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Politique

Blanchet appelle ses militants à «rayonner» en vue d'un référendum sur l'indépendance

«Tout suggère que ça va bien.»

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, tient une conférence de presse à Québec, le jeudi 3 avril 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, tient une conférence de presse à Québec, le jeudi 3 avril 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot
Patrice Bergeron
Patrice Bergeron / La Presse canadienne

Le chef bloquiste Yves-François Blanchet est retourné faire campagne brièvement en Montérégie samedi, pour une deuxième journée consécutive, dans la circonscription de Saint-Hyacinthe-Bagot, réputée pour être déjà un bastion nationaliste. 

Il a incité ses militants à faire une «différence historique pour le Québec» en leur faisant miroiter un éventuel référendum sur l'indépendance. 

En fin de journée, il a fait un aller-retour à partir de Montréal vers Saint-Hyacinthe pour aller encourager pendant une petite demi-heure les militants au local électoral du député bloquiste sortant, Simon-Pierre Savard-Tremblay, sur une rue commerciale.

La lutte pourrait être serrée alors que les sondages nationaux suggèrent une avance du Parti libéral de Mark Carney, à 52 % selon l’enquête Nanos réalisée ces derniers jours, contre 23 % pour le Bloc, mais avec un petit échantillon au Québec, 279 répondants.

«On va montrer à notre chef que le comté, on le gagne et on le gagne fort», a lancé M. Savard-Tremblay à ses troupes, environ une trentaine de militants de tous âges, en attendant que le chef sorte de son autocar de campagne, sous un ciel qui ne donnait pas le goût de sortir. 

On retrouvait parmi les militants l’ancien député péquiste Émilien Pelletier élu sous Pauline Marois, mais aussi Jacques Beauséjour, député péquiste de la circonscription voisine d'Iberville de 1976 à 1985. 

M. Pelletier a convenu que la lutte dans Saint-Hyacinthe est peut-être un peu plus serrée qu'en 2021, lorsque M. Savard-Tremblay avait raflé 47 % des suffrages. 

«Le pointage est bon partout, la conjoncture est bonne, ceux qui étaient sympathisants sont demeurés sympathisants, ça va très bien», a-t-il toutefois précisé en entrevue avec La Presse Canadienne, après l'allocution du chef. 

Le «pointage» consiste à contacter les électeurs pour vérifier leurs allégeances, puis ensuite faire un suivi auprès des sympathisants pour les incite à aller voter.

«Simon-Pierre a fait ses devoirs et la population va le reconduire», a-t-il poursuivi.

M. Savard-Tremblay a en quelque sorte déjà été au front, alors qu'une nouvelle guerre commerciale est en cours avec les États-Unis: il a fait plusieurs missions à Washington à titre de porte-parole du parti en Commerce international et en gestion de l'offre agricole.

«Le travail que le Bloc aura à faire, c'est la défense de la gestion de l'offre de nos agriculteurs», lui a d'ailleurs lancé l'ancien député Jacques Beauséjour.

M. Blanchet a fait savoir qu'il est parfois mécontent de la couverture de la campagne électorale, comme à quelques reprises depuis le début de la campagne.

«Il y a des 'spins', il y a des périodes où on aime moins ce qu'on lit dans les médias», a-t-il évoqué. 

Mais il a rappelé qu'aux scrutins de 2019 et 2021, son parti a fini plus fort que les projections qu'on lui donnait en début de campagne et il estime que ce sera de nouveau le cas en 2025.

Ordre du jour indépendantiste

Son plan est d'«imposer un ordre du jour québécois» à un prochain gouvernement minoritaire à Ottawa. 

Alors le 29 avril, lendemain de l'élection, «on pourrait se trouver à expliquer aux pays du G7 et de l'Occident qu'un pays du G7 est obligé de tenir compte de sa composante française québécoise sans laquelle rien n'est possible», a-til fait miroiter. 

Au même moment, le téléphone d'un militant a sonné.

«Ça doit être encore (le président) Emmanuel Macron qui m'appelle», a lâché le chef pour faire rire ses partisans.

«Ça a gâché ma conclusion» a-t-il continué, un punch qu'il réservait à ses militants indépendantistes. 

Il les a appelés à «rayonner» pour faire «une différence historique pour le Québec», en vue de préparer le prochain rendez-vous, les élections générales québécoises de 2026, puis éventuellement, un référendum sur l'indépendance.

«On va aider à l'élection d'une majorité de députés souverainistes» du Parti québécois et leur chef Paul St-Pierre Plamondon «pourra voir quelle est sa stratégie et comment on s'en va ensemble vers l'indépendance du Québec, ce qui est notre job à tous», a-t-il conclu sous les applaudissements.   

M. Blanchet s'est même projeté pour la suite. «Quand le Québec sera souverain, je me trouverai une chaise berceuse et une galerie et je me dirai: 'heille, on a fait la job.'»

Le chef du Bloc a ensuite quitté le local électoral et il n'a pas visité le Marché public de Saint-Hyacinthe, comme il était prévu à l'origine.

Il n’a pas tenu non plus sa traditionnelle mêlée de presse de l'après-midi.

