

Le NPD mettrait également fin aux accords fiscaux avec des pays comme les Bermudes, réviserait le code des impôts afin de trouver et de supprimer les échappatoires fiscales des sociétés et publierait des rapports financiers pays par pays.

Le Canada perd 39 milliards $ par an en impôts sur les sociétés impayés, selon le NPD, et M. Singh a affirmé que Brookfield avait évité 5,3 milliards $ d'impôts canadiens entre 2021 et 2024.

Il retournera en Ontario plus tard mardi pour un rassemblement à Sault-Sainte-Marie.

Avec des informations de Fakiha Baig, à Edmonton, et de Jim Bronskill, à Ottawa.

Sarah Ritchie
Sarah Ritchie / La Presse canadienne