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Économie

L'OMI adopte une taxe carbone internationale visant les émissions des navires-cargo

Des bateaux-remorques assistent un navire-cargo alors qu'il se prépare à accoster au port de Manille, aux Philippines, le 8 avril 2025.
Des bateaux-remorques assistent un navire-cargo alors qu'il se prépare à accoster au port de Manille, aux Philippines, le 8 avril 2025.

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Associated Press
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Plusieurs des plus grandes nations maritimes du monde ont décidé vendredi d'imposer une taxe minimale de 100 $ US pour chaque tonne de gaz à effet de serre émise par les navires au-delà de certains seuils. Il s'agit de la première taxe mondiale sur les émissions de gaz à effet de serre.

L'Organisation maritime internationale (OMI) estime que ces taxes généreront entre 11 et 13 milliards $ US de recettes annuelles. Ces fonds seront versés à son fonds «zéro émission nette» pour investir dans les carburants et les technologies nécessaires à la transition vers un transport maritime vert, récompenser les navires à faibles émissions et soutenir les pays en développement afin qu'ils ne soient pas laissés pour compte avec des carburants polluants et des navires vétustes. 

Les seuils fixés par l'accord deviendront de plus en plus stricts afin d'atteindre l'objectif de zéro émission nette fixé par l'OMI d'ici 2050 environ.

L'accord, conclu en l'absence notable des États-Unis, devrait être officiellement adopté lors d'une réunion en octobre et entrer en vigueur en 2027. L'OMI, qui réglemente le transport maritime international, a également établi une norme afin d'introduire progressivement des carburants plus propres.

Les émissions du transport maritime ont augmenté au cours de la dernière décennie pour atteindre environ 3% du total mondial, les navires étant devenus plus grands, transportant davantage de marchandises par voyage et consommant d'énormes quantités de carburant.

Le secrétaire général de l'OMI, Arsenio Dominguez, a déclaré que le groupe était parvenu à un consensus significatif face aux défis complexes de la lutte contre les changements climatiques et de la modernisation du transport maritime. Le secteur maritime est en bonne voie pour atteindre l'objectif de zéro émission nette, a-t-il ajouté.

Certains écologistes présents à la réunion ont qualifié l'accord d'historique, mais insuffisant. La taxe ne permet pas de réduire suffisamment les émissions et ne générera pas suffisamment de recettes pour aider les pays en développement à adopter un transport maritime plus écologique, a affirmé Emma Fenton, directrice principale de la diplomatie climatique chez Opportunity Green, une organisation à but non lucratif britannique œuvrant dans le domaine du changement climatique.

Mme Fenton a déclaré que cette mesure ouvre la voie à un scénario où les navires pourraient payer pour polluer plutôt que pour décarboner, car il pourrait être plus économique de simplement absorber la taxe que d'apporter des changements pour réduire les émissions, comme changer de carburant. 

«L'OMI a pris une décision historique, mais qui, en fin de compte, trahit les pays vulnérables au climat et ne répond pas aux ambitions requises par la crise climatique ni à celles que les États membres se sont engagés à respecter il y a seulement deux ans», a-t-elle soutenu.

D'autres groupes ont salué l'accord, le considérant comme un pas dans la bonne direction.

«En approuvant une norme mondiale sur les carburants et un mécanisme de tarification des gaz à effet de serre, l'Organisation maritime internationale a franchi une étape cruciale pour réduire l'impact climatique du transport maritime. Les États membres doivent maintenant s'employer à renforcer progressivement la norme sur les carburants afin d'inciter plus efficacement le secteur à adopter des carburants à zéro ou quasi zéro émission, et de garantir une transition énergétique juste et équitable», a avancé Natacha Stamatiou de l'Environmental Defense Fund.

Certains pays dotés d'importantes flottes maritimes, notamment la Chine, le Brésil, l'Arabie saoudite et l'Afrique du Sud, souhaitaient un modèle d'échange de crédits plutôt qu'une taxe fixe. Finalement, un compromis entre les deux modèles a été trouvé. Ce compromis réside dans l'ambition de la mesure, car la taxe ne s'applique pas de manière universelle sur toutes les émissions.

L'OMI vise le consensus dans la prise de décision, mais dans ce cas précis, elle a dû voter. Soixante-trois pays, dont la Chine, le Brésil, l'Afrique du Sud et de nombreux États européens, ont approuvé l'accord. L'Arabie saoudite et 15 autres pays s'y sont opposés. Vingt-quatre pays, dont un groupe d'îles du Pacifique, se sont abstenus. 

Les États-Unis n'ont pas participé aux négociations de Londres et ont exhorté les autres gouvernements à s'opposer aux mesures envisagées. 

L'administration Trump a déclaré qu'elle rejetterait toute tentative d'imposer des mesures économiques à ses navires en fonction de leurs émissions ou de leur choix de carburant, ce qui, selon elle, pèserait sur le secteur et alimenterait l'inflation. Elle a menacé d'éventuelles mesures de rétorsion en cas de prélèvement de frais.

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Associated Press
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