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«Les nerfs des investisseurs sont actuellement à vif.»
Un vent de panique s'est emparé des marchés mondiaux vendredi après la réponse ferme de Pékin aux droits de douane américains, laissant craindre une escalade dans les tensions commerciales entre les deux premières puissances économiques du globe.
La Bourse de New York a chuté de près de 6%, pour la deuxième séance consécutive, les investisseurs laissant éclater leurs craintes quant à l'état de l'économie américaine en raison de la vaste offensive commerciale lancée par le président américain Donald Trump.
Le Dow Jones a perdu 5,50%, l'indice Nasdaq a fondu de 5,82% et l'indice élargi S&P 500 a lâché 5,97%, sa pire séance en bourse depuis la crise de la COVID-19 en 2020.
Déjà ébranlées par la dernière offensive protectionniste américaine, les bourses mondiales ont continué de plonger dès le matin après les annonces de Pékin imposant en réponse des droits de douane de 34% sur toutes les importations de biens américains à partir du 10 avril.
En Europe, la Bourse de Paris a planté de 4,26%, effaçant tous ses gains de l'année, peu après avoir perdu plus de 5%. Les Bourses de Francfort et Londres ont toutes deux chuté de 4,95% et Milan de 6,53%, leurs plus fortes chutes depuis le début de la pandémie de COVID-19 en mars 2020. La Bourse suisse a dégringolé de 5,14% et Madrid de 5,83%.
«Les nerfs des investisseurs sont actuellement à vif», écrit Andreas Lipkow, analyste indépendant sollicité par l'AFP.
«L'annonce des droits de douane réciproques de cette semaine par les États-Unis représente le changement le plus radical de la politique commerciale mondiale de ces dernières décennies», affirment les analystes de Deutsche Bank.
Et «les mesures de rétorsion de la Chine annoncent le début d'une escalade» entre les deux géants économiques de la planète, souligne Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marchés à IG France. Tout «ce que le marché craint».
«Le ralentissement de l'économie devient maintenant une certitude», note Gilles Guibout, responsable des actions européennes chez AXA IM.
Les marchés d'actions par ailleurs ont mal accueilli les déclarations du président de la banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell vendredi, affirmant qu'il était «trop tôt pour dire quelle est la politique monétaire appropriée». Une façon de dire qu'il n'entendait pas faire bouger les taux dans ce contexte.
L'onde de choc provoquée par les annonces de droits de douane américaines a ravivé les craintes d'une possible «récession aux États-Unis et à plus grande échelle», souligne Guillaume Chaloin, directeur de la gestion actions de Delubac AM.
Les cours du pétrole, très sensibles aux évolutions de la consommation mondiale, étaient touchés de plein de fouet, évoluant à leur plus bas niveau depuis quatre ans. En après-midi, le prix du baril de Brent de la mer du Nord chutait de 6,74% à 65,41 dollars. Son équivalent américain, le WTI, plongeait de 7,61% à 61,85 dollars le baril.
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«Les craintes d'une récession signifient moins d'industrie et moins de consommation de pétrole», de quoi faire plonger valeurs industrielles et pétrolières.
À Londres, Shell a perdu 7,47% et BP de 7,43%. À Paris, TotalEnergies a abandonné 6,24%. A Milan, Eni a perdu 4,53%. Outre Atlantique, en fin d'après-midi, Exxon Mobil (-4,91%), Chevron (-6,03%), ConocoPhilips (-8,18%) dégringolaient.
Face au chaos commercial, les investisseurs se ruent vers toute valeur refuge qui leur permettrait de constituer une réserve de valeur, avec en premier lieu le marché de la dette, qui garantit un rendement aux investisseurs, et est aussi l'un des grands gagnants de la guerre commerciale.
Les taux d'emprunt souverains se détendent très nettement, signe de l'appétit des investisseurs.
Le taux auquel les États-Unis empruntent à échéance dix ans atteignait 3,93% en fin d'après-midi contre 4,03% à la clôture jeudi. L'équivalent allemand passait de 2,65% à 2,57%, le français de 3,37% à 3,33%.
Côté devises, les valeurs refuges traditionnelles comme le yen et le franc suisse sont recherchées.
Conséquence de la détente des taux d'emprunt des Etats: «les valeurs financières se font attaquer», remarque Guillaume Chaloin.
«Comme les valeurs bancaires reposent sur le prix de l'argent», la baisse des taux d'emprunt long est «beaucoup moins favorable au business des banques et leurs marges», poussant ainsi les titres du secteur dans le rouge, poursuit-il.
À Paris, BNP Paribas a perdu 6,82% et Société Générale 10,45%. À Londres, NatWest a fondu de 8,64% et Barclays de 7,70%. À la Bourse suisse, UBS a perdu 5,25%.