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Il y a quelques jours, Sunita Williams est revenue après un long périple dans l'espace. On montre du doigt son menton et sa peau. Presqu’en même temps, la NASA met fin à sa politique d’inclusion.
Juillet 1969. Il y a plus de 55 ans, un premier homme a marché sur la Lune. Ces premiers pas ont caractérisé la décennie 70 qui suivra comme celle du tout est possible.
Dans ses chroniques, Bob Dylan a bien résumé l’époque: «Le mythe dominant de nos jours semble être que n’importe qui peut faire n’importe quoi, même aller sur la Lune. Vous pouvez faire ce que vous voulez – c’est dans les publicités et dans les journaux, ignorez vos limitations, défiez-les.»
Il y a quelques jours Sunita Williams est revenue après un long périple en orbite dans l’espace. Sur les réseaux, on analyse la détérioration de son visage, vieilli par la mission. On discute de ses cheveux gris avec effroi. On pointe du doigt son menton et sa peau.
Presqu’en même temps, la NASA met fin à sa politique d’inclusion, avortant du même coup son plan visant à faire atterrir la première femme et la première personne issue des minorités dans un voyage sur la surface lunaire et sur Mars. La mention qui faisait partie du programme Artemis a été retirée de leur page. On y trouve plutôt ceci: «Conformément au décret ministériel, nous actualisons notre communication concernant les projets d’envoi sur la surface lunaire». Puis, plus loin: «Nous sommes impatients d’en savoir plus sur les projets de l’administration Trump pour notre agence».
Je ne connais strictement rien à l’exploration de l’espace. Comme tout le monde, je suis les avancées des humains vers l’inexploré dans les journaux, intriguée par notre capacité à défier l’impossible.
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En grandissant, de toutes les nouvelles qui ponctuent notre vie, c’est de voyages spatiaux dont on se souvient le plus. J’avais 9 ans quand Julie Payette a pris part à la mission Discovery. Je m’en rappelle parce qu’elle est venue visiter mon école, son alma mater. D’autres, un peu plus vieux que moi, ont été marqués par la désintégration de la navette Challenger. Parmi les spectateurs du désastre, tous les écoliers assistant en direct à son décollage. À bord, une institutrice du Teacher in Space.
Comme je vous dis, je ne connais rien à l’espace. Cette nouvelle du programme Artemis m’a tout de même bouleversée. Pour moi, la fin du rêve de voir des humains qui nous ressemblent marcher sur la Lune touche de près à ce que les Américains ont pu ressentir quand les soviétiques ont remporté la guerre de l’exploration.
La course effrénée entre les puissances mondiales a mené à l’humiliation de l’une et à la suprématie de l’autre.
Le coup de barre de la fin des programmes de diversité, d’équité et d’inclusion a frappé bien des secteurs. Celui dans la poursuite des explorations lointaines vient de voler des rêves.
Le premier homme à marcher sur la Lune a envoyé comme message au monde entier que rien ne sera plus comme avant. Un grand pas pour l’humanité. Nous avions à portée de mains l’occasion de faire vivre un moment aussi majestueux à une nouvelle génération d’enfants.
Je ne connais rien à l’espace, mais de toute manière, cette nouvelle de la NASA a tout à voir avec la Terre. J’ai bien peur qu’elle caractérise l’ère sombre dans laquelle on entre.
La représentation a de l’importance. Se voir – à travers un autre qui nous ressemble –défier les lois des Hommes dans un voyage sur la Lune et sur Mars aurait pu lancer une nouvelle ère du tout est possible.