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Avant 1960, les membres des Premières Nations devaient généralement renoncer à leur statut d'«Indien» pour voter.
Les Autochtones du Canada sont moins susceptibles que les autres de voter aux élections fédérales, héritage de décennies de méfiance et de tensions entre leurs communautés et Ottawa.
Aujourd'hui, Élections Canada et les candidats autochtones s'efforcent de renverser la situation et d'accroître la participation électorale dans les communautés autochtones lors de la campagne électorale actuelle.
Avant 1960, les membres des Premières Nations devaient généralement renoncer à leur statut d'«Indien» pour voter.
Le souvenir de cette époque est encore présent, ce qui rend certains Autochtones réticents à voter. D'autres considèrent le vote aux élections fédérales comme une violation des traités uniques que leurs communautés ont conclus avec la Couronne.
«C'est un débat difficile, car certaines personnes ne veulent pas participer à une démocratie occidentalisée», a expliqué Jennifer Laewetz, PDG de Paskwâw Strategies, un cabinet-conseil qui travaille avec des organisations autochtones en contact avec Ottawa ou des entreprises privées.
«Mais je crois aussi que tout ce que nous décidons en matière de vote a un impact certain sur nous, surtout en ce moment, a-t-elle ajouté, citant les menaces économiques et d'annexion émanant de la Maison-Blanche. Nous sommes un peuple souverain, mais il y a des événements qui se produisent à l'intérieur ou à l'extérieur de notre pays et qui peuvent aussi nous affecter.»
Tania Cameron, candidate Anishinaabe du NPD dans Kenora-Kiitwetinnong, compte 38 Premières Nations dans sa circonscription. Elle a expliqué, tout en souhaitant voir davantage d'Autochtones voter, qu'elle respecte également ceux qui choisissent de ne pas voter par principe.
Pendant la campagne de 2021, les responsables électoraux ont été contraints de déplacer un bureau de vote des Six Nations de la rivière Grand, près de Hamilton, en Ontario, hors de la réserve en réponse aux manifestations.
La semaine précédant le vote, les chefs et les mères de clan du Conseil des chefs de la Confédération Haudenosaunee — un organisme plus ancien que le conseil de bande de la communauté et fonctionnant indépendamment de celui-ci — ont publié un communiqué de presse demandant le retrait de tous les bureaux de vote du territoire haudenosaunee, qualifiant cela de violation des droits issus de traités.
Ils ont déclaré que les accords conclus par leurs ancêtres les engageaient, eux et le gouvernement fédéral, à ne pas interférer «dans le gouvernement, les lois et les coutumes des uns et des autres».
Mme Cameron a affirmé qu'elle s'efforçait de changer la façon dont les habitants de sa région percevaient le vote. Elle a ajouté que les Autochtones peuvent défendre la souveraineté de leurs nations en votant pour les candidats fédéraux qui, selon eux, constitueraient «le meilleur partenaire de traité» pour leurs communautés.
Billy Morin, ancien chef de la nation crie d'Enoch et candidat conservateur dans Edmonton Nord-Ouest, a indiqué qu'il considérait la participation des Autochtones aux élections fédérales comme faisant partie des «partenariats» des communautés avec le reste du pays.
«Un traité ne devrait pas être interprété comme une inaction des dirigeants et des Premières Nations ; il devrait être interprété comme une vocation supérieure à collaborer avec les Canadiens pour créer des partenariats pour la prospérité, a-t-il soutenu. Il est important que vous participiez et que vous fassiez entendre votre voix, car ce sont des choses qui comptent pour les gens ordinaires qui vivent sur ce territoire.»
Le député libéral Jaime Battiste, d'origine micmaque et dont la circonscription comprend la Première Nation d'Eskasoni et quatre autres, a expliqué que les membres des Premières Nations, en particulier, sont plus enclins à voter lorsqu'ils voient des représentants autochtones au Parlement.
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«En 2015, nous avons constaté une prise de conscience chez les peuples autochtones du Canada quant à l'importance de s'impliquer en politique», a expliqué M. Battiste, faisant référence au mouvement de protestation Idle No More qui a pris de l'ampleur sous le gouvernement de l'ancien premier ministre Stephen Harper.
«Les jeunes Autochtones sont l'un des groupes démographiques qui connaissent la croissance la plus rapide au Canada, et s'ils choisissent de s'exprimer et de participer à ce processus, ils peuvent avoir un poids considérable dans l'élection du prochain premier ministre du pays», a-t-il ajouté.
Une analyse de l'Assemblée des Premières Nations a identifié 36 circonscriptions où les électeurs des Premières Nations pourraient influencer le résultat.
L'analyse montre que dans 25 de ces circonscriptions, le nombre d'électeurs des Premières Nations est supérieur à la marge de victoire lors des dernières élections fédérales. Les membres des Premières Nations représentent 10 % de tous les électeurs admissibles dans 19 des 36 circonscriptions.
Un rapport d'Élections Canada publié plus tôt cette année indiquait que le coût de la vie plus élevé dans les régions éloignées empêche certains candidats potentiels de se présenter et que la politique canadienne manque de représentants autochtones.
La cheffe nationale de l'Assemblée des Premières Nations, Cindy Woodhouse Nepinak, a appelé les partis à soutenir davantage les candidats autochtones et à s'assurer qu'ils se présentent là où ils ont de bonnes chances de réussir.
«C'est tellement irrespectueux de toujours se battre pour obtenir une place à la Chambre des communes», a-t-elle indiqué.
La cheffe Woodhouse Nepinak a expliqué que les électeurs autochtones devraient se demander si les candidats qui les représentent ont visité leurs communautés ou tenté d'entrer en contact avec elles.
Élections Canada affirme prendre des mesures pour accroître la participation des Autochtones aux élections fédérales.
Susan Torosian, chef des affaires publiques de l'organisme, a expliqué à La Presse Canadienne qu'Élections Canada collaborera davantage avec les communautés autochtones et communiquera avec les électeurs dans leurs langues autochtones le jour du scrutin et avant celui-ci.
Élections Canada prévoit également 400 bureaux de vote dans les communautés autochtones du pays, avec des options de vote flexibles dans les réserves et autres régions éloignées ou à faible densité de population. C'est plus de trois fois le nombre de bureaux de vote dans les communautés autochtones lors des dernières élections fédérales.
«Nous offrons ces services aux communautés qui le souhaitent et reconnaissons que nous traitons avec des nations souveraines et que nous devons respecter leurs choix», a affirmé M. Torosian.