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International

«Jour de la libération»: Mark Carney prépare la riposte canadienne aux tarifs de Trump

«Dans une crise, il est important de s’unir.»

Reportage vidéo :

Texte :

/ Noovo Info
/ La Presse canadienne

La Maison-Blanche affirme que le Canada et le Mexique sont exemptés des nouveaux droits de douane «réciproques» annoncés mercredi par le président américain Donald Trump.

Une fiche d'information du bureau de M. Trump indique que les marchandises importées dans le cadre de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) ne seront pas soumises à des droits de douane, tandis que celles qui ne sont pas visées par l'entente seront soumises à des droits de douane de 10 %. 

Le Canada n'a pas été inclus dans la longue liste dévoilée par M. Trump mercredi après-midi, qui indique les niveaux des droits de douane auxquels la plupart des autres pays seront soumis à compter de jeudi.

M. Trump a également annoncé qu'il maintiendrait jeudi les droits de douane de 25 % annoncés précédemment sur les importations d'automobiles. 

M. Trump a déclaré qu'il imposerait des droits de douane «réciproques» en augmentant les droits de douane américains pour qu'ils correspondent aux taux appliqués par les autres pays sur les importations.

En réaction à ces annonces, le premier ministre canadien sortant, Mark Carney, a dit aux journalistes que ces mesures du président vont changer «le système du commerce international d'une manière fondamentale». 

M. Carney, qui a mis sur pause sa campagne électorale pour reprendre ses habits de chef d'État, s'est adressé brièvement aux médias mercredi soir, à Ottawa, après une rencontre du conseil sur les relations canado-américaines. 

Il doit rencontrer prochainement son comité du Cabinet chargé des relations avec les États-Unis et s'entretenir jeudi avec ses homologues provinciaux et territoriaux. 

Il a aussi noté que le président Trump a signalé au Canada que d’autres tarifs allaient éventuellement entrer en vigueur dans des secteurs stratégiques, soit en pharmaceutique, dans les matériaux semi-conducteurs et pour le bois.

«Nous sommes dans une situation où il y aura un impact sur l’économie américaine» et où la décision de Trump affectera «directement des millions de Canadiens», a dit le chef libéral au Parlement, en réaction à l’annonce de Trump.

Il a indiqué qu’il allait consulter les provinces et territoires quant aux mesures à adopter. «Nous allons nous battre», a-t-il affirmé.

«Dans une crise, il est important de s’unir.»
- Mark Carney en réaction à l'annonce des nouveaux tarifs de Trump

 

Avant la déclaration de M. Carney, un représentant du cabinet libéral a indiqué à Noovo Info qu'on «essaie toujours de démêler tout ça et attendons les documents officiels».

Le document de tarifs réciproques précise que les produits importés dans le cadre de l'accord commercial continental existant ne seront pas soumis à des droits de douane, tandis que d'autres seront frappés d'un droit de douane de 10 %. Le Canada ne figure pas dans ce document, mais M. Trump a déclaré qu'il prévoyait d'appliquer des droits de douane de 25 % sur toutes les automobiles fabriquées à l'étranger, ce qui inclut le Canada.

Diverses réactions aux tarifs

Le président de l'Union des producteurs agricoles, Martin Caron, qui est membre du conseil du premier ministre sur les relations canado-américaines, demande «d'être stratégique» s'il est question d'imposer des droits de douane de rétorsion de la part du Canada. 

«On sent qu'il y a une évaluation présentement au niveau du Canada pour réévaluer et dire: si on met des contre-tarifs, il faut juste faire attention pour ne pas s'impacter nous autres mêmes directement», a affirmé M. Caron en entrevue. 

Il souhaite que la réponse canadienne comprenne des programmes d'aide directe aux agriculteurs et travailleurs de l'agroalimentaire. 

Sur le réseau social X, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a d'ailleurs souligné que M. Trump «a de nouveau expressément menacé les produits agricoles sous gestion de l’offre (produits laitiers, œufs et volaille), mais sans imposer de tarifs supplémentaires».

En mêlée de presse, M. Blanchet a aussi déploré le maintien des droits de douane «illégaux» sur le bois d'oeuvre et l'aluminium, deux secteurs économiques importants au Québec. 

«Ça fait quand même mal. (...) Mais on comprend a priori que ça aurait pu être pire», a déclaré le chef bloquiste, qui promet une «réaction beaucoup plus complète» jeudi matin, après une analyse plus approfondie de ce qui a été annoncé. 

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a affirmé que les signaux envoyés mercredi par la Maison-Blanche étaient positifs et reflétaient ses efforts pour défendre la cause du Canada lors de rencontres avec des responsables de l'administration Trump et d'entrevues avec les médias américains. 

«Tout cela est une question de relations, a dit M. Ford. J'ai toujours pensé qu'entre les entreprises et le gouvernement, il est essentiel de construire une relation. Je crois que nous l'avons établie.»

Le premier ministre du Québec, François Legault, qui revient d'une mission économique en Allemagne, prévoit réagir jeudi après-midi, lors d'un point de presse à Montréal, à la suite de la rencontre des premiers ministres.

Les tarifs sur les automobiles

La question de la fabrication des voitures a été l’un des sujets que le président américain a soulevés depuis son investiture en janvier dernier. «Ce n’est pas juste qu’on ait une dette de 200 ou 250 milliards de dollars», avait-il déjà lancé devant le World Economic Forum (Forum économique mondial) de Davos en visioconférence à partir d’un podium de la Maison-Blanche. Selon lui, les États-Unis «n’ont pas besoin que le Canada fabrique [leurs] voitures», par exemple.

Les chaînes d’approvisionnement canadiennes pour la fabrication de véhicules soutiennent plus de 124 milliards de dollars d’échanges de voiture et de pièces détachées, selon les données de 2023 de Statistique Canada.

Mais Trump ne se plaint pas que des relations avec le Canada en la matière. Par exemple, les pays de l’Union européenne imposent un taux tarifaire de 10% sur les importations de véhicules de promenade, tandis que ce taux est à 2,5% du côté des États-Unis, comme le rapporte l’agence de presse internationale Reuters.

Les autres menaces tarifaires

En février, devant les médias nationaux rassemblés à la Maison-Blanche, Donald Trump avait aussi affirmé qu’il a l’intention d’imposer des tarifs douaniers d’au moins 25% sur les produits pharmaceutiques et sur les semi-conducteurs.

Il n’avait pas mentionné de date directement, mais compte augmenter les tarifs «substantiellement» pendant l’année.

Les semi-conducteurs sont des composantes importantes dans la fabrication d’appareils électroniques comme les cellulaires ou les satellites. Dans ce secteur, le président Trump dit qu’il pourra bientôt annoncer l’arrivée «des plus grosses compagnies» manufacturières du monde prochainement, mais ne les identifie pas.

«Certaines des plus grandes entreprises du monde nous ont contactés en raison des mesures économiques que nous prenons par le biais des droits de douane et des taxes», avait-il assuré en février. «Elles veulent revenir aux États-Unis.»

«Venez fabriquer votre produit en Amérique et nous vous offrirons les impôts les plus bas de tous les pays du monde.»
- Extrait d’une allocution de Donald Trump devant le Forum économique mondial en janvier 2025

Pour Trump, c’est une question d’équité. «Nous voulons seulement être traités équitablement par les autres nations», a-t-il dit en janvier devant le Forum économique mondial, tout en menaçant une fois de plus de faire du Canada le 51e État américain.

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