Début du contenu principal.
Un sondage commandé par le New York Times publié dimanche le place vainqueur dans cinq des six États-clés contre l’actuel président, Joe Biden. Au Nevada, il l’aurait battu dans une proportion de 52% contre 41%. Sur le terrain, dans les États voisins du Québec, la division est palpable.
Nous nous sommes d’abord rendus à Plattsburgh où les gens votent traditionnellement pour le parti républicain même si l’État de New York est historiquement démocrate. Dans un casse-croûte pour déjeuner, nous faisons d’abord la rencontre de Laster Eylward, un homme de 63 ans qui vient prendre le café ici chaque matin. Le résident de Plattsburgh est retraité des services de l’autoroute et voit toujours Donald Trump comme l’homme de la situation pour redresser l’économie, contrairement à Joe Biden.
«Je pense que Trump serait bien meilleur. Il est un peu plus professionnel. [...] Je pense que Biden n’a pas fait grand-chose. Il a créé beaucoup de problèmes financiers. Les gens ont du mal à s’en sortir», soutient M, Eylward.
Les démêlés judiciaires de l’ex-président ne le dérangent pas. L’électeur républicain est convaincu que les démocrates ont autant de squelettes dans leur placard qui sont tout simplement restés secrets.
«Je pense qu’il y a beaucoup de problèmes avec nos sénateurs et tout le reste. Je pense que s’ils se penchaient tous un peu plus sur la question, ils découvriraient que beaucoup d’entre eux sont coupables. Pas seulement Trump.»
À quelques pas de là, nous croisons Keren Alas, une résidente de Plattsburgh dans la cinquantaine. Nous lui expliquons qu’au Canada les gens comprennent mal comment un homme reconnu comme agresseur sexuel peut vouloir encore diriger le pays. «Je ne lui fais pas confiance. Je ne sais pas pour qui je vais voter», laisse-t-elle tomber.
Nous nous déplaçons à la State University of New York pour parler à des experts en la matière au département de sciences politiques. John McMahon est professeur associé à l’Institut Hawkins. Il tente de nous donner certaines pistes de réponse. Il explique que malgré tout, Donald Trump demeure un symbole politique et que la polarisation entre les démocrates et les républicains rend cette option toujours possible.
«L’une des principales raisons pour lesquelles Trump est le candidat le plus probable au sein du parti républicain est simplement que sa popularité parmi les républicains et les conservateurs aux États-Unis est très élevée. D’une certaine manière, il a participé à la transformation du parti républicain aux États-Unis», explique M. McMahon.
Le traversier nous transporte sur le lac Champlain en direction du Vermont jusqu’à Burlington où les électeurs démocrates ragent de voir les résultats des sondages en faveur de Trump. David Beckett, un résident de Burlington qui a toujours été impliqué dans sa communauté et déplore que certains Américains soient à ce point mal informés ou croient encore que l’élection de 2020 a été volée.
«Cela me choque. [Donald Trump] ne croit pas en la démocratie. C’est un tyran. C’est un menteur en série. Il se vante d’avoir agressé des femmes. Il n’est pas seulement un mauvais candidat à la présidence. Il fait partie de la douzaine de personnes les plus effrayantes qui pourraient occuper cette fonction», argumente M. Beckett.
Au petit café du coin situé à quelques minutes du bureau du sénateur démocrate Bernie Sanders, un couple du Texas prend le brunch. Cam Quevedo, un jeune homme dans la vingtaine se dit très inquiet même pour sa sécurité dans le futur.
«La droite et la gauche se livrent une lutte acharnée en ce moment, et je n’ai jamais vu une telle polarisation dans ce pays. C’est donc très effrayant. Je ne sais donc pas. Il s’agit simplement de s’assurer que nous sommes en sécurité là où nous vivons. C’est très important», s'inquiète M. Quevedo.
Selon un autre homme qu’on a croisé à la sortie, cette prochaine élection présidentielle est rendue inutile par le manque de choix. «L’un est en état de mort cérébrale et l’autre est un escroc. Je ne voterai pas cette fois».
À l’université du Vermont, le docteur Anthony Gierzynski, Directeur du département de sciences politiques accepte gentiment de nous accorder quelques minutes malgré son horaire bien chargé. L’homme qui enseigne depuis 40 ans peine à croire ce qui arrive à son pays. Il explique avec émotions avoir peur de qui s’en vient pour lui, la démocratie est l’enjeu principal.
«Notre démocratie se trouve actuellement dans une situation très fragile. Notre principal espoir est donc que les dégâts ne s’aggravent pas. Et il est certain que l’élection de Donald Trump serait très préjudiciable à notre démocratie. Je suppose donc que côté espoir, il ne s’agit pas d’espérer qu’un parti ou l’autre l’emporte. Il s’agit d’espérer que la démocratie l’emporte dans ce cas», rapporte M. Gierzynski.
Peu importe le résultat espéré, certains trouvent que les primaires républicaines arrivent bien vite.
Les premières se dérouleront le 15 janvier prochain dans l’Iowa où Donald Trump mène très loin devant son plus proche rival le gouverneur de la Floride, Ron de Santis.