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«Nous ne serons jamais en négociation avec les États-Unis sur la langue française, la culture et la gestion de l’offre.»
Le chef libéral Mark Carney est rentré d’urgence à Ottawa, mardi soir, après une journée chargée à Winnipeg, au Manitoba, qui s’est terminée par un grand rassemblement partisan, son premier du genre depuis le début de la campagne électorale.
«Avant l’annonce prévue par le président Trump sur les tarifs douaniers, le premier ministre retournera à Ottawa pour des réunions demain (mercredi)», a fait savoir l’équipe du chef libéral dans les minutes précédent son dernier évènement de la journée.
Le président des États-Unis, Donald Trump, doit prendre la parole mercredi dans les jardins du Rose Garden de la Maison-Blanche, vers 16h, pour préciser sa stratégie commerciale avec d'autres pays. L'on devrait alors en savoir davantage sur l'ampleur de la guerre commerciale qui se dessine avec les États-Unis, les secteurs visés et les droits de douane réciproques des États-Unis aux mesures de rétorsion du Canada.
Le sujet de la protection du français au Québec est revenu hanter le chef libéral Mark Carney en campagne électorale, mais cette fois en raison de préoccupations émanant d'un rapport américain déposé au bureau du président des États-Unis, Donald Trump, sur le commerce extérieur.
Le document fait référence à ce qui est appelé communément la loi 96 au Québec, qui renforce la protection de l'usage de la langue commune dans la province, le français.
«Des entreprises américaines ont exprimé leurs préoccupations sur l'impact qu'aura la loi 96 sur leurs marques de commerce et les emballages de leurs produits à compter du 1er juin 2025 au Québec», souligne le rapport.
En marge d'une annonce à Winnipeg, mardi, Mark Carney a assuré que la protection du français est une priorité pour lui et qu'elle le restera dans les négociations avec les États-Unis après le scrutin du 28 avril, si son gouvernement libéral est élu.
«Nous ne serons jamais en négociation avec les États-Unis sur la langue française, la culture et la gestion de l’offre», a affirmé le premier ministre sortant et chef libéral.
M. Carney n'y voit pas de contradiction avec son affirmation de la veille selon laquelle son gouvernement «a un malaise avec l’utilisation préventive de la clause nonobstant» par le Québec pour forcer l'application de la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français (loi 96). Cette disposition de dérogation permet au Québec de déroger à certains articles de la Charte canadienne des droits et libertés.
«Je suis absolument clair. Jamais la langue française, jamais la culture canadienne y compris la culture québécoise, et jamais la gestion de l’offre ne seront sur la table», a-t-il martelé.
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«J’ai beaucoup d’expérience en négociations et lorsque l’on met des choses de côté, (ces enjeux) ne sont jamais sur la table et on doit être clair d'avance», a-t-il expliqué.
M. Carney a ajouté qu'il s'agit d'un engagement. «C'est un engagement personnel et je suis absolument clair sur cela.»
Ginette Lavack, candidate libérale dans la circonscription fédérale de Saint-Boniface–Saint-Vital, qui comprend une partie de la ville de Winnipeg, estime qu'un gouvernement libéral ne devrait faire aucun compromis sur la protection du français, même si l'affaire ne concerne que la province du Québec.
«Oui, absolument», a réagi d'emblée cette Franco-Manitobaine lors d'un impromptu de presse à l'intérieur de l'usine que son chef venait de visiter.
«Je crois que la loi 96 doit être protégée à tout coup. C'est trop important la langue française et le fait que l'on ait ce bilinguisme dans le pays. Il faut prendre toutes les mesures nécessaires», a-t-elle affirmé.
Les menaces à l'économie canadienne venant de l'administration Trump ont pris beaucoup de place dans l'allocution de Mark Carney lors d'un rassemblement partisan au RBC Convention Center de Winnipeg, mardi soir.
M. Carney a réitéré l'importance d'obtenir un mandat fort lors des élections fédérales du 28 avril devant une foule d'environ un millier de personnes.
Il a été présenté à la foule par son épouse des 31 dernières années, Diana Fox Carney, mère de leurs quatre enfants.
Contrairement aux conférences de presse et évènements plus formels, M. Carney semblait très à l'aise devant cette foule conquise d'avance, s'adressant aux gens principalement en anglais, se permettant même un peu d'humour.
