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La banque centrale a abaissé son taux directeur d’un quart de point, à 2,75%, lors de sa dernière décision en mars.
La Banque du Canada a laissé son taux directeur inchangé mercredi, en attendant de mieux comprendre l’impact de l’incertitude commerciale mondiale sur l’économie canadienne.
La banque centrale a maintenu son taux directeur à 2,75 %, une première après sept baisses consécutives depuis juin.
Cette décision intervient en pleine guerre commerciale mondiale en constante évolution aux États-Unis, et le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a clairement indiqué que les perturbations venues du sud de la frontière étaient au cœur de la décision de mercredi.
«Le changement de cap radical et protectionniste de la politique commerciale américaine et son implantation chaotique ont accru l’incertitude, perturbé les marchés financiers, modéré les perspectives de croissance mondiale et fait monter les attentes d’inflation», a-t-il déclaré dans une allocution préparée.
M. Macklem a affirmé que la banque centrale envisageait un maintien ou une baisse des taux lors de sa dernière décision, comme elle l’avait fait avant sa réunion de mars. Bien que des droits de douane aient été imposés et ajustés entre les décisions, il a ajouté que la banque ne sait manifestement toujours pas comment le conflit va évoluer.
«L’avenir n’est pas plus clair. On ne sait toujours pas quels droits de douane seront imposés, s’ils seront réduits ou augmentés, ni quelle sera leur durée.»
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La Banque du Canada augmente son taux directeur lorsque les banquiers centraux craignent une accélération de l’inflation et l’abaisse lorsque les décideurs veulent stimuler la croissance de l’économie.
Mais ces deux scénarios sont actuellement à l'œuvre dans un contexte où il y a, selon M. Macklem, «beaucoup d’incertitude» liée à la campagne tarifaire mondiale des États-Unis.
«Nous avons convenu de laisser le taux directeur inchangé, pendant que l’orientation des droits de douane et leurs effets se précisent», a annoncé le gouverneur.
Les décideurs de la Banque du Canada ne se concentrent pas sur une seule voie probable et se préparent plutôt à une série d’issues possibles, a expliqué M. Macklem, de la même manière que de nombreux Canadiens se rassemblent probablement autour de leur table pour essayer de planifier leurs finances en cette période d’incertitude.
«Je pense que donner aux Canadiens une fausse impression de précision ne leur rendrait pas service», a-t-il dit lors de la conférence de presse.
La banque centrale a publié deux scénarios économiques parallèlement à sa décision sur les taux, qui, selon les responsables, ne doivent pas être considérés comme des prévisions.
L’un d’eux prévoit une élimination rapide des droits de douane et des menaces, ainsi qu’une stagnation de l’économie, mais avec des dommages limités. L’inflation devrait reculer à 1,5 % pendant la majeure partie de l’année, principalement grâce à l’élimination de la taxe sur le carbone pour les consommateurs, avant de remonter à l’objectif de 2 % de la banque centrale.
L’autre exemple envisage une guerre commerciale mondiale plus prolongée qui plongerait le Canada dans une récession d’un an, une issue qui, selon M. Macklem, constituerait un «choc sans précédent» pour l’économie canadienne.
Ce scénario suppose que les États-Unis imposent des droits de douane de 12 % sur tous les produits canadiens, un taux plus élevé de 25 % sur les véhicules et leurs pièces, ainsi qu’une taxe de 25 % sur les biens importés de tout autre pays. Le Canada réagit également en imposant des droits de douane similaires sur une sélection de produits américains.
Dans cette projection, le produit intérieur brut réel canadien se contracte pendant quatre trimestres consécutifs, avec une baisse moyenne de 1,2 %, et les droits de douane américains «réduisent de façon permanente la production potentielle et le niveau de vie au Canada», peut-on lire dans le rapport sur la politique monétaire.
Ce scénario entraîne également une hausse de l’inflation, dépassant 3 % en 2026, ce qui complique considérablement la tâche de la Banque du Canada.
La banque centrale a souligné que ces deux scénarios ne représentent qu’une partie des résultats possibles. Mais le conseil de direction a utilisé ce cadre à double volet pour prendre sa dernière décision en matière de taux d’intérêt, tentant de définir la politique monétaire la mieux adaptée à l’une ou l’autre issue — en l’occurrence, un maintien des taux.
