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«Je crois, comme mon père y croyait, que Pierre Poilievre est prêt à nous mener à un pays plus fort».
Le chef conservateur Pierre Poilievre a déclaré mercredi vouloir accélérer les négociations commerciales avec les États-Unis afin de dissiper «l'incertitude» entourant les droits de douane imposés par le président américain Donald Trump.
Il a présenté son plan pour résoudre la guerre commerciale lors d'un discours prononcé à Toronto mercredi matin, avant l'annonce attendue de la Maison-Blanche concernant une nouvelle vague de droits de douane réciproques.
M. Poillievre a déclaré que, s'il devient premier ministre après les élections fédérales du 28 avril, il proposera une renégociation anticipée de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), avant sa révision prévue en 2026.
«L’accord doit être renégocié l’année prochaine, peu importe. Ce n'est pas une question de si, mais une question de quand», a-t-il soutenu, ajoutant: «Pourquoi attendre? Pourquoi ne pas agir maintenant? Pourquoi ne pas mettre fin à l'incertitude qui paralyse les deux côtés de la frontière?»
Il a affirmé que le Canada demanderait une suspension de tous les droits de douane pendant ces négociations.
L'accord commercial, souvent appelé ACEUM au Canada, a été négocié pendant le premier mandat de Donald Trump et sera révisé en 2026. De nombreux experts en commerce ont déclaré que les droits de douane imposés par le président américain ont effectivement suspendu une grande partie de cet accord.
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Steve Verheul, négociateur en chef du Canada sur l'ACEUM, et son ancien homologue mexicain, Ken Smith Ramos, ont déclaré le mois dernier que les actions de M. Trump avaient «entraîné une brèche» dans l'accord commercial.
La semaine dernière, le chef libéral, Mark Carney, s'est entretenu par téléphone avec le président américain pour la première fois depuis son investiture comme premier ministre le 14 mars. Ils ont convenu que le Canada et les États-Unis entameraient des négociations après les élections canadiennes en vue d'un nouveau pacte économique et de sécurité.
Les journalistes ont interrogé Pierre Poilievre sur les efforts qu'il avait déployés pour établir des relations avec l'administration Trump. Il a déclaré qu'il agissait selon la «règle d'un premier ministre à la fois».
«Je ne suis évidemment pas d'accord avec les politiques de Justin Trudeau et Mark Carney sur les hausses de taxes, l'inflation, le coût du logement, et j'en passe, mais ils occupent le poste de premier ministre. Il ne faut pas diviser notre voix et nos liens avec l'exécutif de la Maison-Blanche en ayant un contact direct», a-t-il déclaré.
M. Poilievre n'a pas répondu lorsqu'on lui a demandé s'il avait sollicité Jamil Jivani, candidat conservateur et député sortant de Durham, pour contacter son ami de longue date, le vice-président américain J.D. Vance.
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MM. Jivani et Vance ont dîné ensemble en décembre avant le retour de Donald Trump au pouvoir pour un second mandat. M. Jivani a déclaré à La Presse Canadienne qu'il avait souligné lors de cette conversation l'importance d'une relation solide entre les deux partenaires commerciaux.
Pierre Poilievre a également énoncé mercredi une série de «lignes rouges» qu'il a dit fixer avant toute négociation avec le président Trump.
Ces lignes comprennent la sécurisation de la frontière, la protection des agriculteurs soumis à la gestion de l'offre et des travailleurs de l'industrie automobile, le maintien des droits sur l'eau et les autres ressources naturelles du Canada, ainsi que le maintien du dollar canadien, des langues officielles et des droits des Autochtones.
«Le Canada ne sera évidemment jamais le 51e État, a martelé le chef conservateur. C'est non négociable. Nous protégerons la souveraineté du Canada dans toutes les négociations.»
M. Poilievre a également annoncé que «tous les revenus qu'on récolte en conséquence d'une meilleure entente de libre-échange vont financer une (force) militaire plus grande, plus forte pour protéger notre souveraineté et élargir notre présence dans le Grand Nord», ajoutant que le Canada atteindrait l'objectif de l'OTAN de consacrer 2 % de son PIB à la défense.
Un nouvel accord commercial avec les États-Unis serait l'«idéal», selon le chef conservateur, mais le Canada doit également se concentrer sur la construction d'une économie qui ne dépend plus de son principal partenaire commercial.
«Nous avons besoin d'un plan à long terme pour bâtir notre forteresse économique au Canada afin de ne plus jamais être vulnérables à ce genre de menaces», a-t-il expliqué.
Pierre Poillievre a déclaré que si Donald Trump allait de l'avant avec l'imposition de droits de douane, il faudrait «riposter avec des contre-tarifs qui ciblent des produits dont on n'a pas besoin, qu'on peut faire par nous-mêmes ou qu' on peut acheter ailleurs».
Les conservateurs promettent également un programme de prêts temporaires aux entreprises touchées par les droits de douane afin de permettre à leurs employés de continuer à travailler pendant le conflit commercial.
Interrogé sur la taille et la portée du fonds proposé, M. Poilievre a répondu que cela dépendrait de l'ampleur des droits américains.
«Plus les droits de douane sont faibles, plus le fonds est restreint. Plus les droits de douane sont élevés, plus le fonds est important», a-t-il précisé.
Donald Trump prévoit de dévoiler son programme de droits de douane réciproques à la Maison-Blanche mercredi vers 16 h.
Le président américain a déclaré qu'il imposerait des droits de douane réciproques en augmentant les droits de douane américains pour qu'ils correspondent aux taux de taxation appliqués par d'autres pays sur les importations. On ignore si la suspension temporaire des droits de douane distincts à l'échelle de l'économie canadienne sera levée.
La fille de l'ex-premier ministre Brian Mulroney, Caroline Mulroney, a donné mercredi son appui au chef conservateur, que son père appréciait particulièrement, selon elle.
Mme Mulroney, qui est l'actuelle présidente du Conseil du trésor en Ontario, a livré un discours passionné en appui à M. Poilievre et aux politiques qu'il propose dans cette campagne.
Elle a rappelé que son père avait cru en Pierre Poilievre lorsqu'il s'est présenté pour la première fois à l'âge de 25 ans, en 2004.
Mme Mulroney a déclaré qu'après dix ans de règne libéral, il était temps d'amener du changement au Canada, affirmant que les messages de M. Poilievre avaient de la résonnance chez ses quatre enfants, qui sont de jeunes adultes.
«Je crois, comme mon père y croyait, que Pierre Poilievre est prêt à nous mener à un pays plus fort, plus uni et plus prospère que celui que nous avons hérité», a-t-elle affirmé avant de lui céder la parole.
M. Poilievre a remercié Mme Mulroney, affirmant qu'il aurait envie de parler à son père plus que jamais dans le contexte actuel.
En cette onzième journée de campagne, M. Poilievre demeurera en Ontario. Il sera en soirée à Kingston, où il doit participer à un rassemblement partisan.