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Art et culture

L'acteur Val Kilmer, qui a joué dans «Top Gun», est décédé à l'âge de 65 ans

Il est décédé des suites d’une pneumonie.

Mark Kennedy
Mark Kennedy / Associated Press

Val Kilmer, acteur polyvalent et charismatique, connu pour son rôle d’Iceman dans Top Gun et pour avoir incarné Batman dans Batman Forever, est décédé à l’âge de 65 ans.

Il s’est éteint mardi soir à Los Angeles, entouré de sa famille et de ses proches, a indiqué sa fille, Mercedes Kilmer, dans un courriel adressé à l’Associated Press. The Times a été le premier média à rapporter son décès mardi.

Val Kilmer est décédé des suites d’une pneumonie. L’acteur s’était remis d’un cancer de la gorge diagnostiqué en 2014, qui avait nécessité deux trachéotomies.

«J’ai mal agi. J’ai fait preuve de courage. J’ai eu un comportement étrange aux yeux de certains. Je ne nie rien de tout cela et je n’ai aucun regret, car j’ai perdu et retrouvé des parties de moi dont j’ignorais l’existence », confiait-il vers la fin de Val, le documentaire de 2021 consacré à sa carrière. «Et je suis reconnaissant.»

Plus jeune acteur jamais admis à la prestigieuse Juilliard School à l’époque de son inscription, Kilmer a connu les hauts et les bas de la célébrité de façon particulièrement marquée. Il s’est fait remarquer en 1984 dans la parodie d’espionnage Top Secret! avant d’enchaîner l’année suivante avec la comédie Real Genius. Il démontrera de nouveau son talent comique dans des films comme MacGruber et Kiss Kiss Bang Bang.

L'acteur Val Kilmer sourit lors d'une conférence de presse au TIFF LightBox pendant le Festival international du film de Toronto, le 12 septembre 2011.
L'acteur Val Kilmer sourit lors d'une conférence de presse au TIFF LightBox pendant le Festival international du film de Toronto, le 12 septembre 2011.

Au début des années 1990, sa carrière atteint son apogée alors qu’il s’impose comme un acteur charismatique de premier plan. En 1993, il partage l’affiche de Tombstone avec Kurt Russell et Bill Paxton, incarne le fantôme d’Elvis dans True Romance, puis joue un expert en démolition spécialisé dans le braquage de banques dans Heat (1995), de Michael Mann, aux côtés d’Al Pacino et Robert De Niro.

«En travaillant avec Val sur Heat, j’ai toujours été impressionné par son immense registre, cette capacité brillante à naviguer entre les nuances d’un personnage tout en restant animé par une force intérieure puissante», a indiqué mardi soir le réalisateur Michael Mann.

L’acteur Josh Brolin, un ami de Kilmer, faisait partie des nombreuses personnalités lui rendant hommage. «Tu étais un esprit brillant, exigeant, audacieux, un véritable feu d’artifice de créativité», a-t-il écrit sur Instagram. «Il n’en reste plus beaucoup comme toi. »

Pratiquant la méthode Suzuki dans son approche du jeu, Kilmer s’investissait totalement dans ses rôles. Pour incarner Doc Holliday dans Tombstone, il remplissait son lit de glace afin de reproduire la sensation d’agonie causée par la tuberculose. En préparation pour The Doors, il portait constamment des pantalons de cuir, demandait à son entourage de ne l’appeler que Jim Morrison et écoutait en boucle la musique du groupe pendant un an.

Cette intensité lui a valu une réputation d’acteur difficile à gérer, une étiquette qu’il a fini par accepter, tout en défendant son engagement artistique face aux impératifs commerciaux. «Dans ma volonté inébranlable d’encourager les réalisateurs, acteurs et autres collaborateurs à respecter la vérité et l’essence de chaque projet, en cherchant à insuffler une vie "suzukienne" à une multitude de moments hollywoodiens, j’ai été qualifié de difficile et j’ai fini par m’aliéner les patrons de tous les grands studios», écrivait-il dans son autobiographie I’m Your Huckleberry.

Paradoxalement, son rôle emblématique du pilote Tom Iceman Kazansky, face à Tom Cruise dans Top Gun, a failli ne jamais voir le jour. Courtisé par le réalisateur Tony Scott, Kilmer était initialement réticent. «Je ne voulais pas du rôle. Je me fichais du film. L’histoire ne m’intéressait pas», a-t-il révélé dans ses mémoires. Il n’a accepté qu’après s’être assuré que son personnage serait plus développé que dans le scénario initial. Il reprendra finalement ce rôle culte dans Top Gun: Maverick en 2022.

L’un des creux de sa carrière restera Batman Forever (1995), réalisé par Joel Schumacher, un film jugé kitsch et extravagant où il partageait l’écran avec Nicole Kidman et Chris O’Donnell. Avant lui, Michael Keaton avait incarné le Chevalier noir dans Batman (1989) et Batman Returns (1992), tandis que George Clooney lui succédera en 1997 dans Batman & Robin.