Avery Shenfeld, analyste de Marchés des capitaux CIBC, a souligné l’importance accordée par la banque centrale au large éventail de scénarios possibles, et les remarques préliminaires de M. Macklem lors de la conférence de presse suggèrent que la banque «choisit d’attendre et de voir, afin d’obtenir plus d’informations sur l’évolution de la situation».
Il a ajouté qu’il était clair que les deux scénarios «ne sont qu’illustratifs d’un éventail plus large de scénarios, et il est probable que cette incertitude entourant ses prévisions ait été déterminante dans sa décision de maintenir les taux inchangés».
Malgré la décision de laisser les taux inchangés, James Orlando, économiste à la TD, a observé que le ton de l’annonce et du rapport sur la politique monétaire semblait presque compatible avec une baisse.
«Cela a mis en évidence les risques de baisse pour l’économie, les deux scénarios montrant un niveau de faiblesse qui justifie de nouvelles réductions de taux», a-t-il écrit dans un compte rendu de la décision.
Les premiers droits de douane et menaces ont déjà miné la confiance des entreprises et des consommateurs au Canada, certains fabricants ayant licencié des travailleurs.
L’inflation, quant à elle, a ralenti à 2,3 % en mars, en partie grâce à la baisse des prix de l’essence et à la diminution de la demande de voyages vers les États-Unis dans le contexte de la guerre commerciale.
«Et ce ne sont pas seulement les hypothèses et les sondages d’opinion qui témoignent de la fragilité. Le marché immobilier s’est effondré, les Canadiens devenant plus hésitants», a poursuivi M. Orlando.
«Cela se reflète également dans les ventes au détail, tandis que le rapport sur l’emploi de mars a montré que les entreprises réduisent déjà leurs effectifs.»
Selon M. Orlando, la banque centrale devrait abaisser encore ses taux.
La Banque du Canada a indiqué qu’elle «fera preuve de prudence» dans la fixation des taux futurs et qu’elle surveillera l’ampleur de la réduction de la demande d’exportations canadiennes causées par les droits de douane, l’essoufflement des dépenses des entreprises et des consommateurs, la rapidité avec laquelle les nouveaux coûts sont répercutés sur les clients et l’évolution des anticipations d’inflation.
Les baisses successives du taux directeur de la Banque du Canada a pu se faire sentir particulièrement dans le portefeuille de ceux qui cherchaient à acheter sur le marché immobilier ou qui devaient renouveler leur prêt hypothécaire, ou encore dans le portefeuille de détenteurs de prêts à taux variable.
Voici l'impact des baisses du taux directeur sur des paiements hypothécaires pour des exemples fictifs de prêts à taux variable au terme de cinq ans avec un amortissement sur 25 ans.
Le calcul exclut des frais afférents comme des paiements de taxe foncière intégrés aux versements ou encore de l'assurance-vie.
Pour chaque baisse d'un quart de point de pourcentage, les détenteurs de prêts hypothécaires à taux variable peuvent s'attendre à payer environ 15 $ de moins par tranche de 100 000 $ de prêt hypothécaire.
Montant du prêt | 5% | 4,75% | 4,5% | 4,25% | 4,% | 3,75% |
200 000 $ | 1169 $ | 1140 $ | 1112 $ | 1083 $ | 1056 $ | 1028 $ |
250 000 $ | 1461 $ | 1425 $ | 1390 $ | 1354 $ | 1320 $ | 1285 $ |
300 000 $ | 1754 $ | 1710 $ | 1667 $ | 1625 $ | 1584 $ | 1542 $ |
350 000 $ | 2046 $ | 1995 $ | 1945 $ | 1896 $ | 1847 $ | 1799 $ |
400 000 $ | 2338 $ | 2280 $ | 2223 $ | 2167 $ | 2111 $ | 2057 $ |
450 000 $ | 2631 $ | 2566 $ | 2501 $ | 2438 $ | 2375 $ | 2314 $ |
500 000 $ | 2923 $ | 2851 $ | 2779 $ | 2709 $ | 2639 $ | 2571 $ |
Source: Calculatrice hypothécaire du gouvernement du Canada
Avec de l'information de Guillaume Théroux pour Noovo Info.