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Politique

Les droits de douane font dégringoler le climat au classement des enjeux électoraux

La décision des libéraux de supprimer la tarification du carbone à la consommation et les discours du président américain Donald Trump sur les droits de douane et l'annexion ont relégué les préoccupations relatives à la politique climatique au bas de l'échelle. Le chef libéral Mark Carney fait une annonce lors d'un arrêt de campagne électorale fédérale à Intelligent City, à Delta, en Colombie-Britannique, le mardi 8 avril 2025.
La décision des libéraux de supprimer la tarification du carbone à la consommation et les discours du président américain Donald Trump sur les droits de douane et l'annexion ont relégué les préoccupations relatives à la politique climatique au bas de l'échelle. Le chef libéral Mark Carney fait une annonce lors d'un arrêt de campagne électorale fédérale à Intelligent City, à Delta, en Colombie-Britannique, le mardi 8 avril 2025.
Nick Murray
Nick Murray / La Presse canadienne

Pendant des semaines, l'automne dernier, le chef conservateur Pierre Poilievre a mis les libéraux au défi d'inviter les Canadiens aux urnes pour ce qu'il a appelé une «élection sur la taxe carbone».

L'idée aurait placé le climat au cœur des programmes des partis, aux côtés des préoccupations liées à l'immigration, au logement et à l'inflation.

Mais la décision des libéraux de supprimer la tarification du carbone à la consommation et les discours du président américain Donald Trump sur les droits de douane et l'annexion ont relégué les préoccupations relatives à la politique climatique au bas de l'échelle.

«À l'exception, disons, des six dernières semaines, le climat figurait régulièrement au 4e ou 5e rang des enjeux les plus importants pour les Canadiens», a rappelé Eddie Sheppard, vice-président des analyses chez Abacus Data.

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Les données de sondage que M. Sheppard a partagées avec La Presse Canadienne suggèrent que seulement 5 % des électeurs classent désormais le changement climatique parmi leurs deux principaux enjeux électoraux, et que 14 % le classent parmi leurs trois principaux. «Cela ne veut pas dire que le climat n'est pas important, n'est-ce pas? Selon un sondage réalisé il y a quelques semaines, 69 % des Canadiens sont préoccupés par les impacts des changements climatiques à long terme, a-t-il noté. Donc, à l'heure actuelle, ce n'est pas une préoccupation majeure pour les Canadiens, mais c'est quand même un enjeu très important.»

À la mi-parcours des élections fédérales de 2021, la fondation Angus Reid rapportait que près d'un Canadien sur cinq interrogé citait les changements climatiques comme son enjeu numéro un lors de cette élection.

Dans un sondage de sortie des urnes réalisé juste après ces élections, la firme Léger rapportait que près de trois électeurs sur cinq déclaraient ne pas pouvoir voter pour un parti dépourvu de plan climatique crédible.

Le climat largement éclipsé des annonces électorales

L'intérêt moindre des électeurs pour le climat en 2025 se reflète dans la manière dont les partis font campagne. À mi-parcours de la campagne électorale fédérale, les principaux chefs de partis du Canada ont présenté peu d'options pour lutter contre les changements climatiques.

Le chef libéral Mark Carney a promis lundi de créer au moins 10 nouveaux parcs nationaux et aires marines de conservation, ainsi que 15 parcs urbains supplémentaires.

Il a également annoncé la création d'un «fonds stratégique pour la protection de l’eau» de 100 millions $ et le dépôt d'une loi visant à protéger le droit des communautés des Premières Nations à l'eau potable.

Le chef conservateur Pierre Poilievre a promis tout au long de la campagne de stimuler les exportations canadiennes de pétrole et de gaz. Lundi, il a présenté des projets de gaz naturel liquéfié comme un moyen de réduire les émissions mondiales en «permettant à l'Inde et à d'autres pays asiatiques d'utiliser notre gaz au lieu du charbon polluant».

 

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a présenté le 31 mars un plan visant à éliminer les allégements fiscaux accordés aux sociétés pétrolières et gazières et utiliser cet argent pour financer des rénovations écoénergétiques dans environ trois millions de foyers canadiens. 

MM. Poilievre et Carney se sont engagés à adopter des politiques climatiques avant le début de la campagne, mais n'ont fait aucune annonce à ce sujet depuis le début des élections, le 23 mars.

Ces mesures comprennent notamment la promesse du chef conservateur d'incitatifs pour les entreprises qui réduisent leurs propres émissions – en remplacement de la tarification du carbone industriel, qu'il s'est engagé à supprimer. Il a déjà parlé d'utiliser «la technologie, et non les taxes» pour lutter contre les changements climatiques.

Lors de la course à la direction du Parti libéral, Mark Carney a promis d'encourager les Canadiens à faire des choix plus écologiques, au lieu de la tarification du carbone à la consommation – qu'il a supprimée dès son premier jour au pouvoir – tout en maintenant la tarification du carbone industriel.

Eddie Sheppard, le vice-président des analyses chez Abacus Data, a estimé que les Canadiens peuvent soutenir de telles mesures incitatives.

«Le problème, c'est qu'à l'heure actuelle, ils ne se sentent pas en mesure de se le permettre, alors ils ont l'impression que cela coûte trop cher et qu'ils ne peuvent pas les accepter pour le moment, a-t-il fait remarquer. Les Canadiens sont très favorables aux mesures incitatives, notamment en ce qui concerne la question de savoir comment encourager la construction de logements. Car, de toute évidence, nous traversons actuellement une période où l'on va proposer la construction de centaines de milliers de logements.»

M. Sheppard a indiqué qu'une telle initiative crée une opportunité de construire des logements écologiquement durables. «Et les Canadiens apprécient vraiment cette idée. Mais ils ont besoin de mesures incitatives, n'est-ce pas? a-t-il ajouté. Ils pensent que l'acheteur devrait être incité, mais ils pensent aussi que les constructeurs devraient être incités à intégrer ces éléments.»

«C'est généralement le public qui nous dit de quoi il veut que nous parlions»

Le ministre libéral Steven Guilbeault — un militant écologiste qui a été ministre de l'Environnement de Justin Trudeau pendant plus de trois ans, avant que Mark Carney ne lui confie le dossier du patrimoine le mois dernier — a déclaré que le climat faisait toujours partie des sujets abordés lors de ses visites de porte-à-porte.

Bien qu'il ait dit ne pas être surpris par les résultats des sondages compte tenu des autres enjeux auxquels sont confrontés les Canadiens, il n'a pas déploré le manque de discussions sur le climat parmi les chefs de parti pendant la campagne jusqu'à présent. «C'est généralement le public qui nous dit de quoi il veut que nous parlions, quelles sont ses priorités. Et non l'inverse», a expliqué M. Guilbeault.

«J'ai vu de nombreux sondages qui montrent que l'environnement et le climat sont actuellement en quatrième ou cinquième position. Ce qui, dans le contexte, est assez étonnant, comme parmi les questions du coût de la vie, du logement et des guerres tarifaires. Il y a dix ou quinze ans, le climat serait tombé au 18e rang, ou quelque chose comme ça. Il est donc toujours là.»

Nick Murray
Nick Murray / La Presse canadienne