Début du contenu principal.
Elle voulait se rendre au Costco le plus proche...
Une femme originaire du Guatemala affirme avoir été détenue pendant près d’une semaine avec ses deux enfants nés aux États-Unis par des agents des services frontaliers à Détroit, après que l’application de son téléphone l’eut dirigée vers un Costco situé près d’un pont menant au Canada.
Elle fait maintenant face à une procédure d’expulsion en juin devant un tribunal de l’immigration, selon Ruby Robinson, avocate principale au Michigan Immigrant Rights Center.
Jeudi, Mme Robinson, la représentante américaine Rashida Tlaib et l'ACLU du Michigan ont appelé les douanes et la protection des frontières américaines à faire preuve de plus de responsabilité et de transparence concernant les détentions le long de la frontière nord du pays avec le Canada.
«Nos voisins et nos familles ne devraient pas disparaître parce qu'ils ont pris un mauvais virage.»
Bien que la frontière nord soit beaucoup moins fréquentée que la frontière entre les États-Unis et le Mexique, le cas de cette femme n'est pas rare, selon Mme Tlaib.
La démocrate du Michigan a déclaré avoir été informée le 21 mars par le CBP qu'environ 213 personnes avaient été détenues au même endroit depuis janvier, dont plus de 90% avaient emprunté par erreur le péage du pont. Mme Tlaib a également appris que 12 familles avaient été détenues dans le même bâtiment que les clientes de son avocate.
À VOIR AUSSI | «Conditions inhumaines»: une Canadienne détenue en Arizona pour une histoire de visa
«Nous ne savons pas exactement ce qui se passe. Il y a un manque de transparence», a-t-elle déploré, ajoutant que des détentions similaires se produisaient probablement ailleurs le long de la frontière nord, longue de 8 891 kilomètres.
Selon les autorités américaines, les agents frontaliers ont rencontré un peu plus de 200 personnes sans papiers entre le 20 janvier et le 21 mars aux points de passage de Détroit. Selon un porte-parole du CBP, environ la moitié d'entre elles ont été placées en détention et remises à l'ICE après avoir été soumises à un deuxième contrôle.
Le Michigan Immigrant Rights Center représente la femme guatémaltèque. Me Ruby Robinson a refusé de divulguer son nom ou son âge, confirmant seulement qu'elle se trouvait aux États-Unis depuis environ six ans, mais qu'elle n'avait pas de statut légal. Ses filles, âgées de 5 et 1 an, sont nées aux États-Unis. Leur père vit à Detroit.
Elle vit dans le sud-ouest de Detroit, un quartier à forte population hispanique situé à l'ombre du pont Ambassador, juste en face de Windsor, en Ontario, de l'autre côté de la rivière Detroit.
Le 8 mars, la femme et ses filles se trouvaient dans un véhicule conduit par son frère de 19 ans. Elle a utilisé une application mobile pour trouver le Costco le plus proche et ne s'est pas rendu compte que le magasin le plus proche se trouvait du côté canadien du pont, a raconté Ruby Robinson lors d'une conférence Zoom avec des journalistes.
À VOIR AUSSI | Augmentation fulgurante des demandes d'asile au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle
Ils ont emprunté le péage du pont, mais ne sont pas passés les barrières. Ils ont été arrêtés par des agents des douanes et ont été emmenés dans un bâtiment voisin où elle a été interrogée et où ses empreintes digitales ont été prises. Elle a également signé un formulaire déclarant qu'elle était entrée illégalement aux États-Unis.
Selon l'avocate, les agents lui ont dit qu'elle allait être expulsée et l'ont encouragée à emmener ses filles avec elle au Guatemala.
Ils ont été détenus dans une petite pièce sans fenêtre, ont dormi sur des lits de camp et ont reçu des repas à réchauffer au micro-ondes, comme des nouilles ramen et du porridge. Ils n'étaient autorisés à quitter la pièce que pour aller aux toilettes et prendre une douche, selon Me Ruby Robinson.
Le lundi 10 mars au soir, sa plus jeune fille a commencé à avoir de la fièvre. La femme a déclaré que les agents lui avaient dit qu'ils n'avaient pas de médicaments pour l'enfant. La fille aînée a rapidement commencé à tousser.
En se rendant aux toilettes ce mardi-là, la famille a enfin aperçu son frère dans un couloir. La femme a dit qu'il était menotté. Son frère n'a pas non plus de statut légal aux États-Unis et travaille comme couvreur avec le père de ses enfants.
Mercredi soir, les filles ont été confiées à la belle-sœur de la femme. Elle a été libérée le lendemain.
«Lorsque des personnes enfreignent les lois sur l'immigration, leurs choix les exposent à la détention et à l'expulsion», a mentionné Hilton Beckham, commissaire adjoint aux affaires publiques du CBP, dans un communiqué. «Elle a admis être entrée illégalement aux États-Unis en 2018. Conformément à la politique en vigueur, le CBP s'est efforcé de trouver un tuteur approprié pour ses enfants citoyens américains. Cependant, elle a initialement choisi de les garder avec elle, prolongeant ainsi la période de détention. Une fois les enfants placés chez un tuteur, elle a été transférée à l'ICE.»
Ces détentions s'inscrivent dans une tendance à l'utilisation à long terme de centres de détention de courte durée par le CBP, selon Rashida Tlaib, qui siège à la commission de surveillance de la Chambre des représentants des États-Unis.
«L'érosion du droit à un procès équitable est une menace pour nous tous, quel que soit notre nom ou notre statut d'immigrant», a-t-elle ajouté. «Une mauvaise décision ne devrait pas conduire à la disparition et à l'érosion du droit à un procès équitable d'une personne.»