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La campagne conservatrice a débuté la journée à Sault-Sainte-Marie, en Ontario.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a déclaré mercredi que l'industrie sidérurgique canadienne était menacée par les droits de douane américains et la tarification du carbone industriel des libéraux – une politique que les grands acteurs de l'industrie ont dit soutenir.
La campagne conservatrice a débuté la journée à Sault-Sainte-Marie, en Ontario, une ville sidérurgique située à la frontière canado-américaine.
M. Poilevre est monté sur la tribune à 9 h, par -13 °C, devant le pont reliant les deux pays, actuellement aux prises avec un âpre conflit commercial. Ce conflit présente des enjeux énormes pour l'industrie sidérurgique et les habitants de Sault Ste. Marie, où le géant Algoma Steel soutient l'économie.
Mais M. Poilievre n'a pas d'emblée abordé l'acier, les droits de douane, ni le président américain Donald Trump dans son discours, se concentrant plutôt sur les politiques annoncées précédemment visant à durcir la lutte contre la criminalité. Il a évoqué l'industrie sidérurgique lors d'un rassemblement au même endroit la veille au soir, principalement dans le contexte de la tarification du carbone.
Le sujet de l'industrie sidérurgique, le chef conservateur l'a plutôt évoqué en passant, lors d'un rassemblement dans la même ville sidérurgique la veille au soir, et ce, principalement dans le contexte de la tarification du carbone.
Un journaliste local a souligné ce décalage au chef conservateur et lui a demandé comment il soutiendrait l'industrie face à l'incertitude liée aux droits de douane.
Pierre Poilievre a reconnu le défi et a établi une comparaison entre Donald Trump et le chef libéral Mark Carney, son principal rival dans la campagne.
«L'une des choses sur lesquelles M. Carney et M. Trump sont d'accord, c'est que les deux veulent mettre des taxes sur l'acier canadien. M. Trump avec des tarifs, M. Carney avec des taxes carbone», a-t-il répondu.
Alors que le chef libéral a supprimé la tarification du carbone à la consommation lors de son entrée en fonction le mois dernier, il a maintenu la tarification du carbone industriel, payée par les grands émetteurs. Après que M. Carney a retiré la tarification du carbone à la consommation, Pierre Poilievre a annoncé qu'il supprimerait également la tarification industrielle.
Le chef conservateur a soutenu que de nombreux producteurs d'acier canadiens «fermeraient leurs portes et partiraient vers le sud», où, selon lui, ils seraient libérés à la fois de la tarification du carbone et des droits de douane américains.
Il a affirmé qu'«il n'y aura plus d'industrie sidérurgique au Canada» si la loi sur la tarification du carbone industriel reste en vigueur.
L'Association canadienne des producteurs d'acier, qui regroupe des acteurs majeurs de l'industrie, comme Algoma, a déclaré dans une lettre ouverte en octobre qu'elle soutenait une tarification du carbone industriel «comme pilier de la décarbonisation» au Canada.
La lettre indiquait que les marchés du carbone industriel constituent le moyen le plus flexible et le plus rentable d'inciter l'industrie à réduire systématiquement ses émissions.
L'association a ensuite critiqué le fonctionnement du système actuel, demandant à Ottawa d'uniformiser les régimes entre les provinces et affirmant que cette «politique essentielle ne fonctionne pas aussi bien qu'elle le devrait».
Actuellement, la plupart des provinces disposent de leurs propres programmes de tarification pour les grands émetteurs industriels, qui respectent les normes établies par le gouvernement fédéral, mais varient d'une région à l'autre.
L'Institut climatique du Canada a souligné en janvier que la tarification du carbone industriel était un outil essentiel pour réduire les émissions de l'industrie sidérurgique.
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Selon une analyse publiée en janvier par 440 Mégatonnes, un projet de l'Institut climatique du Canada, l'industrie sidérurgique canadienne a déjà réduit ses émissions grâce à des améliorations de son efficacité énergétique.
