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Économie

La Baie souhaite organiser une vente aux enchères de ses œuvres d'art et d'artefacts

La Baie d'Hudson n'a pas encore détaillé le catalogue des articles qu'elle souhaite mettre aux enchères.

L'enseigne de la Compagnie de la Baie d'Hudson au centre-ville de Toronto, le mercredi 16 juillet 2008. LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld
L'enseigne de la Compagnie de la Baie d'Hudson au centre-ville de Toronto, le mercredi 16 juillet 2008. LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld
Tara Deschamps / La Presse canadienne

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La Presse canadienne

La Compagnie de la Baie d'Hudson souhaite organiser une vente aux enchères de ses œuvres d'art et artefacts les plus importants sur le plan historique, y compris sa charte royale, dans le cadre de sa restructuration sous la protection des tribunaux.

La chaîne de grands magasins en déclin, connue comme la plus ancienne entreprise du Canada, a indiqué qu'elle avait déposé une demande auprès de la Cour supérieure de justice de l'Ontario pour vendre ces articles. 

Selon l'entreprise, cela permettrait de garantir que le soin, l'attention et l'expertise requis pour les œuvres d'art et les artefacts soient priorisés grâce à un processus facilité par une maison de vente aux enchères d'œuvres d'art.

La Baie d'Hudson n'a pas encore détaillé le catalogue des articles qu'elle souhaite mettre aux enchères, mais la collection retrace le parcours de la compagnie, qui est passée d'un haut lieu de la traite des fourrures au XVIIe siècle à l'un des détaillants les plus emblématiques du pays.

Plus qu'une entreprise, elle retrace aussi une grande partie de l'histoire du Canada et inclut son joyau: la charte accordée par le roi Charles II en 1670.

 

En plus d'établir la Baie d'Hudson comme compagnie de traite des fourrures, ce document lui a conféré des droits sur une vaste étendue de territoire et un pouvoir extraordinaire sur le commerce et les relations avec les Autochtones pour des décennies.

«C'est à 100 % leur joyau. Il s'agit sans aucun doute du document le plus important auquel la Compagnie de la Baie d'Hudson ait accès ou qu'elle ait jamais produit», a affirmé Cody Groat, historien de l'histoire canadienne et autochtone et président du Comité consultatif canadien Mémoire du monde de l'UNESCO.

«Bien sûr, d'autres documents nous viennent à l'esprit qui témoignent des relations avec les peuples autochtones et des entreprises commerciales. On trouve également des traces d'esclavage dans les archives de la Compagnie de la Baie d'Hudson, qui sont très importantes (…), mais celui-ci constitue l'essentiel», a-t-il ajouté.

M. Groat avait entendu parler ces derniers jours d'efforts visant à encourager la Baie d'Hudson à ne pas mettre la charte aux enchères et à la donner plutôt à des organismes comme les Archives du Manitoba, qui conservent déjà certains de ses artefacts.

Ce conseil étant resté lettre morte, il s'attend maintenant à ce que l'intérêt se renforce pour l'inscription du document au programme Mémoire du monde de l'UNESCO, destiné à préserver des documents d'importance historique et culturelle.

D'autres artefacts de la Baie d'Hudson donnés aux Archives du Manitoba ont reçu cette reconnaissance en 2007, mais la charte n'a pas obtenu ce statut, car l'entreprise l'a conservée. Cette reconnaissance n'empêche personne de détruire ou de vendre des artefacts, mais exerce une pression sociale qui contribue à leur préservation, a expliqué M. Groat.

«Il n'existe aucun mécanisme législatif au pays pour empêcher cette charte de tomber entre les mains du secteur privé à l'heure actuelle», a-t-il souligné, bien que le Canada dispose de politiques d'exportation culturelle qui peuvent retarder une vente à un acheteur étranger.

Il soupçonne que quiconque souhaitant acquérir le document aurait besoin de moyens financiers importants, ce qui compliquerait la tâche des institutions d'archives «chroniquement sous-financées». Les communautés autochtones pourraient également être gênées dans leur participation à la vente aux enchères, car elles ne disposent d'aucune instruction archivistique les unifiant, selon M. Groat.

Quiconque mettra la main sur la charte, qui est accompagnée de son sceau de cire rouge, possédera le «Saint Graal», a estimé Mark Garner, qui dirige un musée ontarien consacré à un navire à vapeur de la Baie d'Hudson.

«C'est un document très important. Aux États-Unis, ce serait comme la Déclaration d'indépendance, a expliqué celui qui est à la tête du musée situé à Hamilton. C'est de cela que notre histoire est faite.»

M. Garner possède des centaines de pièces liées à la Baie d'Hudson et au SS Beaver, un navire que la compagnie possédait depuis les années 1800.

Le bateau s'est échoué en 1888 à Prospect Point, en Colombie-Britannique. Il est resté là pendant quatre ans, pillé de son bois et d'autres souvenirs, jusqu'à son naufrage en 1892. M. Garner s'est intéressé toute sa vie au navire, car un parent éloigné, Charles McCain, a obtenu les droits de récupération du bateau et a fait fondre son métal semi-précieux pour créer des médailles commémoratives.

Une collection variée

M. Garner estime que la collection de la Baie sera vaste et variée. Elle pourrait contenir des fourrures ou des couvertures à points datant des débuts de l'entreprise, ainsi que du bois provenant du SS Beaver et des journaux de bord du capitaine qui étaient exposés dans les vitrines des magasins dans les années 1890, a-t-il expliqué.

«Il pourrait y avoir des pièces de grande valeur, dont certaines que je cherche depuis 20 ans sans jamais les trouver», a-t-il mentionné.

Il imagine que la vente rapportera des millions à la Baie, car nombre de ces pièces sont «uniques».

La Baie n'a pas précisé le montant qu'elle espère récolter lors de cette vente aux enchères, qui se déroulera indépendamment de deux autres processus en cours visant à trouver des acquéreurs pour ses licences, ses marques et des preneurs pour ses baux.

Le détaillant a déposé une demande de protection judiciaire contre ses créanciers en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies le mois dernier et a commencé les ventes de liquidation dans la plupart de ses 80 magasins, 13 Saks Off Fifth et trois Saks Fifth Avenue.

La Baie d'Hudson espère sauver six de ses magasins et son activité de commerce en ligne grâce à cette restructuration.

La vente d'œuvres et d'objets d'art pourrait éloigner les créanciers et prolonger l'existence de ces six magasins, mais Mark Garner craint que cela ne conduise également à la disparition de l'histoire.

M. Garner, qui expose l'intégralité de sa collection dans son musée, espère que les pièces vendues aux enchères ne finiront pas entreposées à long terme ou sur le mur d'un millionnaire.

«Je suis simplement inquiet que beaucoup de ces objets à valeur historique disparaissent», a-t-il avancé.

Tara Deschamps / La Presse canadienne

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La Presse canadienne