Un peu plus de 20 000 personnes habitent Yellowknife et à peu près autant de gens sont aussi répartis un peu partout ailleurs dans les Territoires du Nord-Ouest. Le chauffeur de taxi qui accompagne Noovo Info sur un trajet dans la capitale territoriale nous explique qu'il est père de deux enfants. Il vit dans un deux et demi qui lui coûte 1900 $ par mois.
«Nous n’avons pas le choix», selon lui. «C'est compliqué ici, surtout pour les nouveaux arrivants.» Pour nourrir sa famille, ce chauffeur paie environ 700 $ d'épicerie par semaine.
À plusieurs kilomètres de Yellowknife, à Fort Smith où Mark Carney est né, les prix des aliments sont à peu près les mêmes qu'à Montréal, mais c’est parce que le gérant de l’épicerie use de stratégies
«Les transports coûtent cher et la taxe carbone [aujourd'hui abolie par le premier ministre Carney, NDLR] n'a pas aidé», nous informe ce gérant. «Le prix du carburant a augmenté de presque 25%. Tout doit être expédié ici, on n’a pas le choix. [...] On achète donc en grand volume ou en solde. Mais, tout est frais parce que nous recevons deux à trois livraisons par semaine.»
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Michel Desjardins, originaire de l'Estrie, vit ici depuis 33 ans. «L'année passée, ça me coûtait 1200$ par mois de chauffer la maison l'hiver. Avec les factures d'électricité, ce que tu vas payer au bout, ça n'a pas d'allure.»
Le réseau électrique des Territoires du Nord-Ouest est effectivement indépendant du reste du Canada, de sorte que les factures mensuelles peuvent être extrêmement dispendieuses. Il est basé sur des génératrices au diésel et des systèmes hydroélectriques.
«Il faut que tu t'arranges pour que ça te coûte moins cher que ça; comme moi, j’ai un poêle à bois. [...] C’est juste une route pour venir, c’est comme un cul-de-sac.»
La mairesse de l’endroit, Dana Fergusson, précise que c’est aussi en raison de réparations d’un barrage. «Nous devrions disposer d’une énergie électrique à bas prix, mais nous avons procédé à des rénovations majeures de barrages qui ont dépassé le budget de plusieurs millions de dollars. Nous en subissons les effets.»
M. Desjardins souligne également l'enjeu de l'accès aux soins de santé. Il y a une clinique, les médecins viennent et doivent s'alterner pour venir rendre service à la population.
Mais aucun médecin ne vit sur place.
«Oui, il y a du monde qui prend soin de toi et si t’es malade, il vont te soigner; pis au pire ils vont t’envoyer à Yellowknife», dit Michel Desjardins.
L'éducation est aussi un enjeu. Ici, il n'y a qu'une école primaire ou secondaire, un collège. Lors du passage Noovo Info, c'était la journée annuelle où les jeunes explorent leur future carrière. Deux adolescentes à qui nous avons parlé devront quitter pour poursuivre leurs études.
«Nous avons un grand sens de la solidarité ici», a confié une étudiante à Noovo Info. «Je pense que j’aimerais m’en aller dans une plus grande ville quand je serai plus vieille pour avoir davantage d’opportunités de carrières.»
Nicolas, 31 ans, originaire de la région de Gatineau et Ottawa, a décidé de s'installer ici pour sa carrière d’écologiste. Les salaires sont intéressants, mais surtout les expériences dit-il. «Ça vaut vraiment la peine de venir ici», a-t-il avoué à Noovo Info.
Selon lui, la priorité devrait être le logement. «Moi, comme comme jeune homme, j'aimerais m'acheter une maison. Mais le prix des logements a augmenté énormément, au point qu'on se demande si c'est vraiment possible», a-t-il ajouté.
Bref, si certains ont de l'espoir, la majorité des gens ici ne sont pas convaincus que même s'il vient de Fort Smith, Mark Carney va changer grand-chose étant donné que les défis sont nombreux.