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«Les demandeurs ne convainquent pas le tribunal qu'il y a urgence de rendre les ordonnances demandées.»
Après quelques jours, le campement des manifestants pro-Palestine sur le campus de l’Université McGill prend de l’ampleur, et ce, malgré la menace d’une opération policière. La demande d'injonction visant à les faire partir a par ailleurs été rejetée mercredi. «Il n'y a pas d'urgence», a conclu la juge Chantal Masse dans sa décision.
Selon les estimations des journalistes de Noovo Info sur le terrain, plus de 100 tentes étaient montées sur le terrain de l’établissement, mercredi matin.
Comme la météo a été porteuse de pluie depuis le début de la semaine, les manifestants ont installé des palettes de bois afin de circuler sans la nuisance de la boue.
Voyez le reportage de Lili Mercure dans la vidéo liée à l'article.
Rappelons que les campeurs demandent la fin de la guerre à Gaza, mais souhaitent également que les universités cessent toute participation financière dans les entreprises liées à l’effort de guerre. Certains demandent même aux établissements de rompre leurs liens avec toutes les entreprises liées à Israël.
Dès le début, les manifestants ont indiqué qu’ils étaient prêts à rester aussi longtemps que le nécessaire, et les palettes de bois, transformant le campement en un petit village, semblent être une indication de leur motivation.
Les tribunaux se sont finalement prononcés contre la demande d'injonction visant à forcer le départ des manifestants. «Les demandeurs ne convainquent pas le tribunal qu'il y a urgence de rendre les ordonnances demandées», a écrit la juge de la Cour supérieure Chantal Masse.
«Rien n'indique que les manifestants ont l'intention de faire manquer des examens aux étudiants ou de bloquer l'accès aux édifices de l'Université McGill et les priver de passer leurs examens», a précisé la juge dans sa décision.
Dans sa décision, la juge Masse invite toutefois les défendeurs et les manifestants à revoir les mots utilisés lors des manifestations et à se dispenser d'utiliser ceux susceptibles d'être perçus, à tort ou à raison, comme des appels à la violence ou comme des propos antisémites.
En réaction à cette décision du tribunal, le Service de police de la Ville de Montréal soutient qu'elle «analysera soigneusement» le contenu. «Nous continuons d’évaluer les avenues possibles pour la suite, en préconisant un dénouement pacifique», a précisé le corps de police sur X.
[Campement #McGill]
— Police Montréal (@SPVM) May 1, 2024
Le #SPVM est au fait du rejet de l'injonction et analysera soigneusement le contenu de la décision rendue. Nous continuons d’évaluer les avenues possibles pour la suite, en préconisant un dénouement pacifique.
Interpellée sur le sujet, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, est encore une fois restée très brève dans ses commentaires. «Je pense qu'il faut faire la différence avec l'injonction qui a été demandée par deux étudiants et la position de McGill. Je pense que la position de McGill ne change pas. C'est-à-dire que ce campement là, selon les politiques internes de l'établissement, n'est pas autorisé», a-t-elle dit. Mardi, la ministre a dit que le campement était «illégal». Elle a évité de réutiliser ce qualificatif mercredi.
L’administration de l'université continue toutefois d’être en contact avec la police et avec ses avocats à la suite du refus de la demande d’injonction.
Mercredi après-midi, le président et vice-chancelier de McGill, Deep Saini, a indiqué dans un message envoyé à la communauté universitaire que l’administration était à la recherche d’une solution de cette situation «complexe».
M. Saini demande à ce que le campement soit démantelé «rapidement» et qu’il n’y aura «pas de négociation».
«Tout le monde a le droit de protester et d’exprimer leurs opinions de manière et dans un endroit approprié. Toutefois, personne, encore moins les personnes qui ne sont pas de McGill, n’a le droit de camper sur la propriété de l’université», a écrit M. Saini.
Il propose plutôt de tenir un forum pour discuter «de manière civilisée» les demandes des manifestants, si ces derniers quittent le campus «immédiatement» et «de manière permanente».
Avec des informations de Lili Mercure, de Julien Denis et d'Audrey Bonaque pour Noovo Info ainsi que de La Presse canadienne