Ottawa a promis d'investir plus d'un milliard de dollars pour améliorer la sécurité, mais que fera le prochain premier ministre? Chose certaine, les autorités canadiennes et américaines sont déjà bien présentes sur le terrain. Surtout qu'on craint une hausse des passages clandestins ce printemps.
De passage au poste de Richford, au Vermont, la journaliste de Noovo Info Marie-Michelle Lauzon remarque que l'action ne manque pas alors que trois hommes venaient tout juste d'être arrêtés pour leur tentative d'entrer illégalement aux États-Unis depuis le Canada.
«Au cours des derniers jours, avec la hausse des températures, ça a recommencé à être occupé. Ce ne sont pas des gros groupes, mais des petits groupes», rapporte Bryan Dyke, chef d’équipe du U.S Customs and Border Protection du Vermont.
La frontière nord de plus en plus occupée
Trois arrestations en une journée, ce n’est rien d’inhabituel pour les agents frontaliers américains.
Notons qu’il y a eu un record sans précédent en 2024 où près de 18 000 migrants clandestins ont été arrêtés dans le secteur de Swanton au Vermont. En 2021, ce chiffre était de 365.
«C’est le secteur le plus occupé à la frontière au nord. On peut maintenant se comparer à des régions frontalières au sud. C’est incroyable. Nous étions loin de cette réalité il y a quelques années», explique Bryan Dyke ajoutant que le Vermont est maintenant plus occupé que les régions de Miami et de Puerto Rico.
Au nord, du côté canadien, les agents de la GRC sont tout aussi occupés, mais contrairement aux Américains, il est impossible de savoir combien de migrants sont entrés illégalement sur les 68 kilomètres de frontière que surveillent les agents de Valleyfield. Le corps policier refuse de dévoiler le chiffre exact.
«Ça va arriver des journées qu'on va avoir beaucoup de passage, mais ça peut arriver qu'il y ait trois ou quatre jours sans aucun passage détecté», rapporte Samuel Perreault-Magny, caporal de la GRC à Valleyfield.
La GRC se veut toutefois rassurante, les policiers sont bien présents sur le terrain et chaque trace devient une alerte potentielle.
«Dans la dernière année, on doit avoir eu plus qu'une dizaine de dossiers qui ont été judiciarisés», explique le caporal de la GRC.
Il ajoute que des organisations utilisent ce qu’il appelle des «coyotes» afin de faire traverser illégalement des migrants. Il s’agit bien souvent d’un citoyen canadien qui connaît bien le secteur et qui va aller à pied traverser illégalement aux États-Unis pour aller chercher des migrants pour les ramener au Canada.
Un marché très lucratif géré par des organisations criminelles internationales qui ne sont pas nécessairement au Mexique, mais plutôt en Inde.
«Les gens de ces organisations ne se soucient pas des migrants. Ils sont insensibles à leur réalité. Ils ne vont pas les guider. Ils vont leur donner un téléphone cellulaire avec un point sur une carte et les migrants doivent se rendre à l’autre point sur la carte pour y être récupérés», explique M. Dyke en ajoutant que parfois, il y a des rivières à traverser pour se rendre d’un point à l’autre.
Entre deux et cinq mille dollars sont exigés aux migrants pour traverser la frontière, souvent, au péril de leur vie.
«Quand tu vois des enfants de trois semaines, des enfants avec du papier d'aluminium autour des pieds à la place des souliers parce que les souliers sont trop mouillés, c'est des situations qui t’en font vivre de toutes les couleurs», indique M. Perreault-Magny.
«On veut les aider et je dirais qu'il y a quand même du travail à faire», ajoute-t-il.
«S’il y a une chose qu’il faut retirer de la tête des gens qui prévoient traverser illégalement la frontière, c’est que c’est dangereux, ici au nord. Surtout à cette période de l’année», mentionne pour sa part Bryan Dyke.
Traverser illégalement la frontière en voiture
Des migrants à bord de véhicules tentent également de traverser la frontière illégalement.
Une vidéo qui montre un véhicule à Stanstead, au Québec, passer derrière la fameuse bibliothèque a d’ailleurs fait les manchettes dernièrement.
«Les groupes irlandais et roumains utilisent souvent des véhicules pour traverser. Ils vont arriver par une route canadienne et traverser dans des champs pour rentrer aux États-Unis», explique le chef d’équipe du U.S Customs and Border Protection du Vermont.
Des changements depuis l’arrivée de Trump au pouvoir?
Selon le caporal de la GRC à Valleyfield, depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, il y a eu davantage de pressions politiques et des changements dans la gestion et des plans de contingence ont été faits pour pouvoir être prêts «pour toute éventualité».
«Mais sur le terrain comme tel, c'est quelque chose qu'on faisait depuis des dizaines d'années. Donc c'est le travail au quotidien n’a changer du tout», explique-t-il.
Samuel Perreault-Magny souligne également que les propos de Trump sur le fait que la frontière canadienne n’est pas protégée sont faux.
«On a toujours été là, on travaille 24/7 et on a la technologie et du support pour pouvoir être efficace pour pouvoir détecter la criminalité sur les deux côtés de la frontière», explique-t-il.
Si la frontière représente un enjeu majeur aux yeux de certains politiciens, sur le terrain, les discours politiques sont laissés de côté.
À voir dans la vidéo.