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«Désormais, les informations vont être très claires.»
De nouvelles règles sur les pourboires et l'affichage des prix dans les épiceries sont entrées en vigueur mercredi au Québec.
À compter de maintenant, les commerçants qui suggèrent un pourboire devront calculer celui-ci à partir du montant sans les taxes, et rendre bien visible et accessible chaque option pour le client.
Quant aux épiciers, ils seront tenus de fournir plus d'informations dans l'affichage de leurs prix: le prix courant, le prix à l'unité, le prix par unité de mesure et le prix pour les «non-membres». Ils doivent aussi indiquer si un produit est taxable.
«Jusqu'à la semaine dernière dans certaines bannières, vous deviez quasiment avoir une loupe pour voir le prix aux 100 grammes, pour voir quel était le véritable prix à l'unité si vous n'aviez pas un achat groupé», a illustré en mêlée de presse le ministre de la Justice et ministre responsable de la protection des consommateurs, Simon Jolin-Barrette, qui avait déposé le projet de loi.
«Désormais, les informations vont être très claires.»
Cette dernière mesure touche tous les commerces qui vendent des produits alimentaires, dont les dépanneurs.
Dans sa loi, le gouvernement a aussi haussé la Politique d'exactitude des prix à 15 $. Ainsi, lorsque le prix affiché à la caisse est plus élevé que le prix annoncé, le commerçant devra remettre gratuitement le produit s'il est de 15 $ ou moins. Le montant était fixé à 10 $ ou moins auparavant.
Le gouvernement estime que de telles mesures «simplifieront la vie» aux Québécois, dans le contexte où le coût de la vie demeure élevé.
Selon le ministre Jolin-Barrette, les commerçants ont eu «certainement» assez de temps pour s'adapter aux nouvelles mesures.
«Ils ont eu un délai de six mois pour le faire, on a été flexibles sur la question du délai», a-t-il soutenu.
Le gouvernement Legault avait déposé le projet de loi 72 l'automne dernier et il avait été adopté à l'unanimité en novembre.
Michel Rochette, président du Conseil canadien du commerce de détail au Québec, qui représente les détaillants, a indiqué que les commerçants sont prêts en ce qui a trait aux étiquettes dans le magasin, même s'il s'agissait d'une opération de grande ampleur.
«Un commerce en alimentation, une épicerie, c'est des fois 30 000, 35 000, 40 000 produits différents, donc c'est autant d'étiquettes différentes dans une seule épicerie. Pour l’étiquetage en magasin, on devrait être correct, mais pour tout ce qui sort du magasin, on a besoin d’un peu de délais ou de flexibilité de la part du gouvernement», a-t-il soutenu dans une entrevue téléphonique.
Là où l'industrie demande de la flexibilité, c'est en lien avec une décision récente de l'Office de protection du consommateur, qui a déterminé que les commerçants devraient fournir ces renseignements aussi sur les sites internet, les applications et les circulaires.
«Ça demande à l'industrie une reprogrammation et une reconfiguration de tous les éléments de publicité et de communication que (les commerces) avaient en dehors du magasin, ça c'était pas prévu à l'origine», a souligné M. Rochette.
«Les commerçants ont déjà beaucoup de règles en général à respecter, tout ce qu'ils demandent, c'est de la clarté et un certain temps pour être capables de mettre en application les règles.»
«Il y a beaucoup d’obligations sur une petite étiquette. C’est le premier défi pour les détaillants: s’assurer que les consommateurs ne sont pas perdus par les informations sur les étiquettes», a-t-il ajouté.
Du côté des restaurants, «la très grande majorité» se sont déjà conformés à la réglementation, selon l’Association Restauration Québec.
Pour d’autres, le processus peut être plus complexe, si bien qu’il y aura une «période de transition», a averti le vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l’organisme, Martin Vézina.
«Il va y avoir une période de transition où les pourboires suggérés vont disparaître des terminaux et où les clients devront inscrire eux-mêmes le montant. L’enjeu qu’on a, c’est qu’il y a des différences entre les différents terminaux et les compagnies de paiements», a-t-il indiqué en entrevue.
«Dans certains cas, c’est seulement une mise à jour automatique. Dans d’autres cas, ça demande des manipulations de l’exploitant ou d’un technicien spécialisé, et nous avons même des cas où il faut attendre un nouveau terminal pour être conforme», a-t-il expliqué, ajoutant que «toute cette complexité fait que nous sommes dans une période de transition à partir d’aujourd’hui».
– Avec les informations de Thomas Laberge à Québec et de Sidhartha Banerjee à Montréal