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«Complètement indigne», a lancé le premier ministre Justin Trudeau.
Le fait que les vidéos de Pierre Poilievre comprenaient jusqu'à tout récemment un mot-clic caché faisant référence à des mouvements misogynes est «complètement indigne» d'un politicien canadien, a accusé le premier ministre Justin Trudeau.
«Le chef conservateur a délibérément utilisé ses vidéos pour faire appel aux mouvements en ligne misogynes d'extrême droite. Ce sont des mouvements anti-femmes et ils ont eu des conséquences dévastatrices dans la vie réelle», a-t-il fustigé jeudi lors d'une période des questions particulièrement houleuse.
M. Poilievre a répliqué avoir «condamné cette organisation» et «corrigé le problème dès que j'en ai été informé».
Il est ensuite passé à l'offensive en ajoutant qu'il condamne également «toutes les formes de misogynie, y compris lorsque le premier ministre a limogé la toute première procureure générale autochtone, lorsqu'il a maltraité des jeunes femmes appartenant à des minorités dans son propre caucus qui ont dû quitter la politique, et je le condamne pour le moment où il a revêtu des costumes racistes tant de fois qu'il les a tous oubliées».
Le réseau Global révélait en matinée que les 50 dernières vidéos Youtube de M. Poilievre comprenaient le mot-clic caché .mgtow, un acronyme pour Men Going Their Own Way, qui signifie «Les hommes suivent leur propre chemin». Ce codage aide à faire la promotion des vidéos dans les réseaux de ce mouvement composé d'antiféministes qui veulent retirer les femmes de leur vie.
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Alors que les rôles s'inversaient à la Chambre des communes et que le premier ministre Trudeau posait les questions, il a réclamé de savoir, comme «les femmes de tout le pays», pourquoi M. Poilievre a-t-il «permis que cela se produise».
«Il a joué trop près de la ligne avec des extrémistes pendant trop longtemps. Maintenant, il s'est fait prendre. Va-t-il l'admettre? Va-t-il s'excuser? Prendra-t-il ses responsabilités?», a-t-il dit dans une présumée réponse qui était suivie d'une question du chef bloquiste.
Dans une déclaration transmise à La Presse Canadienne, le bureau de M. Poilievre a expliqué que le chef «ignorait l'existence de ces balises intégrées» qui avaient été «mises en place et automatisées» afin d'accompagner chaque vidéo «au cours des quatre dernières années et demie».
«Les balises intégrées ont été immédiatement supprimées dès que son bureau en a eu connaissance. Il est évident que M. Poilievre condamne la misogynie et toutes les formes de haine en ligne», est-il écrit.
Sur Twitter, la porte-parole du Bloc québécois en matière de condition féminine, Andréanne Larouche, s'est demandé s'il s'agit véritablement d'un «accident».
«Pierre Poilievre «cruise» la droite radicale depuis le jour 1 de sa course à la chefferie, a-t-elle affirmé. Nouveau chef, même Parti conservateur au sombre bilan en matière de droits des femmes.»
Dans une réaction écrite transmise à La Presse Canadienne, le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique, Alexandre Boulerice, a pour sa part affirmé que «c'est inacceptable! Et les gens sont censés lui faire confiance? Il est prêt à tout pour accéder au pouvoir. Les conservateurs n'ont aucun problème à faire du mal aux femmes pour leur propre bénéfice.»
Toute la journée, des élus libéraux ont déchiré leur chemise sur cette histoire.
Le ministre de la Justice, David Lametti, était dans tous ses états sur l'heure du midi. «Je suis outré, je suis hors de moi. Honnêtement, j'ai un peu de misère maintenant à contrôler mes émotions», a-t-il lancé à sa sortie de la réunion du conseil des ministres.
«Faire délibérément un lien entre la promotion d'une plateforme politique et les groupes incel (...), c'est non seulement complètement inacceptable dans notre pays, c'est dangereux, a-t-il dit. C'est dangereux pour les femmes. Ce sont les groupes qui sont en train de promouvoir la haine contre les femmes.»
Quelques minutes plus tôt, le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a déclaré qu'il trouve «très préoccupant» qu'un parti politique ait tenté d'«alimenter les chambres d'écho incel où vous avez une rhétorique ouvertement violente envers les femmes».
La vice-première ministre, Chrystia Freeland, a quant à elle commenté à son entrée à la réunion un peu plus tôt alors que la nouvelle se répandait dans les couloirs comme une traînée de poudre.
«Je suis une féministe, une fière féministe. Je suis une mère», a-t-elle dit d'emblée.
Selon elle, chaque personne qui a «le grand privilège d'être élue dans ce Parlement» doit être «très clair» à reconnaître qu'il n'y a pas une véritable égalité au pays et que les femmes et les filles, particulièrement celles des minorités ethniques et religieuses, font face à des dangers ciblés.