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«La protection de l'identité canadienne fait partie de la sécurisation du Canada» face aux attaques du président américain Donald Trump.
Le chef libéral Mark Carney demande aux électeurs canadiens un mandat fort aux prochaines élections fédérales, non seulement pour défendre l'économie canadienne face aux menaces du président Donald Trump, mais aussi pour protéger l'identité canadienne, y compris la culture québécoise et la langue française.
«Aujourd'hui, cette identité est ouvertement menacée par le président des États-Unis, mais nous n'allons jamais le laisser faire», a prévenu M. Carney, qui faisait campagne à Montréal, vendredi, au lendemain de sa participation à une émission spéciale de Radio-Canada, à laquelle ont participé tous les chefs des partis politiques fédéraux aux Communes.
Mark Carney a annoncé que, si son gouvernement libéral est élu, il va mettre de l'avant un plan, avec un financement initial de 150 millions $ au diffuseur public Radio-Canada et CBC, pour élargir son mandat et assurer la promotion de l'identité canadienne, y compris la culture québécoise. Il a alors fait référence à des émissions phares, comme La Petite Vie, Infoman et le Bye Bye, qui sont produites à Radio-Canada, tout en soulignant que le diffuseur public est sous-financé à son avis.
L'endroit choisi pour la conférence de presse de vendredi matin avait l'allure d'une carte postale avec une vue magnifique de la métropole québécoise du haut de la Tour du Port de Montréal, alors qu'il faisait beau et que le ciel était dégagé. Pourtant, le message de Mark Carney était parfois sombre et tirait la sonnette d'alarme sur la désinformation et autres menaces venant de l'extérieur.
En mêlée de presse après l'annonce, celui qui est l'actuel ministre fédéral de la Culture et de l’Identité canadienne et candidat libéral dans la circonscription de Laurier—Sainte-Marie, à Montréal, Steven Guilbeault, a assuré que son chef ne cherche pas à exagérer la menace de l'administration Trump sur notre culture pour gagner des votes.
«Je suis dans l'ancien comté de Gilles Duceppe (BQ), alors ce n'est pas un comté libéral traditionnel, et je vois un niveau d'appui de la part de la population que je n'ai jamais vu, dans les six ans que je fais de la politique», a affirmé M. Guilbeault.
«Quand je vais aux portes, ce qui ressort par-dessus toutes les autres considérations, c'est la menace de Trump: la menace à notre identité, la menace à notre culture, la menace à notre souveraineté et c'est aussi les menaces économiques, comme les tarifs», a expliqué le lieutenant de M. Carney au Québec.
Questionné à savoir si la protection de la culture québécoise et de la langue française pour les libéraux passe uniquement par plus de financement au diffuseur public, le chef du Parti libéral du Canada (PLC) a dit que non.
«Il y aura d'autres initiatives de notre gouvernement», a-t-il indiqué, se gardant de les dévoiler à ce stade-ci de la campagne électorale.
Le communiqué du PLC précise qu'après un versement initial de 150 millions $ à Radio-Canada/CBC, un plan stratégique sera élaboré pour déterminer un financement à plus long terme. Le plan des libéraux cherche à assurer la diffusion d'une information de qualité, en plus de renforcer l'information locale dans toutes les régions du pays.
Les libéraux promettent aussi de charger le Parlement de se prononcer sur l'avenir du diffuseur, au lieu de donner cette responsabilité à «des idéologues».
Il s'agit d'une critique à peine voilée à l'endroit du chef conservateur, Pierre Poilievre, qui a promis dans les dernières années de «définancer» le diffuseur public.
Le chef libéral Mark Carney reprend ainsi de grands pans du projet de modernisation du mandat de la société d'État que l'ex-ministre Pascale St-Onge avait présenté en février.
Mme St-Onge avait proposé d'augmenter le financement public de Radio-Canada/CBC et de le protéger des cycles politiques en l'inscrivant dans la Loi sur la radiodiffusion, plutôt que par des crédits parlementaires votés annuellement, comme c'est présentement le cas.
