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Pour les entreprises canadiennes, suivre le rythme des caprices de M. Trump a été un exercice étourdissant et parfois déroutant.
Plus des trois quarts des entreprises en démarrage canadiennes estiment que les droits de douane auront un impact sur leurs activités, selon un nouveau sondage.
L’enquête menée auprès de plus de 175 entreprises liées aux pôles technologiques ontariens MaRS et Communitech a révélé que 38 % d’entre elles s’attendent à un impact direct des droits de douane, tandis que 38 % anticipent des effets indirects.
Le sondage a été réalisé entre le 10 février et le 10 mars, alors que le président américain Donald Trump lançait une vague de menaces tarifaires. Certaines ne se sont jamais concrétisées ou ont été retardées, tandis que d’autres, comme les droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium canadiens, ont finalement été mises en œuvre. Des mesures supplémentaires sont attendues mercredi.
Pour les entreprises canadiennes, suivre le rythme des caprices de M. Trump a été un exercice étourdissant et parfois déroutant. Nombreuses sont celles qui ont décidé d'agir pour se protéger, que les menaces de cibler leurs secteurs d'activité soient mises à exécution ou non.
«La menace des droits de douane américains oblige les fondateurs canadiens à repenser leurs stratégies de croissance et à explorer d'autres marchés, souligne Grace Lee Reynolds, directrice générale de MaRS, dans une déclaration. Il s'agit d'un moment crucial pour le Canada, qui doit renforcer son écosystème d'innovation et créer de nouvelles voies de croissance mondiale.»
Les jeunes pousses affiliées à MaRS, établie à Toronto, et à Communitech, à Waterloo, en Ontario, risquent d'être touchées par les droits de douane, car une partie de leur matériel et de leurs produits traversent la frontière. Même celles qui proposent des produits numériques, comme des logiciels, réalisent une grande partie de leurs ventes aux États-Unis.
L'étude des pôles technologiques a montré que 70 % des entreprises émergentes interrogées ont généré des revenus aux États-Unis en 2024 et que 41 % d'entre elles prévoyaient une incidence directe sur leurs revenus en 2025 si les droits de douane proposés étaient imposés.
Sollum Technologies, une entreprise montréalaise qui vend de l'éclairage pour les serres, a indiqué dans le rapport qu'elle constatait déjà une baisse de la demande, les acheteurs reportant l'investissement dans de nouveaux équipements.
«C'est une réaction tout à fait compréhensible, mais qui, au final, a des répercussions sur toutes les parties concernées», affirme Louis Brun, cofondateur et président-directeur général de Sollum, dans le rapport.
Si certaines entreprises n'ont pas constaté de changement dans la demande, l'enquête de MaRS et Communitech a révélé que 58 % des répondants s'inquiètent de l'approvisionnement en matériaux de l'autre côté de la frontière ou de la stabilisation de leurs chaînes d'approvisionnement.
Quelque 26 % des entreprises réévaluent leurs projets d'expansion internationale, le Royaume-Uni, l'Union européenne et l'Asie en profitant.
CERT Systems, une entreprise torontoise qui fabrique des produits chimiques sans combustibles fossiles, a témoigné à La Presse Canadienne le mois dernier qu'elle s'approvisionnait aux États-Unis pour certains de ses équipements, comme des pompes et des valves.
«Il est souvent très pratique de s'approvisionner aux États-Unis, car il y a moins de fournisseurs locaux», indique Alex Ip, cofondateur et président-directeur général.
«Nous pourrions probablement trouver des solutions de rechange, mais elles pourraient ne pas arriver aussi rapidement que nous le souhaiterions, et il faudrait peut-être les faire venir d'ailleurs.»
Dans ce scénario, M. Ip pense que les droits de douane entraîneraient probablement une augmentation des dépenses de CERT.
Il s'attend également à ce que les droits de douane pèsent sur les investisseurs, qui ont commencé à s'interroger sur les conséquences de l'arrivée de M. Trump pour leurs activités après son investiture en janvier.
«Cela a créé beaucoup d'incertitude dans le domaine des campagnes de financement», ajoute M. Ip.
«J'espère que nous pourrons tous y voir plus clair bientôt, car nous devons tous continuer d'avancer et nous ne voulons pas que cela retarde les choses, mais malheureusement, cela ne dépend ni de nous ni des investisseurs en capital-risque.»