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L'opération visant M. Carney «amplifie délibérément et de manière coordonnée des récits trompeurs sur WeChat à l’intention d’auditoires chinois, dont ceux au Canada»
Des responsables de la sécurité fédérale affirment avoir découvert une opération d'information en ligne liée au gouvernement chinois qui visait le chef libéral Mark Carney.
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Le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections affirme avoir remonté l'opération jusqu'à Youli-Youmian, le compte d'actualité le plus populaire sur la plateforme de médias sociaux WeChat.
Des rapports de renseignement relient le compte Youli-Youmian à la Commission centrale sur les questions politiques et juridiques du Parti communiste chinois.
Un document d'information publié lundi par le Bureau du Conseil privé indique que des récits ont été diffusés sur WeChat, amplifiant la position de M. Carney sur les États-Unis et ciblant son expérience et ses qualifications.
Les analystes ont décelé des «récits positifs et négatifs» à l'égard de Mark Carney dans cette opération, a précisé Larisa Galadza, directrice générale d'Affaires mondiales Canada, qui abrite une unité de surveillance de l'environnement en ligne.
Le groupe de travail sur la sécurité comprend des représentants d'Affaires mondiales Canada, du Service canadien du renseignement de sécurité, de la Gendarmerie royale du Canada et du Centre de la sécurité des télécommunications, l'agence canadienne de cyberespionnage.
Le groupe de travail a conclu que l'opération d'information concernant M. Carney visait à influencer les communautés chinoises au Canada et à façonner l'image du chef libéral.
Le compte Youli-Youmian a également ciblé le conservateur Michael Chong il y a deux ans et la libérale Chrystia Freeland plus tôt cette année, selon le document d'information.
Le groupe de travail signale une forte augmentation de ce qu'il qualifie d'«activité inauthentique coordonnée» le 10 mars, avant le déclenchement des élections fédérales, et de nouveau pendant la période électorale, le 25 mars.
«Lorsqu'on parle de comportements coordonnés et inauthentiques, on constate, par exemple, qu'un même titre apparaît dans plusieurs sources médiatiques, étrangères, généralement (…) et est publié à quelques minutes, voire secondes d'intervalle, a expliqué Mme Galadza lundi lors d'un point de presse. Il ne s'agit pas d'une diffusion d'information classique et naturelle.»
Les responsables ont fourni des captures d'écran de deux exemples d'articles en chinois concernant M. Carney partagés sur WeChat.
Une traduction de la Presse canadienne indique que le premier article, intitulé «Les États-Unis font face à un premier ministre canadien 'dur'», est un compte rendu assez simple de la récente ascension de Mark Carney à la direction du Parti libéral, malgré les menaces persistantes du président américain Donald Trump envers le Canada.
L’article indique que, bien que M. Carney n’ait pas beaucoup d’expérience politique, il est clair qu’il «a un plan de relance économique ambitieux».
Le deuxième article, intitulé «La voie du Canada vers la survie électorale», relate certaines des premières actions de Mark Carney en tant que premier ministre.
«En tant que vétéran ayant travaillé dans le secteur financier pendant de nombreuses années, Carney est rompu à l’art de 'parler avec les données'. Il a rapidement lancé une politique de réduction d’impôts dès son arrivée au pouvoir.»
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L’article précise ensuite que sa carrière politique «n’a pas été de tout repos jusqu’à présent».
Lors d'une conférence de presse en français, il a commis de nombreuses fautes de langue et a été moqué par les journalistes. Un commentateur a déclaré : «Son niveau de français est probablement aussi bon que les fautes de grammaire de Trump lorsqu'il publie en ligne !»
M. Chong, qui brigue sa réélection pour les conservateurs dans une circonscription ontarienne, a cité des informations positives concernant M. Carney dans les articles comme preuve que «le Parti communiste de Pékin mène une campagne sophistiquée d'ingérence dans les élections canadiennes» dans le but de faire élire les libéraux.
En vertu d'un protocole fédéral instauré en 2019, un groupe de hauts fonctionnaires a le pouvoir d'avertir le public s'il estime qu'un ou plusieurs incidents menacent la capacité du Canada à tenir un scrutin libre et équitable.
Ce groupe comprend le greffier du Conseil privé, le conseiller à la sécurité nationale et au renseignement, la sous-procureure générale et les sous-ministres de la Sécurité publique et des Affaires étrangères.
Connu sous le nom de «groupe des cinq», il reçoit régulièrement des mises à jour du groupe de travail sur la sécurité.
Laurie-Anne Kempton, secrétaire adjointe du Cabinet chargée des communications et des consultations, a déclaré lundi lors de la séance d'information que le groupe avait conclu que l'activité sur WeChat concernant M. Carney n'affectait pas la capacité du Canada à tenir un scrutin libre et équitable.
«Cette affaire est circonscrite à une seule plateforme et ne s'est pas propagée plus loin, et ne compromet pas la capacité des Canadiens de prendre une décision éclairée au sujet de leur vote, précise le communiqué», est-il précisé dans le document d'information. «Cependant, il est important que les électeurs soient au courant de ce type d'activité et qu'ils fassent preuve de prudence en ce qui concerne l'information qu'ils pourraient voir en ligne et hors ligne.»
«Nous ne savons pas exactement combien de Canadiens ont pu voir le récit ; il était donc important pour nous de le signaler, mais il est difficile d'évaluer plus en détail», a ajouté Mme Kempton lors du point de presse.
Un représentant du Parti libéral a été informé des conclusions le 6 avril, a ajouté Mme Kempton.
Le groupe de travail fera part de ses préoccupations à Tencent, le développeur de WeChat, ajoute le communiqué.
Le gouvernement fédéral affirme qu'il est important que les électeurs soient prudents avec l'information qu'ils pourraient voir, en ligne et hors ligne, pendant la campagne électorale.
Les Canadiens devraient toujours évaluer l'information de manière critique et prendre le temps d'examiner les sources et les messages, ont indiqué des responsables lundi.
Avec les informations de Nono Shen de La Presse canadienne à Vancouver