Des candidats propres

En conférence de presse en matinée à Montréal, le leader bloquiste avait assuré que ses candidats ont été «filtrés minutieusement», dans le contexte où ses adversaires ont dû retirer des candidats de la campagne.

Cette semaine, pas moins de sept candidats au total du Parti conservateur du Canada (PCC) et du Parti libéral (PLC) ont abandonné. 

Le PCC a dû montrer la porte à cinq candidats, tandis qu'un député libéral sortant a dû renoncer à la course en raison de propos controversés et un autre candidat du PLC a été poussé vers la sortie. Mais le Bloc assure jusqu'à maintenant que ses candidats sont au-dessus de tout soupçon.

«Je ne me prétends pas à l'abri de quoi que ce soit, mais évidemment, à ce stade-ci, tout suggère que ça va bien», a déclaré le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, en conférence de presse au palais des congrès de Montréal.

«Si quelqu'un avait trouvé quelque chose sur un de nos candidats, il commencerait par poser une question comme celle que vous me posez», a-t-il aussi lancé.

Il a néanmoins assuré que le bagage de chacun de ses aspirants avait été soigneusement scruté.

«Nos gens ont été filtrés minutieusement, il y a des plumitifs vérifiés, on regarde les antécédents, on fouille dans les réseaux sociaux», a-t-il argué.

Blanchet interpellé sur la situation en Haïti

Le chef bloquiste a rencontré samedi midi les représentants de regroupements de personnes issues de l'immigration dans un restaurant quasi désert de la circonscription d'Hochelaga-Rosemont-Est, à Montréal.

Parmi eux il y avait notamment Héritage Hispanique de Montréal et aussi des représentants de la communauté haïtienne, venus réclamer des changements au système d'immigration actuel.  

Haïti est en proie à une guerre de gangs et beaucoup de personnes qui craignent pour leur vie veulent se réfugier au Canada, mais les règles sont plus restrictives, a déploré Frantz André, de Solidarité Québec-Haïti.

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Ce sont de «vrais demandeurs d'asile» a-t-il plaidé auprès de M. Blanchet. 

«L'écoute est là, naturellement il connaît bien le dossier, c'est un politicien, et nous sommes des activistes et nous avons un coeur qui bat tous les jours», a affirmé M. André après la rencontre.

«C'est une communauté qui vit une anxiété et un traumatisme. Les politiciens ont le devoir d'être sensibles à cela. (...) On souhaite des résultats probants.»

«On trouve que le Canada n'a pas fait assez», a pour sa part soutenu l'avocat Roosevelt Verdure Rosier.

L'«arrivée massive d'Haïtiens» est causée entre autres par la criminalité qui «augmente de jour en jour», a-t-il ajouté, en déplorant que les sanctions du Canada ne soient pas bien appliquées.

En 2021, le Bloc espérait ravir la circonscription d'Hochelaga aux libéraux et y avait mis des efforts mais avait échoué: Soraya Martinez Ferrada avait été élue avec 3000 voix d'avance sur le bloquiste Simon Marchand.

Cette fois, le Bloc présente Rose Lessard pour affronter Mme Martinez Ferrada. 

Sièges sociaux

Par ailleurs, le Bloc québécois a réclamé samedi des règles plus musclées pour bloquer l'acquisition des entreprises d'ici par des sociétés étrangères et la centralisation des décisions économiques à Toronto.

M. Blanchet n'a pu s'empêcher de décocher des flèches à son adversaire libéral Mark Carney, qui serait en avance au Canada et au Québec selon les sondages.  

«Le Canada centralise son autorité politique à Ottawa et centralise son autorité économique à Toronto, et (le chef libéral) Mark Carney est le fils de ce système», a-t-il soutenu, en faisant référence ainsi à son passé de grand banquier. 

Cette centralisation «ne sert pas le Québec», a-t-il ajouté.

Le leader bloquiste a évoqué les exemples de St-Hubert, Sico, Rona et le Cirque du Soleil, des entreprises d'ici qui ne sont plus sous contrôle québécois.  

M. Blanchet demande des modifications à la Loi sur Investissement Canada, afin de mieux encadrer les prises de contrôle d’entreprises par des compagnies d'ailleurs.

Il a également réclamé des négociations avec le Québec et les autres provinces pour modifier les différentes législations sur les sociétés par actions.

Enfin, il s'est engagé à lutter contre les tentatives de centralisation des marchés financiers vers Toronto.

Le chef bloquiste a insisté sur l'importance de conserver ici les sièges sociaux des entreprises.

Incidemment, du lieu de sa conférence de presse au palais des congrès, il faisait face au siège social de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui a oeuvré à préserver les centres de décisions ici.   

Garder un siège social, c'est préserver la «prise de décision qui peut se faire dans le sens des intérêts du Québec», a-t-il plaidé, alors qu'à l'inverse,  c'est «favoriser la délocalisation de la prise de décision vers les intérêts d'autrui à l'extérieur du Québec».

Les 550 sièges sociaux présents au Québec représentent pas moins de 20 000 emplois, a fait valoir le chef du Bloc, en plus de 20 000 autres emplois chez des fournisseurs. 

Les entreprises tendent aussi à faire la recherche et le développement sur le même territoire que leur siège social, a-t-il ajouté. 

Patrice Bergeron
Patrice Bergeron / La Presse canadienne