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Politique

Le Canada impose des droits de douane de 25 % sur les véhicules importés des É.-U.

La riposte canadienne à Donald Trump ne s'est pas fait attendre.

Émilie Bergeron et 
Helen Moka / La Presse canadienne

Ottawa riposte aux droits de douane américains de 25 % visant le secteur de l'automobile en signalant son intention de frapper les États-Unis d'une surtaxe équivalente.

«Contrairement aux tarifs américains», le Canada a décidé d'exempter les pièces d'automobile qui traversent la frontière canado-américaine à plusieurs reprises durant les multiples étapes de la fabrication d'un véhicule, a fait savoir jeudi le premier ministre sortant, Mark Carney, au cours d'un point de presse à Ottawa.

«Nos droits de douane n’affecteront pas les pièces d’automobiles, car nous connaissons les avantages de notre système de production intégré», a-t-il dit.

La mesure touchera seulement les véhicules importés des États-Unis qui ne sont pas conformes à l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), a-t-il précisé, ajoutant que le Mexique est aussi entièrement exclu par les droits de douane canadiens.

Le bureau du premier ministre n'est pas parvenu à spécifier à quelle date la surtaxe canadienne de 25 % entrerait en vigueur, se limitant à indiquer à La Presse Canadienne que cela surviendrait «au cours des prochains jours».

La riposte annoncée jeudi s'ajoutera à d'autres mesures de rétorsion déjà prises par le Canada avant que M. Carney ne succède à Justin Trudeau en tant que premier ministre. Ces dernières touchent environ 60 milliards $ de biens américains.

L'actuel premier ministre, qui tente de se faire élire au terme de la campagne électorale en cours, s'est par ailleurs accordé le crédit pour la décision du président américain, Donald Trump, d'épargner le Canada de droits de douane qualifiés de «réciproques» et qui visent 185 États. Questionné sur les répercussions de son récent appel avec le locataire de la Maison-Blanche, M. Carney a fait valoir que l'aspect «constructif» de cette conversation s'est reflété.

«Nous avons fait du progrès. (...). On peut le voir avec le résultat par rapport aux tarifs réciproques. Nous avons eu le meilleur accord d'une série de mauvais accords», a déclaré le chef libéral qui a, de nouveau, mis sur pause sa tournée électorale pour tenir des rencontres en tant que premier ministre.

Il a d'ailleurs procédé à son annonce après s'être entretenu virtuellement avec ses homologues des provinces et territoires.

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Si le Canada ne se retrouve pas sur la liste de pays visés par les «tarifs réciproques» du président Trump, comme la Chine (34 %), l'Union européenne (20 %), le Royaume-Uni (10 %) et même l'Ukraine (10 %) et Haïti (10 %), le premier ministre Carney a soutenu que les actions du locataire de la Maison-Blanche auront «des impacts sur des millions de Canadiens à travers le pays».

À son avis, M. Trump ne fera pas marche arrière de sitôt, tant en ce qui concerne les droits de douane «réciproques» que ceux sur les automobiles, l'acier et l'aluminium.

«Bien que leur politique fera mal aux familles américaines, tant et aussi longtemps que cette souffrance ne deviendra pas impossible à ignorer, je ne pense pas qu'ils vont changer de direction. Alors, la route pour se rendre là pourrait être longue», a dit M. Carney.

Il a réitéré son intention, s'il remporte l'élection fédérale, d'utiliser chaque dollar perçu avec les mesures de riposte canadiennes pour des programmes d'aide aux travailleurs directement touchés par la guerre commerciale.

Dans le cas de l'automobile, M. Carney estime que cette enveloppe pourrait atteindre 8 milliards $.

Le président de l'organisation Constructeurs mondiaux d'automobiles du Canada (CMAC), David Adams, a déclaré par communiqué que «la menace de tarifs douaniers et de perturbations de la chaîne d'approvisionnement pendant une transition mondiale historique vers l'électrification crée une incertitude importante».

Ainsi, CMAC demande au gouvernement fédéral de suspendre les exigences en matière de vente de véhicules zéro émission (VZE). «Le gouvernement ne peut obliger les constructeurs automobiles à vendre des VZE alors que nous sommes confrontés à des perturbations aussi importantes du commerce mondial et des chaînes d’approvisionnement» peut-on lire.

Le premier ministre du Québec, François Legault, a pour sa part laissé entendre qu'il était satisfait de la riposte «très ciblée» annoncée par M. Carney. «Il y avait certaines personnes qui souhaitaient qu'on ait des représailles dollar pour dollar. On n'est pas dans du dollar par dollar. Je pense que c'est une bonne chose», a-t-il dit depuis Montréal quelques heures après s'être entretenu avec ses vis-à-vis provinciaux ainsi que M. Carney. 

Le premier ministre fédéral, s'il a multiplié les rencontres au cours des dernières semaines, n'a pas tenu de réunion conjointe avec les autres chefs de parti.

Justin Trudeau s'était quant à lui assis en leur compagnie dans le but de montrer que la réponse canadienne aux salves tarifaires de M. Trump échappe à la partisanerie.

Questionné à ce sujet jeudi, l'actuel premier ministre a répondu que «les autres chefs de parti sont avisés de notre réponse».

Le Bloc québécois n'a pas tardé à déclarer que «Mark Carney a clairement menti». «Il n'a pas tenu informés les autres chefs de parti», a affirmé Joanie Riopel, porte-parole de la formation politique, dans une déclaration écrite.

Émilie Bergeron et 
Helen Moka / La Presse canadienne