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Plusieurs sondages d'opinion réalisés à la fin de l'année dernière suggéraient que la plupart des Canadiens estimaient que les niveaux d'immigration étaient trop élevés.
Malgré les sondages montrant que de nombreux Canadiens s'inquiétaient des effets de l'immigration sur le logement et l'accessibilité à la propriété à la fin de l'année dernière, le sujet a été à peine abordé lors de la campagne électorale fédérale qui tire à sa fin.
Plusieurs sondages d'opinion réalisés à la fin de l'année dernière suggéraient que la plupart des Canadiens estimaient que les niveaux d'immigration étaient trop élevés.
Bien que les libéraux, les conservateurs et le NPD prévoient tous de s'attaquer aux niveaux d'immigration après les élections, la question a été reléguée au second plan au profit de menaces plus pressantes, comme la guerre commerciale mondiale menée par le président américain Donald Trump.
Zool Suleman, avocat spécialisé en immigration à Vancouver, a souligné qu'il était «choquant» que l'immigration ait reçu si peu d'attention pendant la campagne, compte tenu de l'intensité du débat sur les niveaux d'immigration dans les mois qui ont précédé celle-ci.
«Avec les changements de gouvernement au sud de chez nous, tous les regards se sont soudainement tournés vers cela, a indiqué M. Suleman. Les questions d'immigration sont donc très peu prioritaires et ne reçoivent pas beaucoup d'attention, ce qui constituera un problème majeur une fois les élections terminées.»
D'après lui, ces «questions» incluent les longs délais de traitement des demandes de résidence permanente, qui pourraient être aggravés par le plan d'immigration actuel, qui réduit le nombre de visas temporaires délivrés de 10 à 20 %, selon le type.
«Il s'agira principalement d'étudiants et de travailleurs. Ils sont profondément frustrés par l'allongement des délais de traitement, qui passent de plusieurs mois à plusieurs années, que leurs visas arrivent à expiration et qu'ils ne savent pas quoi faire en ce qui concerne leur statut légal au Canada, a mentionné M. Suleman. Si cette situation n'est pas réglée très rapidement, nous allons nous retrouver avec une très importante population de personnes temporaires sans statut au Canada.»
Tous les principaux partis ont convenu pendant la campagne que le gouvernement de Justin Trudeau avait laissé les niveaux d'immigration devenir insoutenables.
Les libéraux promettent de plafonner le nombre de visas d'étudiants et de travailleurs à moins de 5 % de la population canadienne, et de limiter les admissions de résidents permanents à moins de 1 % de la population, d'ici la fin de 2027. Leur plateforme libérale affirme que cela contribuerait à alléger la pression sur le logement, les infrastructures et les services sociaux.
La plateforme conservatrice indique que le parti lierait les niveaux d'immigration aux logements disponibles, aux ressources en soins de santé et au marché du travail. Il y est précisé que cela garantirait une immigration «équitable» pour les Canadiens et les nouveaux arrivants.
Les conservateurs prévoient également d'exiger des employeurs qu'ils consultent les syndicats concernés avant d'autoriser l'embauche de travailleurs temporaires, et d'instaurer des vérifications des antécédents criminels pour les demandeurs de visa d'étudiant, entre autres mesures.
La plateforme du NPD ne mentionne pas l'immigration. Lors de sa campagne à Vancouver mardi, le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a avancé que l'immigration était essentielle à la croissance de l'économie, mais qu'elle devait être adaptée aux besoins du marché du travail.
«Il y a certaines choses que je souhaite voir changer, voire disparaître complètement. L'exploitation des travailleurs étrangers temporaires, si pernicieuse et répandue, doit cesser. Elle ne fait que faire baisser les salaires et exploiter ces travailleurs», a déclaré M. Singh.
Ali Bhagat, professeur adjoint de politique publique à l'Université Simon Fraser, estime que les libéraux et les conservateurs esquivent la question pour éviter toute comparaison avec la répression du président américain Donald Trump contre les sans-papiers.
«Ils veulent rester à l'écart de ce débat, car du côté pro-immigration, on commence à irriter certains électeurs qui sont anti-migrants et qui ont été nourris de ce discours depuis un certain temps. Si vous êtes anti-immigration, vous commencez à ressembler à Trump», a-t-il analysé.
Selon M. Bhagat, les partis n'ont pas rendu service aux électeurs en excluant l'immigration de leurs discours de campagne.
«Les deux principaux partis (…) sont fondamentalement les mêmes. Et il est important que nous le sachions», a-t-il soutenu.
La croissance économique du Canada repose sur une immigration continue. Selon M. Suleman, le Canada doit discuter de l'avenir de l'immigration à long terme, alors que le pays s'adapte aux droits de douane du président Trump.
«Je pense que c'est là qu'une discussion sérieuse doit avoir lieu. Où le Canada souhaite-t-il se situer exactement, disons, dans 10 ans ? Nous avons besoin de cette discussion», a-t-il affirmé.