Début du contenu principal.
«De quoi la CAQ a peur?»
Après avoir déclaré vouloir faire toute la lumière dans l'affaire SAAQclic, le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) a empêché mardi la Commission de l'Assemblée nationale (CAN) de se saisir du dossier.
Tous les députés de la banquette gouvernementale ont voté contre une motion libérale proposant de confier à la CAN le mandat d'enquêter sur les mensonges de la SAAQ en convoquant plusieurs de ses dirigeants et ex-dirigeants.
Rappelons que le déploiement raté de SAAQclic a provoqué en 2023 de longues files d'attente devant les succursales et coûté 500 millions $ de plus que prévu, pour un total qui dépassera le 1,1 milliard $ en 2025, selon la vérificatrice générale.
Cette dernière a conclu dans son rapport en février que la SAAQ avait fourni des informations erronées aux élus de la Commission de l'administration publique concernant l'état d'avancement du projet SAAQclic.
La semaine dernière, la présidente de l'Assemblée nationale, Nathalie Roy, a déclaré qu'il s'agissait, à première vue, d'un outrage au Parlement. Elle a demandé aux parlementaires de s'entendre sur les suites à donner.
Toutefois, mardi, le gouvernement caquiste a refusé que la CAN s'en mêle; cette instance est la seule qui aurait pu trancher à savoir si la SAAQ a véritablement commis un outrage au Parlement.
«Aujourd'hui, les caquistes sont complices de la tromperie. Les caquistes ne veulent pas faire toute la lumière sur le fiasco SAAQclic. Ils protègent des gens qui nous ont trompés», a réagi le leader parlementaire du Parti libéral, Monsef Derraji.
«De quoi la CAQ a peur? Pourquoi les caquistes ne veulent pas cette commission d'enquête au Parlement pour qu'on puisse, en tant que parlementaires, interpeller et questionner ces gens qui nous ont trompés?»
Dans sa décision, la présidente Roy avait pourtant déclaré qu'il était tout à fait possible de mener une enquête à la CAN parallèlement à l'enquête publique qui sera dirigée par Denis Gallant, a souligné M. Derraji lors de son point de presse.
«Le juge Gallant ne va pas enquêter sur les tromperies qu'on a vécues à l'intérieur de l'Assemblée nationale. (...) La CAQ est complice de la tromperie et ils ont peur que la vérité soit dévoilée par les parlementaires», a-t-il martelé.
«C'est important de laisser la commission d'enquête faire son travail. Ce ne serait pas opportun d'interférer (...) avec une enquête supplémentaire de la CAN», s'est défendu le leader adjoint du gouvernement, Mathieu Lévesque.
«Il n'y aurait pas de sens d'avoir ces deux enquêtes-là en même temps, donc, il n'y aurait pas de plus-value à ça», a-t-il ajouté.
Or, la CAQ démontre «une fois de plus tout son manque de respect envers l'Assemblée nationale» en refusant une commission parlementaire sur le scandale SAAQclic, a soutenu le co-porte-parole de Québec solidaire, Guillaume Cliche-Rivard.
«Ils font tout pour ne pas qu'on pose de questions» aux dirigeants et ex-dirigeants de la SAAQ, a renchéri en point de presse le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon.
La commission Gallant débutera ses travaux sous peu, malgré les appels répétés des libéraux et des péquistes pour que le juge Gallant se récuse, étant donné ses liens avec la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.
Denis Gallant a fait savoir, le 1er avril, qu'il n'avait aucunement l'intention de se récuser. Il s'est toutefois engagé à limiter ses contacts avec les témoins qu'il connaît.