L'étude a également révélé que l'industrie est en voie de réduire ses émissions de 40 % entre 2022 et 2030, grâce à des projets de décarbonisation.
L'acier est l'un des produits de base visés par la guerre commerciale de Donald Trump, avec l'imposition d'une taxe de 25 % sur les importations d'acier le 12 mars. Le Canada a riposté en imposant des droits de douane équivalents aux taxes américaines sur les importations d'acier et d'aluminium.
Pierre Poilievre a réitéré mercredi ses promesses précédentes d'imposer des droits de rétorsion aux États-Unis afin de protéger l'industrie sidérurgique et de permettre aux Canadiens de reporter l'impôt sur les gains en capital si ces gains sont réinvestis au Canada. «Ça va causer un boom dans l'investissement ici au Canada», a assuré le conservateur.
Des critiques, dont certains au sein du Parti conservateur, ont exhorté M. Poilievre à axer sa campagne sur le président américain et la guerre commerciale.
Pierre Poilevre, qui a commencé la journée en discutant de criminalité avec l'ancien chef de police de Sault Ste. Marie, a tenu un rassemblement consacré à la criminalité mercredi soir.
Adrian Woolley, président de l'Association des policiers de la région de Peel, a déclaré sur scène que les habitants de la région ne se sentent plus en sécurité et que les politiques libérales ont transformé le système judiciaire en une «blague».
«Ça suffit, on ne peut plus continuer comme ça», a déclaré M. Woolley, qui a appuyé Pierre Poilievre. «Les libéraux ont envoyé un message clair et net: les criminels passent avant tout, la sécurité des Canadiens et des collectivités passe après.»
Le chef conservateur a répété plusieurs promesses lors du rassemblement, notamment la création d'une nouvelle infraction pénale pour la violence conjugale et l'interdiction de la mise en liberté sous caution, de la libération conditionnelle et de la détention à domicile pour les récidivistes.
Lors du rassemblement, il a également réitéré sa promesse de financer des traitements de désintoxication pour 50 000 personnes aux prises avec une dépendance.
Pierre Poilievre a aussi évoqué les dernières mesures tarifaires de M. Trump, après que le président a changé de cap mercredi dans sa guerre commerciale mondiale et a immédiatement suspendu pendant 90 jours les droits de douane sur les pays frappés dans le cadre de son régime tarifaire «réciproque». Il n'a proposé aucun changement aux tarifs visant le Canada.
«Presque tous les pays du monde ont obtenu une suspension des tarifs américains, mais pas nous, le meilleur ami de l'Amérique», s'est plaint le chef conservateur.
M. Poilievre a indiqué qu'il agirait rapidement pour négocier la fin des tarifs tout en protégeant la souveraineté canadienne et a laissé entendre que peu de progrès avaient été réalisés par Mark Carney.
Le chef conservateur a également été interrogé mercredi au sujet d'un reportage de Global News révélant que certains de ses donateurs dans la course à la direction du parti appartenaient également à un groupe visant à favoriser l'élection du premier ministre indien, Narendra Modi.
Le rapport final de l'enquête publique sur l'ingérence étrangère, publié en janvier, indiquait que l'Inde figurait parmi les acteurs impliqués dans l'ingérence étrangère au Canada.
Selon ce rapport, des agents mandataires de l'Inde pourraient avoir fourni - et pourraient continuer de fournir - clandestinement un soutien financier illicite à divers politiciens canadiens afin de garantir l'élection de candidats pro-indiens ou d'exercer une influence sur les candidats élus.
«Le renseignement n’indique pas nécessairement que les élus ou les candidats concernés étaient au courant des tentatives d’ingérence ni que ces tentatives ont nécessairement été couronnées de succès», peut-on lire dans le rapport.
Pierre Poilievre poursuivait sa campagne en Ontario mercredi, où il devait tenir un autre rassemblement à Brampton, en banlieue de Toronto.
Avec des informations de Nick Murray à Ottawa