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Est-ce la fin du monde pour les investisseurs? Non.
Les places boursières mondiales vacillent, les écrans virent au rouge, et les investisseurs les plus nerveux parlent déjà d’un «lundi noir» ou d’un «mardi noir». En cause: une décision unilatérale du président américain Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers allant de 10 à 49 % sur les exportations provenant de plus de 180 pays.
Une escalade protectionniste qui fait craindre un ralentissement global, voire une récession. À Hong Kong, l’indice Hang Seng a plongé de plus de 13 % dans sa séance de lundi. À New York, le S&P 500 est officiellement entré en territoire de correction.
Est-ce un krach boursier? Oui. Le terme s’applique déjà à certains marchés. Est-ce la fin du monde pour les investisseurs? Non. À condition de garder son sang-froid et de s’inspirer des leçons du passé.
L’histoire financière est jalonnée de krachs spectaculaires:
Chaque fois, le scénario semble apocalyptique. Et chaque fois, les marchés finissent par se relever. L’histoire montre que la bourse récompense la patience plus que la panique.
Selon Quentin Fottrel de Morningstar; La capacité du marché à regagner le terrain perdu dépend de la gravité du contexte économique. Les chiffres montrent que le S&P 500 SPX a chuté de 18 % en 2022, a gagné 26 % en 2023, puis a progressé de 25 % supplémentaires en 2024. Les données historiques montrent qu’il faut parfois un mois (comme en 2023), trois mois (en 2015 et 2016), six mois (en 2009, 2010, 2011, 2018, 2020) ou, plus généralement, un an pour se “corriger” d’au moins 10 %.»
Dans le cas des krachs, ça peut être plus long.
Krach | Baisse maximale | Durée de récupération |
1987 | -33 % | 2 ans |
2000 | -49 % (S&P 500) | 7 ans |
2008 | -57 % | 4,5 ans |
2020 (COVID) | -34 % | 6 mois |
Même dans les pires cas, comme en 2008, ceux qui ont tenu bon ont vu leur portefeuille revenir à son niveau initial — et le dépasser. Ce qui distingue les investisseurs gagnants, ce n’est pas leur capacité à prédire la chute, mais leur détermination à traverser la tempête.
Sortir du marché pendant un krach peut donner un sentiment de soulagement… temporaire. Mais rater la reprise est beaucoup plus coûteux.
Voici une statistique frappante: si vous avez manqué les 10 meilleures journées en bourse au cours des 20 dernières années, votre rendement aurait été coupé de plus de moitié. Et devinez quand ces journées surviennent souvent? Juste après les plus mauvaises. En 2009, par exemple, le marché américain a bondi de 11 % en une seule journée. Ceux qui avaient fui les marchés par peur ont manqué ce coup de fouet.
Le parallèle avec le passé est tentant. En 1930, le président Hoover a signé le Smoot-Hawley Tariff Act, imposant des droits de douane sur plus de 20 000 produits. L’intention était de protéger l’économie américaine, mais le résultat fut l’effet contraire: une guerre commerciale planétaire, un effondrement du commerce international et une aggravation de la crise économique.
Aujourd’hui, l’économie mondiale est beaucoup plus interconnectée, mais aussi plus résiliente. Les banques centrales sont plus rapides à intervenir, les États mieux outillés pour stimuler l’économie.
Est-ce que les tarifs de 2025 provoqueront une récession mondiale? Peut-être. Mais nous savons désormais que la réaction coordonnée des autorités peut faire toute la différence. Ce qui laisse présager que les rebonds seront probablement plus rapides.
1. Ne touchez pas à vos placements à long terme.
Vos placements dans un REER ou un CELI sont pour la retraite, pas pour la semaine prochaine. Les vendre maintenant, c’est cristalliser une perte temporaire en perte permanente.
2. Rééquilibrez stratégiquement.
Si vos fonds ou actions ont chuté et que votre répartition cible est débalancée, envisagez de réinjecter dans les catégories en baisse. C’est contre-intuitif, mais historiquement payant. Les fonds et FNB à dividendes sont d’ordinaire moins impactés et en détenir une bonne proportion est recommandé.
3. Continuez vos contributions automatiques.
Investir régulièrement (même pendant un krach) permet d’acheter plus d’unités à bas prix. C’est comme les soldes du «Vendredi fou».
4. Ne regardez pas vos relevés de comptes et les nouvelles financières trop souvent.
Les manchettes sont faites pour captiver, pas pour guider vos décisions. Trop d’expositions à l’actualité financière augmentent l’anxiété… et les mauvaises décisions.
5. Parlez à votre planificateur financier.
Un bon professionnel ne sert pas juste à bâtir un portefeuille, mais à vous empêcher de faire des bêtises quand les émotions prennent le dessus.
Les grandes fortunes se sont souvent bâties pendant les crises. Warren Buffett aime dire: «Soyez craintif quand les autres sont avides, et avide quand les autres sont craintifs.»
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Si vous avez des liquidités, le moment pourrait être propice pour acheter des titres de qualité au rabais. Mais faites-le avec méthode. Évitez le «all-in», et privilégiez un investissement progressif (par exemple, en cinq ou six tranches mensuelles). Et de grâce, pour les plus téméraires, évitez d’emprunter pour investir.
Le krach boursier de 2025 est une épreuve pour les investisseurs. Mais c’est aussi une opportunité d’appliquer des principes d’investissements éprouvés. L’histoire nous enseigne que les marchés corrigent, puis rebondissent. L’important, c’est de ne pas se laisser gouverner par la peur.
Les émotions sont contagieuses. Le pessimisme ambiant peut donner envie de fuir. Mais si vous avez un plan solide, des objectifs clairs, et la discipline de vous y tenir, vous serez non seulement capable de survivre aux corrections boursières et même à un krach, mais aussi d’en ressortir plus fort.
Complément de lecture: https://www.morningstar.fr/fr/news/261883/ce-que-nous-ont-appris-150-ans-de-krachs-boursiers.aspx
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