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L'intérêt pour un mégaprojet de gaz naturel liquéfié en Alaska se ravive

«S'il y a un moment pour le construire, c'est probablement maintenant», a souligné Josephine Mills, analyste chez Enverus.

Des tuyaux sont aperçus sur le dessus d'une plateforme de réception qui sera raccordée au terminus du gazoduc Coastal GasLink au terminal d'exportation de LNG Canada en construction, à Kitimat, en Colombie-Britannique, le mercredi 28 septembre 2022. LA PRESSE CANADIENNE/Darryl Dyck
Des tuyaux sont aperçus sur le dessus d'une plateforme de réception qui sera raccordée au terminus du gazoduc Coastal GasLink au terminal d'exportation de LNG Canada en construction, à Kitimat, en Colombie-Britannique, le mercredi 28 septembre 2022. LA PRESSE CANADIENNE/Darryl Dyck

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La Presse canadienne
La Presse canadienne

À des centaines de kilomètres au nord de la côte Pacifique, là où le premier terminal d'exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) du Canada doit être mis en service cet été, un monstre sommeille.

L'Alaska ambitionne depuis longtemps d'expédier son gaz naturel vers les marchés internationaux, mais le coût et l'ampleur d'une telle entreprise l'ont freinée pendant des décennies.

Ce mégaprojet suscite un regain d'intérêt depuis que le président américain Donald Trump a publié un décret consacré au développement des ressources de l'Alaska dès son entrée en fonction. Les représentants de l'État, dont le gouverneur Mike Dunleavy, se sont affairés ces dernières semaines à tenter de séduire d'éventuels acheteurs asiatiques de gaz dans le cadre de contrats à long terme.

Les experts du secteur doutent que le géant alaskien se réveille cette fois-ci, mais ils affirment que le Canada doit être conscient de la menace qu'il pourrait représenter pour son industrie naissante du GNL.

«S'il y a un moment pour le construire, c'est probablement maintenant», a souligné Josephine Mills, analyste chez Enverus, à propos de l'intérêt de l'administration Trump pour le gaz de l'Alaska et de la mainmise des républicains sur le Congrès.

«Mais bon, on en parle depuis 30 ou 40 ans. Ce n'est absolument pas un projet nouveau. Je pense donc qu'il se heurterait à de nombreux obstacles», a-t-elle nuancé.

Avec un coût estimé à 44 milliards $ US, Alaska LNG verrait un pipeline de 1300 kilomètres traverser l'État du nord au sud, pour acheminer en moyenne 3,5 millions de BTU de gaz par jour vers une usine de liquéfaction à Nikiski, au sud d'Anchorage. Le projet comprend également une usine de captage du carbone à proximité des gisements gaziers du versant nord de l'Alaska.

Une partie du gaz serait destinée aux besoins des Alaskiens, mais la majeure partie serait chargée sur des pétroliers et vendue de l'autre côté du Pacifique, les mêmes marchés que les développeurs canadiens de GNL souhaitent exploiter.

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«Il serait avantageux pour le Canada de ne pas construire le projet Alaska LNG», a expliqué Mme Mills.

Mais si le projet se concrétisait — et c'est un grand «si» —, ce serait après 2030, a-t-elle ajouté.

À la fin du mois dernier, la société d'État à l'origine de ce projet d'envergure, Alaska Gasline Development Corporation (AGDC), a signé un contrat avec Glenfarne Group comme développeur principal du projet. Glenfarne, constructeur américain d'infrastructures énergétiques, détient désormais 75 % du projet, AGDC détenant le reste.

Une décision finale d'investissement concernant le projet Alaska LNG est attendue cette année.

Kent Fellows, économiste à l'École de politique publique de l'Université de Calgary, a indiqué que les contrats d'achat de GNL sont signés avant le démarrage des centrales et s'étendent généralement sur plusieurs années.

Le chaos commercial déclenché par Donald Trump, avec une série de droits de douane imposés à d'anciens alliés, ne favorise donc pas le projet de l'Alaska.

«Certains investissements peuvent s'avérer très coûteux si l'on n'est pas certain que les relations commerciales resteront stables à l'avenir, a expliqué M. Fellows. L'un des énormes avantages dont bénéficiaient les États-Unis jusqu'à il y a environ 12 mois est leur réputation d'économie très stable, qui croit au libre-échange mondial.»

De l'ombre pour le marché canadien?

Si Alaska LNG parvient à conclure des contrats avec des acheteurs asiatiques, il sera plus difficile pour les projets de la Colombie-Britannique, plus en retard dans leur développement, de garantir une demande suffisante pour justifier l'implantation de leurs propres usines.

«Avec le marché du GNL, la concurrence se fait au moment de la construction de l'installation, et le choix du moment pour la mise en place du marché peut donc s'avérer crucial», a estimé M. Fellows.

Le PDG du plus grand producteur de gaz naturel du Canada a cependant avancé que l'intérêt devrait être grand.

Mike Rose, directeur de Tourmaline Oil, prévoit une hausse de la demande mondiale pouvant atteindre 50 millions de BTU d'ici 2035.

«Nous ne serons pas en surabondance parce qu'un projet pourrait voir le jour en Alaska, a-t-il déclaré. Nous avons besoin de tous ces projets.»

Dans un discours prononcé au Canadian Club Toronto la semaine dernière, François Poirier, directeur général de TC Énergie, a mentionné qu'il souhaitait une approche «Équipe Canada» pour le développement du GNL.

TC Énergie a construit le pipeline qui transporte le gaz à travers la Colombie-Britannique jusqu'au terminal de LNG Canada à Kitimat.

«En Alaska, l'administration américaine travaille aujourd'hui à la signature (de protocoles d'entente) pour le GNL avec des pays comme le Japon et la Corée du Sud, a souligné M. Poirier. Le gouverneur de l'Alaska s'est rendu en Asie pour trouver des clients et des investisseurs pour le GNL alaskien, et devinez quoi? Il est revenu de son voyage avec un accord de Taïwan.»

Selon M. Poirier, quel que soit le parti qui remportera les élections fédérales du 28 avril, il sera essentiel que le premier ministre, les premiers ministres provinciaux, les entreprises et les dirigeants autochtones fassent preuve d'un degré d'alignement similaire à celui des États-Unis.

«Collectivement, nous devrons nous rendre en Asie pour promouvoir nos produits et souligner que le Canada est de retour sur le marché et que c'est un bon risque à prendre», a-t-il insisté.

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