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Il s'agit de la cinquième visite de Mme Joly aux États-Unis depuis l'élection présidentielle de novembre dernier.
L'homme que le président Donald Trump a choisi pour superviser son programme de tarifs douaniers a déclaré mercredi que de frapper le Canada de droits de douane de 25 % serait une mesure d'urgence pour assurer la sécurité des frontières — et pourrait être suivi par d'autres tarifs à l'avenir.
Au cours de l'audience sénatoriale sur sa nomination à la tête du département américain du Commerce, le milliardaire financier Howard Lutnick a déclaré que le projet d'imposition de droits de douane au Canada et au Mexique était distinct des plans tarifaires à plus long terme de M. Trump.
Il a déclaré que le tarif de 25 % qui serait imposé au Canada n'est pas un «tarif en soi», mais plutôt un élément de politique intérieure destiné à forcer les voisins nord-américains à prendre des mesures aux frontières.
«Vous savez que les laboratoires au Canada sont dirigés par des cartels mexicains. Ce modèle tarifaire vise simplement à fermer leurs frontières (…) Respectez l'Amérique, a soutenu M. Lutnick mercredi. Si nous sommes votre plus grand partenaire commercial, montrez-nous du respect. Fermez votre frontière et arrêtez l'entrée du fentanyl dans ce pays.»
Le nombre de personnes et de drogues qui entrent illégalement aux États-Unis depuis le Canada est infime par rapport au nombre qui traversent la frontière sud depuis le Mexique.
Ottawa a répondu à la menace initiale de M. Trump avec un plan de sécurité frontalière de 1,3 milliard $ et certaines provinces ont renforcé de leur côté la surveillance de leurs frontières avec les États-Unis. Mais le président a depuis étendu ses plaintes contre le Canada bien au-delà de la sécurité frontalière, en parlant de balance commerciale.
M. Lutnick a déclaré mercredi qu'il croyait que le Canada et le Mexique «agissaient rapidement» sur la sécurité frontalière. Il prévient que «s'ils le font effectivement, il n'y aura pas de droits de douane, mais s'ils ne le font pas, alors il y en aura».
La porte-parole de la Maison-Blanche a déclaré mardi que M. Trump envisageait toujours d'appliquer les droits de douane à partir de samedi.
Au cours de l'audience de confirmation de mercredi, M. Lutnick a été interrogé sur les impacts possibles des droits de douane sur les industries manufacturière et automobile américaines. Sa réponse a suggéré que, même si le Canada évitait les tarifs liés aux frontières, il pourrait toujours être visé par des droits de douane dans un avenir proche, à la suite d'une étude interministérielle sur les pratiques commerciales et les déficits commerciaux, ordonnée par M. Trump.
Le nouveau président américain a signé notamment un décret qui, entre autres, ordonne au secrétaire au Commerce et au secrétaire à la Sécurité intérieure d'évaluer les flux migratoires et de fentanyl en provenance du Canada, du Mexique et de la Chine, et de recommander «des mesures commerciales et de sécurité nationale appropriées pour résoudre cette urgence».
M. Trump ordonne également au représentant américain au commerce d'entamer des consultations sur l'accord Canada-États-Unis-Mexique, qui a remplacé l'Aléna.
Le décret de M. Trump stipule que le rapport sur le commerce avec le Canada n'est pas attendu avant le 1er avril.
M. Lutnick a déclaré mercredi qu'il préférait des droits de douane généralisés à des pays tout entiers plutôt que ciblés à certains biens. Il a soutenu devant le comité sénatorial que de tels tarifs généraux «créent la réciprocité, l'équité et le respect».
«Ma façon de penser, et j'en ai discuté avec le président, est de procéder pays par pays, de façon 'macro'. Laissons l'Amérique rendre les choses plus justes, a déclaré M. Lutnick. Nous sommes traités horriblement par l'environnement commercial mondial. Ils ont tous des tarifs plus élevés, des barrières commerciales non tarifaires et des subventions. Ils nous traitent mal.»
Les responsables canadiens restent pour l'instant concentrés à contrecarrer la menace immédiate de tarifs. La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, était de retour à Washington mercredi pour rencontrer son homologue américain, le secrétaire d'État Marco Rubio.
Il s'agit de la cinquième visite de Mme Joly aux États-Unis depuis l'élection présidentielle de novembre dernier. Elle a déjà rencontré plusieurs élus américains pour discuter de la manière dont des droits de douane pourraient nuire aux économies des deux pays.
Mme Joly déclarait lundi qu'elle croyait toujours que la diplomatie pouvait donner des résultats, mais Ottawa se prépare à ce que le président mette à exécution sa menace de tarifs.
Le premier ministre Justin Trudeau a tenu mercredi une réunion virtuelle avec les premiers ministres des provinces et territoires. La première ministre du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, a déclaré qu'ils avaient discuté de l'impact des tarifs, du soutien aux provinces et des moyens de diversifier les exportations pour réduire la dépendance du Canada envers les États-Unis.
Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a souhaité que tous les premiers ministres «se concentrent sur la désescalade de toute cette conversation et examinent sérieusement la force et l'intégration de notre économie».
S'exprimant avant la réunion, M. Moe a déclaré qu'il soutenait «des tarifs très ciblés et des contre-tarifs qui peuvent changer le cœur et l'esprit des décideurs politiques aux États-Unis».
Ottawa a préparé plusieurs scénarios pour des tarifs de rétorsion, en fonction de ce que fera finalement le président Trump. M. Trudeau a déclaré à plusieurs reprises que toutes les options étaient sur la table.
Lors de son premier événement de campagne officiel depuis la dissolution de l'Assemblée législative, la veille, le chef progressiste-conservateur de l'Ontario, Doug Ford, s'est présenté mercredi comme le meilleur défenseur de l'économie provinciale face à l'imprévisible président américain.
«Il ne s'agit pas seulement de tarifs douaniers: le président a menacé d'imposer la force économique. Il a même évoqué l'impensable: s'emparer du territoire canadien», a déclaré M. Ford à Windsor, en face de Detroit. «Permettez-moi de le dire haut et fort: le Canada n'est pas à vendre!»
M. Ford, qui préside cette année le Conseil de la fédération, a estimé que ces droits de douane ne sont qu'«une joute pour le président» américain. «Il cherche à diviser pour mieux régner. Qu'il impose des tarifs la semaine prochaine, le mois prochain ou qu'il attende encore un an ou plus, les menaces de Trump ne vont pas disparaître.»