«Nous nous réjouissons de voir Mark Carney s’engager à non seulement soutenir, mais bien à renforcer notre diffuseur public, notamment en écartant son financement de la joute politique », a déclaré Annick Charette, présidente de la FNCC–CSN.
«Transformer les crédits budgétaires alloués à Radio-Canada en crédits parlementaires est une demande historique de la FNCC–CSN», précise-t-on dans un communiqué.
Du côté du STTRC–CSN, on salue aussi l’engagement du PLC de renforcer la mission d’informer, d’éclairer et de divertir du diffuseur public.
Plus tôt cette semaine, une motion a été déposée à l’Assemblée nationale du Québec par le chef du Parti québécois (PQ), Paul Saint-Pierre Plamondon, qui stipule que «l'Assemblée s'oppose à la volonté du premier ministre canadien d'instaurer une économie au lieu de treize».
Elle a été adoptée à l’unanimité, mardi, par tous les partis, y compris la Coalition avenir Québec (CAQ) du gouvernement Legault, pour réitérer la volonté du Québec de veiller à ses propres intérêts «notamment sur le plan économique, culturel et linguistique, en fonction de ses priorités et de ses valeurs sociales distinctes, tout en oeuvrant à la réduction des barrières au commerce interprovincial», peut-on lire dans le document officiel.
En réalité, cette motion a peu d’impact au niveau fédéral, a expliqué M. Carney, tout en répétant qu’il reconnaît l’importance de la langue française et de la culture québécoise dans une société canadienne.
«Je veux souligner que le premier ministre Legault est d’accord avec cette vision d’avoir une économie, qui respecte l’identité québécoise, bien sûr. Nous avons eu un communiqué unanime des premiers ministres à Ottawa», a-t-il souligné en référence aux multiples réunions avec ses homologues des provinces et territoires pour coordonner la riposte canadienne aux droits de douane de l’administration Trump aux États-Unis.
«Cette vision, ce n'est pas seulement la mienne. C’est la vision de tous les premiers ministres au Canada», a affirmé M. Carney.
En fin d’après-midi, M. Carney a fait une entrée remarquée, au son de la chanson Thunderstruck du groupe australien-britannique AC/DC, à l’usine d’un fabricant canadien de pièces automobiles en Ontario, Martinrea International.
L'usine de Vaughan, établie depuis 2001 dans la région de Woodbridge, fabrique des pièces destinées aux chaînes d’assemblage des véhicules de GM, Toyota et Stellantis.
Des groupes d’employés avaient été rassemblés pour la venue de ce visiteur spécial, qui s’est brièvement adressé à eux.
Le prédécesseur du chef libéral, Justin Trudeau, a visité le même endroit le 17 janvier dernier. On peut voir sur une photo de La Presse Canadienne, M. Trudeau, plein d'enthousiasme, taper dans les mains d’employés sur son passage.
La journée de campagne de l'actuel chef libéral Mark Carney se terminait par un grand rassemblement partisan au Metropolitan Center, situé 32 kilomètres plus loin, à Scarborough.
L’autobus de campagne de M. Carney a été accueilli par un petit groupe de manifestants agitant le drapeau palestinien.
L’autocar aux couleurs du PLC avait auparavant croisé un véhicule publicitaire dénonçant des prises de position du chef libéral, affichant notamment une immense photo de M. Carney serrant la main Paul Chiang, un candidat libéral ontarien qui a dû se retirer de la campagne électorale pour avoir insinué de livrer un candidat conservateur aux autorités de Hong Kong, pour empocher la récompense.
À l’intérieur du Metropolitan Center, la salle était toutefois bondée de plusieurs centaines de militants libéraux survoltés, 1800 personnes selon les organisateurs, une estimation qui n'était pas du tout exagérée. Ces derniers avaient installé un écran géant à l’extérieur pour permettre aux gens rassemblés dehors, n'ayant pas pu entrer, de suivre l’événement en direct.
Une vingtaine de candidats libéraux de circonscriptions fédérales de l’Ontario étaient aussi sur place.
-Avec des informations de Vicky Fragasso-Marquis