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Société

Des professeurs appellent à offrir un sanctuaire aux «réfugiés universitaires» des ÉU

Dans leur lettre, des universitaires canadiens se disent «profondément préoccupés par l'attaque sans précédent de l'administration Trump».

Des piétons passent devant la bibliothèque Widener de l'université de Harvard, à Cambridge (Massachusetts), le mardi 15 avril 2025.
Des piétons passent devant la bibliothèque Widener de l'université de Harvard, à Cambridge (Massachusetts), le mardi 15 avril 2025.

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La Presse canadienne
La Presse canadienne

Des centaines de professeurs demandent aux chefs des partis fédéraux canadiens d'offrir un sanctuaire sûr aux «réfugiés universitaires» et de préserver les libertés, alors que les universités américaines subissent une pression croissante de la part du gouvernement américain.

Une lettre ouverte signée par plus de 500 professeurs a critiqué les attaques du président Donald Trump contre les établissements d'enseignement supérieur américains et a appelé le prochain gouvernement à accroître le financement du système d'enseignement supérieur canadien.

Dans leur lettre, ces universitaires canadiens se disent «profondément préoccupés par l'attaque sans précédent de l'administration Trump contre les universités américaines».

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«Cette crise met en danger non seulement la liberté intellectuelle, le leadership technologique et le pouvoir de convaincre des États-Unis, mais aussi les institutions canadiennes étroitement liées qui dépendent du financement partagé, des résidences de recherche et des collaborations», peut-on lire dans le document.

Jesse Greener, professeur de chimie à l'Université Laval et signataire de la lettre, a expliqué que les établissements d'enseignement canadiens souffraient d'un «sous-financement chronique», ce qui a entraîné des problèmes généralisés, tels que des coupes dans les programmes, des faillites et le report d'importants travaux d'entretien.

Il est temps d'attirer l'attention sur le problème, croit-il.

«Nous voulons nous assurer que l'importance de ces enjeux exposés dans la lettre soit bien comprise par les différents partis fédéraux», a-t-il soutenu, ajoutant que les Canadiens n'ont pas suffisamment entendu parler de l'enseignement supérieur pendant la campagne électorale.

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La revitalisation des universités canadiennes est essentielle face à la «montée de l'anti-intellectualisme» au sud de la frontière, selon M. Greener.

Il a ajouté que permettre aux universitaires et aux chercheurs étrangers de s'installer au Canada et fournir davantage de ressources financières aux universités pour les recruter pourrait contribuer à relever ces défis.

Les signataires affirment qu'un système universitaire bien financé au Canada devrait constituer un refuge sûr pour les étudiants et les professeurs fuyant les États-Unis.

Le professeur de chimie a également indiqué qu'il va de la «responsabilité morale et éthique de promouvoir la liberté académique ailleurs, y compris aux États-Unis».

La Maison-Blanche cible les universités américaines, utilisant le financement fédéral comme un outil pour influencer ces institutions ou les forcer à modifier des politiques jugées inappropriées par l'administration Trump. 

L'Agence américaine de l'immigration et des douanes a également arrêté de nombreux étudiants militants pour leur implication présumée dans des manifestations pro-palestiniennes sur les campus.

Les universitaires canadiens sonnent l'alarme

Au Canada, le chef conservateur Pierre Poilievre a menacé de retirer le financement fédéral aux universités en raison de leur prétendue orientation idéologique.

Lorsque le parti a publié sa plateforme québécoise le mois dernier, il a déclaré qu'un gouvernement conservateur «mettrait fin à l'imposition de l'idéologie woke dans la fonction publique fédérale et dans l'allocation des fonds fédéraux à la recherche universitaire».

Le Parti libéral a lui aussi mentionné l'enseignement supérieur au cours de sa campagne, promettant d'accélérer l'accès des étudiants autochtones aux établissements d'enseignement supérieur. Les libéraux souhaitent aussi créer un fonds d'investissement de 20 millions $ pour les universités afin de créer davantage de places de formation.

Aimée Dawson, professeure canado-américaine qui enseigne la dentisterie à l'Université Laval, craint que ce qui se passe aux États-Unis ne s'étende au milieu universitaire canadien.

«C'est difficile de voir ce qui se ce produit en ce moment», a-t-elle confié.

Mme Dawson a indiqué être en contact avec des universitaires au sud de la frontière qui souhaitent quitter les États-Unis. Ainsi, le Canada pourrait saisir l'occasion de transformer son système d'enseignement supérieur pour devenir un refuge, a-t-elle ajouté.

«Si nous financions des postes de professeurs, cela pourrait changer la donne pour le Canada, pour la recherche canadienne», a-t-elle affirmé en entrevue. «Ce pourrait être un tournant pour les universités canadiennes, pour le savoir en fait.»

La professeure, qui a également signé la lettre ouverte, a salué la récente décision de l'Université Harvard de poursuivre l'administration Trump en justice pour gel du financement.

«Il semble que, sous l'administration actuelle, l'apaisement ne fonctionnera pas; il faudra riposter», a-t-elle déclaré.

Quel que soit le parti qui remportera les élections fédérales de la semaine prochaine, il devrait également doubler le nombre de professeurs, supprimer les plafonds d'immigration des étudiants étrangers et garantir la protection des libertés universitaires et du droit de manifester sans crainte de poursuites, indique la lettre.

Les auteurs et signataires appellent aussi à la protection de la gouvernance et de l'autonomie des universités.

«Ces actions placeront le Canada en chef de file mondial en matière de savoir, d'équité et de liberté», ont-ils écrit.

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La Presse canadienne
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