Il s'agissait d'un contraste avec son côté pragmatique qui est surtout ressorti jusqu'à présent.
Mark Carney avait aussi parlé en français à quelques reprises, la présence de francophones étant évidente dans la salle avec leur pancarte en soutien au chef libéral écrite dans la langue de Molière.
Mark Carney avait commencé la journée à l'usine de New Flyer Industries, de Winnipeg, une filiale du groupe NFI, où l’on fabrique des autobus électriques pour le transport collectif.
L’endroit était bondé d’employés à l’intérieur, tous cherchant un petit espace dans la foule compacte pour prendre un cliché du chef libéral au podium.
Derrière Mark Carney, il y avait trois autobus en cours de production et un immense drapeau du Canada accroché au plafond.
M. Carney a aussi fait le tour de l’usine avec le PDG, Paul Soubry.
Au passage du chef libéral, les employés arrêtaient de travailler pour le prendre en photo, certains réussissant même à prendre un selfie avec M. Carney.
L’épouse du chef libéral, Diana Carney, a eu droit à une visite guidée à part.
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En conférence de presse, le chef du PLC a rappelé les engagements qu'il a pris pour aider les Canadiens à faire face au coût de la vie. L’abordabilité est un sujet qui préoccupe beaucoup les Canadiens depuis la pandémie, et encore plus avec la guerre commerciale qui se dessine avec les États-Unis.
Mark Carney a notamment souligné l'entrée en vigueur mardi de son premier engagement politique, soit celui d'abolir la tarification sur le carbone qui se répercute sur le consommateur.
Le chef libéral et premier ministre sortant avait signé un décret en ce sens lors de la première réunion de son conseil des ministres, le jour même de son assermentation, le 14 mars dernier.
M. Carney répliquait ainsi directement aux attaques de son adversaire conservateur Pierre Poilievre qui, avant la course à la chefferie libérale, utilisait «Abolir la taxe» (Axe the Tax) comme slogan avant d'opter pour un nouveau slogan de campagne: «Canada d'abord» (Canada First).
Fait à noter, M. Carney a aussi fait référence à cette mesure comme l'annulation de la «taxe carbone», ce qui permettra aux Manitobains d'économiser environ 18 cents le litre d'essence ordinaire à la pompe.
Les prix vont aussi baisser à la pompe des stations-services des autres provinces canadiennes, sauf au Québec qui a son propre marché du carbone.
M. Carney s'était réveillé en ce dixième jour de campagne avec l'annonce du désistement de son candidat ontarien controversé Paul Chiang de la campagne électorale.
L’affaire n’avait rien d’un poisson d’avril, malgré la date, puisque le député libéral sortant de Markham–Unionville en avait fait l’annonce au cours de la nuit, dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux.
Le chef libéral a d'ailleurs rapidement balayé le sujet sous le tapis en début de journée lors d'une conférence de presse à Winnipeg, au Manitoba, bien loin de l’attention médiatique entourant cette affaire en Ontario.
«Hier soir (lundi) j’ai accepté la démission de M. Chiang. Comme j’ai dit hier, ses propos étaient terriblement offensants et on va chercher un nouveau candidat pour Markham–Unionville », a-t-il précisé.
Le chef du Parti libéral du Canada (PLC) était alors dans une usine de l’entreprise New Flyer Industries à Winnipeg, qui fabrique des autobus électriques pour le transport collectif.
Dans une déclaration publiée sur le réseau social X, vers minuit HAE, le député libéral sortant de cette circonscription fédérale ontarienne, Paul Chiang, a affirmé qu’il ne voulait pas être une distraction pour son chef Mark Carney et pour le Parti libéral du Canada (PLC), qui travaillent à tenir tête au président américain Donald Trump et à protéger l’économie canadienne.
«Je suis fier de ce que nous avons accompli ensemble et je demeure profondément reconnaissant de votre confiance en moi», a écrit M. Chiang pour remercier ses concitoyens.
L'homme de 65 ans s’était excusé trois jours plus tôt dans un gazouillis pour avoir suggéré à des citoyens de Toronto de livrer le candidat conservateur dans Don Valley North, Joe Tay, au consulat de Chine à Toronto et de réclamer la récompense offerte pour qu’il soit livré aux autorités de Hong Kong, ce qui aurait pu mettre sa vie en danger, a dénoncé vigoureusement le chef conservateur Pierre Poilievre.
Avec des informations de Noovo Info