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Les deux banques ont tout de même réussi à dépasser les attentes des analystes pour le trimestre se terminant le 31 janvier.
TORONTO - La menace et l’incertitude entourant les tarifs douaniers freinent l’emprunt et l’activité économique, ont affirmé la Banque Scotia et BMO Groupe financier lors de la publication des résultats bancaires du premier trimestre mardi.
Les deux banques ont tout de même réussi à dépasser les attentes des analystes pour le trimestre se terminant le 31 janvier, en partie grâce à une hausse des revenus de négociation due à la volatilité induite par les élections américaines.
Les bénéfices n’ont pas non plus été alourdis par la menace de tarifs douaniers qui les obligerait à mettre de côté plus d’argent pour les pertes sur créances, car il y avait trop peu de marge pour procéder à ces ajustements pour le moment, selon les banques.
«Il est difficile d’agir en fonction des gros titres et des micromessages (sur les réseaux sociaux)», a indiqué le chef de la gestion du risque de la Banque Scotia, Phil Thomas, lors d’une conférence téléphonique avec les analystes mardi.
Le président américain Donald Trump a annoncé lundi qu’il avait l’intention d’imposer des tarifs douaniers contre le Canada le 4 mars, mais il avait précédemment déclaré qu’il les mettrait en œuvre début février.
L’incertitude entraîne un ralentissement de l’activité, notamment dans des domaines comme les plans d’investissement, les fusions et acquisitions et les emprunts.
Le chef de la direction de BMO, Darryl White, a souligné qu’il était difficile de planifier lorsque tant de choses changent, même depuis le 1er février, quand M. Trump a imposé des tarifs douaniers pour ensuite les suspendre juste avant leur mise en œuvre prévue le 4 février.
«C’est frustrant pour beaucoup de gens», a constaté M. White.
«Cela ne fait que 24 jours que cela s’est produit, et la durée de vie de toute prédiction au cours de ces 24 jours a été... d’environ 24 heures. Il est donc difficile de saisir où tout cela nous mène.»
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Il a remarqué que plusieurs clients appuyaient effectivement sur le bouton «pause» de certaines activités commerciales en attendant des éclaircissements.
«Les niveaux d’anxiété sont un peu plus élevés au Canada qu’aux États-Unis, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’anxiété aux États-Unis non plus», a dit M. White.
C’est un phénomène que constate également la Banque Scotia, selon M. Thomas.
«Que ce soit du côté du commerce de détail, du côté des entreprises ou du côté commercial, on observe une certaine stagnation en ce moment. Cela amène les gens à faire une pause et à réfléchir à ce qu’ils vont faire.»
Les banques ont expliqué que, même si elles n’avaient pas encore procédé à des ajustements significatifs des dotations pour pertes sur créances liées à la menace, elles disposaient des réserves de capital nécessaires pour le faire et réagiraient lorsque des politiques fermes seraient mises en place.
«Si des tarifs douaniers sont imposés au deuxième trimestre, nous procéderons à la constitution appropriée de dotations au deuxième trimestre. Ce sera une constitution importante, mais gérable et nous y parviendrons », a déclaré M. Thomas.
La Banque Scotia a ajouté 132 millions $ à ses dotations du trimestre précédent pour porter son total à 1,16 milliard $, l’ajout provenant en partie de sa division bancaire canadienne et de perspectives de consommation plus prudentes.
Les dotations de BMO ont totalisé 1,01 milliard $, en diminution par rapport aux 1,52 milliard $ du quatrième trimestre, grâce à une baisse de ses divisions américaines et des marchés financiers, tandis que ses provisions canadiennes ont augmenté.
Les banques disposent également d’importantes réserves de capital, la Banque Scotia à 12,9 % et BMO à 13,6 %, bien au-dessus du minimum réglementaire de 11,5 %.
Les deux banques ont signalé que, malgré des réserves importantes, elles hésiteront à hausser les versements aux actionnaires en raison de l’incertitude.
La Banque Scotia a indiqué qu’elle serait prudente quant au retour du capital aux actionnaires, mais elle s’attend à reprendre une croissance modeste des dividendes au prochain trimestre et espère commencer les rachats d’actions d’ici la fin de l’année.
BMO a pour sa part précisé qu’elle laisserait probablement son ratio de capital augmenter plutôt que d’accélérer le rythme des rachats d’actions.
Les banques ont accumulé des réserves, car elles ont toutes deux déclaré des bénéfices ajustés en hausse par rapport à l’année dernière.
BMO Groupe financier a réalisé un bénéfice de 2,14 milliards $ au premier trimestre, en hausse par rapport à 1,29 milliard $ au même trimestre de l’année dernière, grâce à la vigueur de ses activités de gestion de patrimoine et de marchés financiers.
La Banque Scotia a dévoilé un bénéfice net de 993 millions $, en baisse par rapport à 2,2 milliards $ l’année dernière en raison d’une charge de 1,36 milliard $ liée à la vente de ses activités en Colombie, au Costa Rica et au Panama.
Sur une base ajustée, BMO a annoncé un bénéfice de 3,04 $ par action au cours de son dernier trimestre, en hausse par rapport à un bénéfice ajusté de 2,56 $ par action un an plus tôt.
Les analystes s’attendaient en moyenne à ce que BMO réalise un bénéfice ajusté de 2,41 $ par action, selon LSEG Data & Analytics.
Le bénéfice ajusté de la Banque Scotia s’est établi à 1,76 $ par action, en augmentation par rapport à un bénéfice ajusté de 1,69 $ par action un an plus tôt et en avance sur les attentes des analystes de 1,65 $ par action.
L’analyste John Aiken, de Jeffries, a écrit dans une note que les deux banques ont entamé la saison des résultats avec de solides chiffres stimulés par une bonne performance du crédit, une activité accrue des marchés financiers et le vent arrière de la faiblesse du dollar canadien, qui a stimulé les revenus provenant de l'étranger.
Il a ajouté que les tendances pourraient préparer un bon trimestre pour le secteur alors que d’autres banques publieront leurs résultats plus tard cette semaine, mais la question des tarifs douaniers demeure.
«Les perspectives restent prudentes, car la menace des tarifs américains a résonné lors des conférences téléphoniques sur les résultats respectifs.»
Les deux banques ont spécifié avoir examiné de nombreux scénarios sur la manière dont les tarifs pourraient affecter les bénéfices à l’avenir, mais, pour l’instant, il faut attendre et voir.
«Nous allons travailler sur un certain nombre de variables, la taille et la durée des tarifs, le degré de représailles, le montant des subventions gouvernementales, les actions des clients, les actions des banques», a indiqué M. Thomas de la Banque Scotia.
«Il est vraiment difficile de vous donner une fourchette ou un résultat à ce stade sans avoir une certaine compréhension de ce à quoi ressemblent ces tarifs.»