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«Il a fait en sorte de mettre l'accent sur ce qui nous divise plutôt que ce qui nous unit et c'est complètement absurde.»
Un échange explosif au sujet de la situation au Proche-Orient entre le chef conservateur, Pierre Poilievre, et la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a mené cette dernière à exiger des excuses à son interlocuteur.
M. Poilievre a accusé lundi la ministre de «céder à des sympathisants du Hamas dans le Parti libéral dans le cadre de sa campagne de leadership plutôt que de faire son travail».
Le chef conservateur reprochait à Mme Joly, durant la période des questions, de ne pas avoir saisi deux occasions qu'il lui avait précédemment données pour «condamner des chants antisémites terrifiants et de plus en plus communs que nous entendons dans les rues».
La ministre a aussitôt bondi de son siège pour lancer que la journée du 7 octobre, marquant le 1er anniversaire de l'attaque surprise du Hamas contre Israël ayant donné le coup d'envoi à la guerre qui sévit au Proche-Orient, était bien mal choisie pour «faire de la politique».
«Nous sommes tous, je l'espère, dans cette Chambre, contre toute forme d'antisémitisme et de discrimination et j'espère vraiment que mon collègue en face va s'excuser», a-t-elle rétorqué. Ses collègues libéraux se sont alors levés et ont applaudi à tout rompre.
M. Poilievre est ensuite revenu à la charge en soutenant que le 7 octobre est une journée de prédilection pour qu'«un gouvernement se tienne debout pour ce qui est juste».
Le ministre de la Justice, Arif Virani, lui a alors donné la réplique, livrant un plaidoyer contre l'antisémitisme.
«De ce côté-ci de l'océan, nous méritons de faire mieux au niveau des manifestations que nous organisons. Cela doit être pacifique. (...) Vous ne sortez pas dans la rue et ciblez une synagogue», a-t-il dit.
La ministre Joly a fait part de son exaspération aux journalistes après la période des questions, alors qu'elle se rendait à une réunion du conseil des ministres, qualifiant l'attitude de M. Poilievre de «complètement inacceptable».
«Il a fait en sorte de mettre l'accent sur ce qui nous divise plutôt que ce qui nous unit et c'est complètement absurde. Clairement, ce gars-là n’est pas prêt à être premier ministre, puis les Canadiens et les Québécois ont droit à bien meilleur que ça», a-t-elle tranché.
Le président de la Chambre, Greg Fergus, a, au terme de la période des questions, demandé à M. Poilievre de retirer ses propos à la première occasion. Le chef conservateur n'était pas présent aux Communes à ce moment-là.
La leader en Chambre du gouvernement, Karina Gould, a déploré que M. Poilievre mette en doute l'opposition des libéraux à l'antisémitisme et leur condamnation des violences menées par le Hamas.
«Ce n'est pas excusable d’inférer qu'il y a une connexion avec un groupe terroriste», a dit celle qui est une descendante de survivants de l'Holocauste.
Malgré l'épisode tendu ayant marqué la période des questions, les élus de la Chambre des communes se sont unis pour observer une minute de silence à la mémoire des victimes de l'attaque du 7 octobre.
L'offensive du Hamas a tué 1200 personnes, principalement des civils, et environ 250 personnes ont été prises en otage. Israël a ensuite riposté et la guerre au Proche-Orient se poursuit entre les deux parties depuis.
La guerre à Gaza a tué plus de 41 000 Palestiniens, déplacé la plupart des 2,3 millions d’habitants du territoire et déclenché une crise humanitaire qui a conduit à une famine généralisée. Elle a également laissé la petite enclave côtière ravagée au point de la rendre méconnaissable, alors que les efforts de cessez-le-feu menés par les États-Unis ont échoué à plusieurs reprises.
- Avec des informations de l'Associated Press