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Le chef bloquiste a noté que ce n'était pas la première fois qu'il affirmait que le Canada est un pays artificiel.
Il n'y a «rien d'irrespectueux» à qualifier le Canada de «pays artificiel», dit le chef bloquiste Yves-François Blanchet.
Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, s'est offusqué des propos de M. Blanchet, les jugeant «insultants».
«J'espère que, à l'avenir, vous allez réfléchir à ce que veut dire être Canadien et être plus fier et honoré d'être un élu au Canada», peut-on lire dans une lettre que M. Houston a partagée sur les réseaux sociaux.
M. Blanchet a répliqué samedi que «ce n'est pas une insulte que de faire le constat que le collage qu'est le Canada, s'il se construit en niant l'identité de ses régions et du Québec, ne peut être qu'un pays artificiel».
Le chef bloquiste a noté que ce n'était pas la première fois qu'il affirmait que le Canada est un pays artificiel, comme il l'a fait vendredi au cours d'un arrêt de sa campagne à Shawinigan, en Mauricie.
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Depuis Val-D'Or, en Abitibi, M. Blanchet s'est justifié samedi en relevant que l'ex-premier ministre Justin Trudeau a dit en 2015 que le Canada était un État post-national.
Le successeur de M. Trudeau qui tente de remporter l'élection de lundi, Mark Carney, «rejette complètement» les propos du chef bloquiste.
«Je suis fier d'être Canadien. (...) C'est un pays incroyable, un pays unique. Et j'essaie d'aider le processus qui est en train d'unifier notre pays, pas de diviser notre pays», a-t-il dit en point de presse à King City, dans le Grand Toronto.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a, comme M. Houston, jugé les propos de M. Blanchet «insultants», en plus de les qualifier de «faux». «Le Canada est un pays fort, fier et souverain avec une riche histoire. En tant que premier ministre, je défendrai toujours le Canada et le rendrai plus fort que jamais», a-t-il promis.
De son côté, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, estime que les commentaires de M. Blanchet «nuisent à la solidarité face à Donald Trump» et «est la mauvaise chose à faire».
M. Blanchet assure n'avoir eu aucune intention d'insulter et il ne regrette pas son choix de mots. Questionné à savoir s'il comptait répondre à la lettre du premier ministre Houston, il n'a pris aucun détour en disant, tout simplement, «non».
Samedi, l'autobus de campagne du Bloc a parcouru environ 900 kilomètres dans le cadre du dernier blitz avant le jour J de l'élection, lundi. La destination souhaitée: convaincre des électeurs indécis de voter pour la formation politique.
«Il vous reste deux jours pour convaincre les gens qu'il n'y a rien à perdre à voter pour des Québécois qui ne vont parler que pour le Québec, qu'il y a (plutôt) tout à gagner», a lancé M. Blanchet à des militants qui hochaient de la tête avec enthousiasme, au local de campagne de la candidate et députée sortante Marie-Hélène Gaudreau, à Mont-Laurier, dans la circonscription de Laurentides-Labelle.
Il a livré le même message en visitant d'autres locaux de campagne sur sa route, comme à Sainte-Adèle, ville située dans la nouvelle circonscription des Pays-d'en-Haut.
Selon M. Blanchet, tout n'est pas joué d'avance et les efforts des militants pour faire sortir le vote peuvent faire la différence.
Le chef bloquiste a admis que la campagne a été «un peu plus serrée» que son parti ne «l'aurait voulu». L'avance qu'avait le Bloc sur les libéraux au Québec, il y a à peine quelques mois, dans les intentions de vote, a fondu comme neige au soleil et les libéraux mènent depuis le début de la campagne.
Même si les bloquistes ont réussi, selon les derniers sondages, à réduire l'écart considérable qui les sépare des troupes de Mark Carney, le parti souverainiste pourrait perdre des sièges parmi les 33 qu'il détenait au moment du déclenchement de la campagne.
Or, M. Blanchet est d'avis que trop d'attention a été portée, tout au long de la campagne, sur «le tableau indicateur» que sont les sondages «plutôt que sur la ''game''».
«Je prends un exemple. Hier soir, ''la game'' était vraiment intéressante, ça valait la peine de la regarder», a-t-il dit en point de presse en faisant référence au match des séries éliminatoires de hockey remporté par le Canadien de Montréal.
«On va essayer que les deux prochains jours (de la campagne) non seulement soient aussi intéressants, mais aussi de rappeler aux Québécois qui vont voter ''faites-vous confiance ou même, pire que ça, ne faites confiance qu'à vous-même''», a-t-il conclu.
La journée a commencé à l'aéroport régional de Val-d'Or, en Abitibi, où M. Blanchet est allé soutenir ses candidats locaux et députés sortants de la région, Sylvie Bérubé et Sébastien Lemire.
La lutte pourrait être serrée dans la circonscription qui englobe Val-d'Or, Abitibi –Baie-James–Nunavik–Eeyou, prédit l'agrégateur de sondages Canada338. La projection, qui comporte une importante marge d'erreur de 8 %, pointe vers une égalité des appuis (34%) entre le Bloc et les libéraux.
La candidate bloquiste n'a pas semblé craindre de mordre la poussière après avoir parcouru, a-t-elle précisé, 5500 km de territoire de cette très vaste circonscription pour aller à la rencontre des électeurs. «Je suis à l'écoute des gens et je suis confiante», a dit Mme Bérubé.
Sa rivale, l'ancienne grande cheffe crie Mandy Gull-Masty, n'a pas assez insisté sur les enjeux locaux durant sa campagne, estime M. Lemire.
«Il y avait un certain intérêt pour (sa) candidature (…), mais qui, à mon sens, n'a pas été aussi élevé que j'aurais pu même penser l'observer parce que, notamment, on sent qu'il y a un clivage, vraiment, des intérêts entre les intérêts du nord et du sud», a-t-il dit.
Mme Gull-Masty a assuré qu'elle connaît bien les enjeux de la circonscription qu'elle souhaite représenter. Elle a dit en entrevue vouloir répondre aux enjeux du coût de la vie qui est marqué dans le Nord du Québec et aux problèmes de pénurie de main-d'œuvre, notamment.
À son avis, le Bloc québécois voit les enjeux économiques de la circonscription d'un regard trop circonscrit. «C'est clair que M. Lemire ne comprend pas que l'économie de la région d’Abitibi–Baie-James–Nunavik–Eeyou, c'est vraiment une économie internationale. Il y a de la foresterie, du minier partout, dans toutes les régions de la circonscription», a-t-elle fait valoir.
Durant son passage à Val-d'Or, M. Blanchet a promis que le Bloc, après l'élection, «va arriver rapidement avec une relance des idées qui permettraient de construire une économie québécoise plus forte et plus résistante».
À son avis, les libéraux s'empressent de promettre de l'aide à l'industrie automobile de l'Ontario, mais n'ont pas le même sentiment d'urgence pour des industries importantes pour le Québec, comme la foresterie.