Les prix des véhicules pourraient augmenter en raison des droits de douane

Sean Mactavish, qui est président du marché de voitures d'occasion Autozen, souligne que les prix de certaines voitures d'occasion sont déjà en hausse, car les vendeurs anticipent que les acheteurs rechercheront une meilleure affaire par rapport à un véhicule neuf.

«Les prix des voitures neuves augmentent. Les gens s'intéressent aux voitures d'occasion, et cette hausse de la demande fait grimper les prix des véhicules d'occasion», a-t-il expliqué.

Selon M. McTavish, les consommateurs sont susceptibles de se tourner vers des voitures d'occasion, voire de reporter leurs achats importants, face à l'incertitude et à la hausse des prix.

Une fois les droits de douane appliqués à la chaîne d'approvisionnement, les prix des voitures neuves devraient également augmenter, a souligné Baris Akyurek, vice-président des informations et des renseignements chez Autotrader.ca.

«Une augmentation des prix des voitures neuves est inévitable», juge-t-il.

Il a ajouté que la demande de voitures d'occasion avait connu une progression pendant des semaines avant l'entrée en vigueur des nouveaux droits de douane, les consommateurs anticipant ce qui pourrait arriver.

«Nous pensons que certains des consommateurs qui voulaient anticiper ces augmentations potentielles ont déjà appuyé sur la gâchette, a-t-il indiqué. Nous constatons, surtout depuis début mars, que le marché des voitures d'occasion est en pleine effervescence.»

Le président américain, Donald Trump, a imposé des droits de douane de 25 % sur les véhicules importés, avec un sursis temporaire pour certaines pièces conformes à l'accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique.

De son côté, le Canada a annoncé des droits de douane de rétorsion sur les automobiles en provenance des États-Unis. 

Donald Trump a également instauré des droits de douane sur l'acier et l'aluminium, ce qui accroît la pression sur les coûts pour les constructeurs automobiles.

Ces droits de douane pourraient faire augmenter le prix moyen des véhicules aux États-Unis jusqu'à 5000 $ US, selon un rapport de TD Economics du 27 mars. Si l'exemption pour les pièces conformes à l'ACEUM est supprimée, l'estimation grimpe entre 7000 $ et 10 000 $ US, tandis que les droits de douane sur les métaux ajoutent 1000 $ US de coûts supplémentaires.

Craintes de pénuries

Les dirigeants de l'industrie automobile ont averti que les droits de douane entraîneraient des fermetures d'usines. Stellantis a été la première entreprise à fermer temporairement son usine de Windsor, en Ontario.

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a souligné vendredi que le Canada continuerait de lutter contre les droits de douane et de protéger les travailleurs.

«Message très clair. Président Trump: ces pièces traversent la frontière sept ou huit fois. Si l'un de ces constructeurs automobiles fait faillite, cela entraînera la fermeture des chaînes de montage des deux côtés de la frontière», a-t-il déclaré.

Toute cette absurdité tarifaire avec le Canada, c'est la chose la plus folle que j'aie jamais vue.»

Les fermetures accentueront la pression sur l'offre de voitures, ce qui entraînera également une hausse des prix, selon M. Mactavish.

«Nous allons voir ces pénuries se manifester», a-t-il ajouté.

Pendant la crise de l'offre de véhicules causée par la COVID-19, une hausse similaire des prix des voitures d'occasion s'est produite.

Cette fois, il est probable que la concentration soit particulièrement forte sur certaines marques et certains modèles en fonction de leur lieu de fabrication, a noté M. Mactavish.

«Cela dépend du lieu de fabrication du véhicule, et pas seulement de la position de la marque à l'échelle nationale», a-t-il précisé.

Le moment des augmentations de prix des voitures neuves dépendra en partie de l'inventaire du concessionnaire, a-t-il ajouté.

L'augmentation prévue du coût des véhicules et des réparations pourrait également entraîner un bond des primes d'assurance, selon Ratehub.ca.

«La hausse des prix des automobiles et des pièces détachées pourrait également entraîner une hausse des sinistres pour pertes totales, ce qui aurait une incidence sur les primes de tous les assurés canadiens», a déclaré Matt Hands, vice-président, Assurance, dans un communiqué.

Donald Trump a également indiqué que les trois principaux constructeurs automobiles devaient rapatrier leur production aux États-Unis. Mais cela prendrait des années à l'industrie, selon M. Mactavish.

«Il est assez difficile de reprendre une usine de fabrication et de la relocaliser, a-t-il souligné. Si ces entreprises finissent par se retirer, cela représenterait un ralentissement important pour l'industrie.»