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«Dire ‘’je n'ai pas besoin d'une loi’’, c'est pratiquement annoncer des sacrifices sur la gestion de l'offre.»
Le chef bloquiste Yves-François Blanchet estime que son adversaire libéral, Mark Carney, a «pratiquement» annoncé qu'il ferait des concessions sur la gestion de l'offre au cours de négociations commerciales s'il est élu au terme de l'élection.
«Dire 'je n'ai pas besoin d'une loi’, c'est pratiquement annoncer des sacrifices sur la gestion de l'offre», a-t-il tranché lundi au cours d'un point de presse à Montréal.
M. Blanchet était questionné sur le fait que le chef libéral et premier ministre sortant, Mark Carney, a récemment assuré au cours de l'émission «Cinq chefs, une élection», diffusée à Radio-Canada, qu'il protégerait le système de gestion de l'offre, mais qu'il considère ne pas avoir besoin de légiférer pour ce faire.
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«Le principe de la gestion de l'offre n'a pas été sacrifié face à l'Europe, n'a pas été sacrifié face à l'actuel traité américain, n'a pas été sacrifié face à l'Asie, a ajouté M. Blanchet. Ce sont des pourcentages de ce qui est protégé qui ont été cédés et je comprends clairement (...) que le chef libéral a pratiquement annoncé qu'il allait y avoir des sacrifices de faits sur des pourcentages de produits québécois et ontariens (…) lors des prochaines négociations commerciales.»
Sous la gouverne de l'ex-premier ministre Justin Trudeau, les libéraux ont appuyé un projet de loi bloquiste qui visait à inscrire noir sur blanc que la gestion de l'offre est exclue de toute négociation commerciale.
Ce système - à travers lequel la production et la demande de produits laitiers, des œufs, du poulet et de la dinde sont contrôlés au Canada pour prévenir les pénuries et les excédents - irrite le président américain Donald Trump. Ce dernier voit cette politique comme une barrière commerciale et a signalé, à maintes reprises, qu'elle est dans son collimateur.
Appelée à réagir aux propos de M. Blanchet, la campagne de M. Carney s'est contentée d'envoyer à La Presse Canadienne une déclaration du chef libéral remontant à la semaine dernière dans laquelle il a soutenu «que la gestion de l'offre, la langue française et la culture ne seront jamais sur la table» et qu'il s'agit d'«une ligne rouge, une ligne claire».
«Je ne crois pas que ce pourrait être plus clair que ça», a affirmé le porte-parole Guillaume Bertrand.
Les libéraux ont gagné du terrain dans les intentions de vote au Québec au cours des dernières semaines, au point où ils bénéficient d'une avance d'environ 15 points de pourcentage sur les bloquistes, selon le plus récent coup de sonde de la firme Nanos.
M. Blanchet explique cette remontée libérale par la présence d'un «narratif en début de campagne» dans le contexte où les électeurs canadiens ont des craintes face à M. Trump. «Les gens se sont fait dire ''Trump, danger, Carney''», a-t-il résumé en anglais à une question qui lui était posée, en mêlée de presse, dans cette langue.
S'il reconnaît cet «avantage» favorable au chef libéral, M. Blanchet s'est dit confiant que les Canadiens et Québécois ne seront pas prêts à lui donner le mandat majoritaire qu'il espère obtenir.
À son avis, il ne suffit pas que M. Carney insiste sur la protection de l'économie canadienne face à la guerre tarifaire déclenchée par M. Trump puisque l'épisode, croit le chef bloquiste, sera clos d'ici un an et demi.
«Je ne vois pas la logique. M. Carney arrive (et) il dit 'Eille, j’ai besoin d'un mandat majoritaire, mais la raison pour laquelle je vous dis que je suis pertinent, elle n'existera plus dans un an et demi'», a lancé M. Blanchet.
«Peut être que tu viens de dire au monde que ça prendrait un gouvernement minoritaire parce qu'on a besoin de savoir ce qui va se passer en immigration (...) ce qui va vraiment se passer pour les aînés au-delà de la crise (...) ce qui va se passer en culture, communication», a-t-il poursuivi.
À son avis, les Québécois voudront élire des «chiens de garde» pour défendre leurs intérêts et les bloquistes pourront assurer ce rôle.
M. Blanchet a insisté lundi sur un autre secteur qu'il estime menacé par les Américains, celui de la culture québécoise. Il a rencontré des représentants de l'Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (ADISQ) ainsi que des intervenants de l'Union des artistes, de même que de l'Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec.
Le Bloc québécois souhaite notamment «protéger» ce que l'ex-gouvernement libéral de M. Trudeau a appelé la Taxe sur les services numériques et il réclame que les «sommes perçues» soient redirigées «dans un fonds dédié au milieu culturel et géré par celui-ci».
Cela fait écho à la plateforme électorale du parti, où le Bloc annonçait qu'il «s’opposera à l’annulation de la taxe sur les services numériques réclamée par Donald Trump».
Dans son rapport identifiant des «barrières» commerciales, l'administration américaine de Donald Trump mentionne la Taxe sur les services numériques, qui prévoit que des revenus générés au Canada par des entreprises communément appelées «géants du web» soient taxés à hauteur de 3 %.
La précédente administration de Joe Biden s'était aussi montrée critique de cette politique visant des entreprises établies aux États-Unis telles que Netflix.
La mesure découle de Loi sur la taxe sur les services numériques qui a été mise en place par les libéraux fédéraux sous la gouverne de leur ancien chef, Justin Trudeau, donnant ainsi suite à une promesse de longue date.
Lorsque son équipe libérale a été réélue en 2019, obtenant un premier mandat minoritaire, M. Trudeau avait déjà promis de veiller «à ce que les géants du web paient de l’impôt sur les recettes qu’ils génèrent au Canada».
M. Carney n'a, depuis le début de la campagne électorale, pas indiqué publiquement s'il avait l'intention de maintenir la Taxe sur les services numériques. Lundi, son équipe de campagne n'a pas répondu à une demande de précision de La Presse Canadienne visant à clarifier quelle est la position du chef libéral et premier ministre sortant.