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Politique

Français au Québec: Carney et Trump ont la même position, dit Blanchet

Dans un tout nouveau rapport sur les barrières commerciales étrangères, le Bureau du représentant américain au commerce (United States Trade Representative) évoque notamment la traduction obligatoire en français des termes génériques de la marque de commerce, une des dispositions de la loi 96.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, discute avec un client d'un restaurant Tim Hortons à Sainte-Anne-des-Monts, le mardi 1er avril 2025.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, discute avec un client d'un restaurant Tim Hortons à Sainte-Anne-des-Monts, le mardi 1er avril 2025.
Patrice Bergeron
Patrice Bergeron / La Presse canadienne

Donald Trump et le premier ministre Mark Carney considèrent tous les deux que le français est un obstacle, a dénoncé mardi le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, en campagne en Gaspésie.  

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Il riposte ainsi à un rapport du gouvernement américain qui considère comme une mesure protectionniste la loi 96, la réforme de la Charte de la langue française du gouvernement Legault.

Comme les États-Unis sont contre la promotion du français et que Mark Carney a fait savoir que son gouvernement interviendrait dans les contestations judiciaires de la loi 96, ils sont «des alliés objectifs» et partagent la même position, a laissé entendre le chef bloquiste.

Dans un tout nouveau rapport sur les barrières commerciales étrangères, le Bureau du représentant américain au commerce (United States Trade Representative) évoque notamment la traduction obligatoire en français des termes génériques de la marque de commerce, une des dispositions de la loi 96. 

«Le gouvernement américain encourage le gouvernement provincial du Québec à prendre en considération les préoccupations du milieu des affaires et à impliquer les entreprises dans la rédaction des directives interprétatives supplémentaires de cette loi et de la réglementation finale», peut-on lire.

C'est de l'ingérence, a dénoncé le chef du Bloc en mêlée de presse à Sainte-Anne-des-Monts.

«Les États-Unis ne demandent pas à tous leurs partenaires commerciaux de se coucher devant l'anglais», a-t-il fait remarquer. 

Il a incité le fédéral à ne pas céder un pouce sur la langue française dans ses négociations avec Washington, mais il ne fait pas confiance au chef libéral Mark Carney sur cet enjeu, puisqu'il est «hostile» au Québec. 

M. Blanchet craint que le premier ministre sortant Mark Carney plie sur la défense du français pour arriver à s'entendre avec Donald Trump.

«On instrumentalise une crise commerciale pour faire mal durablement aux Québécois», juge le chef du Bloc. 

M. Carney avait promis que s'il était élu, son gouvernement libéral interviendrait à la Cour suprême du Canada dans toute contestation éventuelle de la loi 96, qui pourrait donc être entendue par le plus haut tribunal au pays.

M. Carney soutient qu'il n'est pas d'accord avec la disposition de dérogation contenue dans la loi 96. Cette disposition est censée protéger la loi contre des contestations devant les tribunaux. 

Au dire de M. Blanchet, M. Carney ne peut pas défendre cette loi tout en voulant la contester devant la cour. 

«Mark Carney qui défend la langue française, c'est comme si moi, je défendais le pétrole, c'est incohérent», a ironisé M. Blanchet, dont le parti est contre les investissements du fédéral dans les hydrocarbures.  

Menaces américaines

Le chef du Bloc a été confronté aux inquiétudes des entrepreneurs en allant visiter la microbrasserie Pit Caribou, à L'Anse-à-Beaufils, à Cap-d'Espoir.

Le copropriétaire Jean-François Nellis doit importer ses cannettes d'aluminium des États-Unis, puisqu'il n'y a pas d'usine de ce type au Canada, sauf une à Toronto qui ne fait pas le bon format. 

Résultat, si un droit de douane de 0,05 $ est imposé sur chaque cannette qu'il achète, cela représente une facture supplémentaire de 100 000 $. 

«Nous, c'est un gros défi», a-t-il reconnu.

Il aimerait une filière de la cannette au Canada, qui produit pourtant tout l'aluminium nécessaire, mais M. Blanchet a estimé qu'il faut «développer le modèle d'affaires» et que c'est un «long processus».  

Gaspésie

M. Blanchet parcourait la péninsule gaspésienne de Sainte-Anne-des-Monts à Carleton-sur-Mer mardi afin d'appuyer son candidat, l'avocat et ex-journaliste Alexis Deschênes, dans Gaspésie—Les Îles-de-la-Madeleine—Listuguj. 

Le Bloc veut arracher cette circonscription à la députée libérale et ex-ministre des Pêches Diane Lebouthillier. 

Le Bloc avait investi des efforts lors de la dernière campagne en 2021, sans succès, mais cette fois pourrait être la bonne, croit l'organisation.

La disparition d'une des trois circonscriptions de la Gaspésie a entraîné un redécoupage qui pourrait peut-être avantager les troupes du Bloc, dit-on. 

Mme Lebouthillier «sort son carnet d'insultes» dès qu'on lui oppose des arguments, a accusé M. Blanchet.

«Non, ce n'est pas difficile de faire campagne contre Mme Lebouthillier», a évoqué M. Deschênes. 

Enquête sur les pêches

En cette deuxième journée de campagne du chef bloquiste en Gaspésie, il a réclamé une réforme complète du secteur des pêches, qui est gangréné par la politisation, le «favoritisme» et l'«arbitraire» du fédéral, selon lui.

La pêche est une industrie essentielle en Gaspésie et elle pourrait être frappée de plein fouet par les droits de douane américains de 25 %, alors que la Chine a déjà annoncé des mesures contre les produits de la pêche du Canada.   

En conférence de presse à Rivière-au-Renard, un secteur de la Ville de Gaspé, il a demandé une «enquête indépendante» sur l'analyse du processus d'attribution des permis de pêche.

Entouré de pêcheurs, il a assuré qu'il ne voulait pas un «gros cirque». 

M. Blanchet a refusé de s'avancer sur ce qu'une enquête pourrait révéler. Toutefois, il a rapporté que des chercheurs seraient muselés. 

«On nous dit que la science ne serait pas reconnue ou publiée si les scientifiques ne disent pas ce que le politique veut», a-t-il suggéré.

Ottawa devrait mettre sur pied une agence indépendante chargée de la gestion des stocks, des permis et des quotas, demande le Bloc, qui exige de totue façon le rapatriement de tous les pouvoirs en matière de pêcherie au Québec. 

Le parti réclame aussi de nouvelles «chasses et pêches durables», notamment au sébaste ou au phoque.

Pas moins de 85 % de la production des pêcheurs et transformateurs est exportée vers les États-Unis et le Bloc dit vouloir soutenir les efforts de diversification des marchés.

Patrice Bergeron
Patrice Bergeron / La Presse canadienne