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Si The New York Times estimait que Val Kilmer était «freiné par les contraintes du rôle», le critique Roger Ebert ironisait en le qualifiant de « remplaçant tout à fait acceptable » pour Keaton. L’acteur, qui n’a pas souhaité reprendre le rôle, attribuait ses difficultés au costume.

« Quand vous êtes dedans, vous pouvez à peine bouger, il faut qu’on vous aide à vous asseoir et à vous relever, racontait-il dans Val—ses propos étant doublés par son fils Jack, en raison de son incapacité à parler. Vous n’entendez rien, et au bout d’un moment, plus personne ne vous parle. C’est très isolant», a-t-il dit à l'époque. «J’ai eu du mal à livrer une vraie performance à travers le costume, et c’était frustrant, jusqu’à ce que je réalise que mon seul rôle dans ce film était de me tenir là où on me disait d’être.»

Par la suite, Val Kilmer enchaînera avec Le Saint (1997), adaptation d’une série télé des années 1960 où il changeait constamment d’apparence à l’aide de perruques et d’accents, puis L’Île du docteur Moreau, avec Marlon Brando. Le tournage de ce dernier est resté l’un des plus chaotiques des années 1990, marqué par des réécritures incessantes et des tensions entre Kilmer, Brando et le réalisateur Richard Stanley.

Le documentaire Lost Soul: The Doomed Journey of Richard Stanley’s Island of Dr. Moreau (2014) revient sur cet enfer de production : ouragan, renvoi du réalisateur par fax, retour de ce dernier sur le plateau déguisé en figurant masqué, et des échanges tendus entre Kilmer et Brando. Ce dernier, désabusé, avait fini par lui lancer : « C’est juste un boulot maintenant, Val. Une plaisanterie. On va s’en sortir. »

« Je n’ai jamais été aussi triste sur un plateau », écrivait Kilmer dans ses mémoires.

Sa réputation d’acteur exigeant s’est cristallisée en 1996 avec un article d’Entertainment Weekly titré L’homme que Hollywood adore détester. Les réalisateurs Schumacher et John Frankenheimer (qui a repris L’Île du docteur Moreau) n’ont pas mâché leurs mots : ce dernier déclarait qu’il y avait « deux choses qu’il ne referait jamais : escalader l’Everest et retravailler avec Val Kilmer. »

Mais d’autres collaborateurs ont pris sa défense, comme le réalisateur D. J. Caruso (The Salton Sea), qui voyait en lui un acteur impliqué, demandant à discuter en profondeur des scènes. «Val avait besoin de s’immerger totalement dans ses rôles. Avec des réalisateurs comme Frankenheimer ou Schumacher, ça passait mal. Schumacher lui disait : "T’es Batman ! Contente-toi de le faire"», a-t-il dit.

Après L’Île du docteur Moreau, ses films deviendront plus modestes, comme Spartan (2004), thriller de David Mamet sur la traite humaine, Joe the King (1999), où il incarne un père alcoolique et violent, ou encore Wonderland (2003), dans lequel il joue la star déchue du porno John Holmes. Il se consacrera aussi au théâtre avec son spectacle solo Citizen Twain, où il incarnait Mark Twain. « J’aime la profondeur et l’humanité du personnage, son regard sur l’Amérique, et cet humour toujours à fleur de peau», déclarait-il en 2018. «Son génie reste d’une incroyable pertinence aujourd’hui.»

Né et élevé dans le quartier de Chatsworth à Los Angeles, Val Kilmer a fréquenté la Chatsworth High School, où il a côtoyé Kevin Spacey et Mare Winningham. À 17 ans, il est devenu le plus jeune étudiant jamais admis à la Juilliard School en 1981.

Peu après son départ pour la Juilliard School, son frère cadet Wesley, âgé de 15 ans, est décédé d’une crise d’épilepsie alors qu’il se trouvait dans le jacuzzi familial. Aspirant cinéaste, il est mort en route vers l’hôpital.

«Il me manque, tout comme ses créations. J’ai accroché son art chez moi. J’aime imaginer ce qu’il aurait pu accomplir. Il continue de m’inspirer», a confié Val Kilmer au Times.

Durant ses études à Juilliard, il a coécrit et joué dans la pièce How It All Began, avant de refuser un rôle dans The Outsiders de Francis Ford Coppola pour monter sur Broadway dans Slab Boys, aux côtés de Kevin Bacon et Sean Penn.

En plus de sa carrière au cinéma, Kilmer a publié deux recueils de poésie, dont My Edens After Burns, et a été nommé aux Grammy Awards en 2012 pour son album de narration The Mark of Zorro. Artiste visuel, il était aussi un adepte de la Science chrétienne tout au long de sa vie.

Il a eu une relation avec Cher et a été marié à l’actrice Joanne Whalley, avec qui il a eu deux enfants, Mercedes et Jack.

«Je n’ai aucun regret», a-t-il avoué à l’Associated Press en 2021. «J’ai été témoin et acteur de miracles. »

Mark Kennedy
Mark Kennedy / Associated Press