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«Si nous autres on est dans une campagne un peu plus serrée qu'on l'aurait voulu, imaginez le NPD.»
Le chef bloquiste Yves-François Blanchet reconnaît à mots couverts que sa formation politique fait face à une bataille électorale davantage chaudement disputée que ce qui était espéré.
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Il a fait cette admission par la bande, alors qu'il décochait une flèche au Nouveau Parti démocratique (NPD) de Jagmeet Singh.
«Si nous autres on est dans une campagne un peu plus serrée qu'on l'aurait voulu, imaginez le NPD», a-t-il dit vendredi au cours d'un arrêt de sa caravane à Victoriaville, dans la circonscription de Richmond–Arthabaska lorgnée par le Bloc.
M. Blanchet était appelé à commenter les attaques répétées de M. Singh voulant que le Bloc soit inutile. Il a rétorqué que, si un parti d'opposition ne sert à rien, le NPD n'a jamais eu d'utilité.
«Je ne me reconnais pas du tout dans ce qu'il dit, avec sa volonté centralisatrice de démembrer l'État québécois au bénéfice d'un État central d'Ottawa, agrémenté de petites insultes un peu insignifiantes», a-t-il ajouté, avançant que, selon lui, les Québécois partagent son avis.
M. Blanchet, s'il a reconnu que la course est plus serrée qu'il ne l'aurait souhaité, tente de faire mentir les sondeurs et agrégateurs de sondages. Ceux-ci prédisent que le Bloc est en voie de perdre plusieurs plumes au terme du scrutin, lundi prochain.
«Une des grandes fiertés qu'on a (…) c’est quand on dit "Ah, vous vous êtes trompés!" Et ça pourrait arriver dans plein de comtés au Québec.»
La caravane du Bloc a enchaîné vendredi plus de 700 kilomètres dans le cadre de son blitz final de campagne.
Les derniers coups de sonde montrent que les bloquistes ont réduit l'écart qui les sépare des libéraux dans les intentions de vote au Québec, mais les troupes de Mark Carney maintiennent une importante avance.
M. Blanchet refuse de croire que tout soit joué, à trois jours du vote.
«Je réfute avec enthousiasme l'hypothèse d'une cristallisation des sondages dont je me fous un peu d'ailleurs», a-t-il répondu, au cours d'un arrêt à Shawinigan, à un journaliste qui suggérait que les électeurs semblent avoir déjà fait leur choix.
M. Blanchet a précisé que sa formation façonne ses «tactiques» en fonction de ce qu'elle entend sur le terrain, «pas à partir des sondages».
Néanmoins, le chef bloquiste a exprimé, à plusieurs reprises, sa préférence pour une campagne électorale qui aurait été plus longue, car cela aurait nui, selon lui, aux libéraux.
M. Blanchet s'est rendu, plus tôt vendredi, au local électoral de son candidat et député sortant dans Trois-Rivières, René Villemure. Il a eu avec l'éthicien de carrière une discussion devant les journalistes sur le thème de l'éthique, profitant de l'occasion pour critiquer M. Carney de ne pas avoir dévoilé ses avoirs, notamment.
M. Villemure l'avait emporté avec une avance de seulement 83 voix au cours de la dernière élection fédérale de 2021. La lutte pourrait encore une fois être serrée entre bloquistes, conservateurs et libéraux.
Les collègues de M. Villemure ont été particulièrement présents pour l'épauler au cours de la campagne, puisqu'il se remet d'une chirurgie alors qu'il combat un cancer.
M. Blanchet a vanté «la qualité de ses interventions» en Chambre et en comité, disant espérer qu'il soit réélu pour des raisons politiques, mais aussi personnelles.
Le chef bloquiste était, durant son passage à Shawinigan, en contrée libérale. La circonscription de Saint-Maurice—Champlain, actuellement représentée par le ministre des Finances sortant, François-Philippe Champagne, est aussi le berceau de l'ancien premier ministre libéral Jean Chrétien.
Au cours de cet arrêt de campagne, les journalistes ont questionné M. Blanchet sur l'appel à voter pour le Bloc lancé, la veille, par le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon.
M. Blanchet a notamment dû expliquer pourquoi cette sortie survenait aussi tard dans la campagne. «L'appui de Paul St-Pierre-Plamondon, il est antérieur même au début de la campagne», a argué le chef bloquiste.
Il a justifié l'absence du chef péquiste à ses côtés durant ses événements de campagne électorale en disant que cela respecte le «plan de match» sur lequel les deux hommes s'étaient entendus.
«Je pense qu'on a parfaitement respecté notre plan de match qui ressemblait à celui de la campagne du Parti québécois où j'étais quand même assez discret», a-t-il dit en faisant allusion à la dernière élection provinciale au Québec, en 2022.
Il a noté que les députés péquistes Pascal Bérubé, Joël Arseneau et Pascal Paradis ont prêté main-forte au Bloc sur le terrain.
Jeudi, M. St-Pierre Plamondon est sorti de sa réserve et, dans un long message, a invité les Québécois à voter pour le seul parti qui sera «loyal uniquement envers le Québec».
«En appuyant le Bloc québécois, nous pouvons limiter la force du mandat de Mark Carney et permettre l’élection d’un gouvernement minoritaire, de sorte que nous donnions la balance du pouvoir à un parti qui nous sera loyal 100 % du temps», a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
M. St-Pierre Plamondon a tiré à boulets rouges, dans son message, sur le chef libéral, le qualifiant de «menace existentielle pour le Québec».
M. Blanchet répète depuis plusieurs semaines qu'il est prêt à collaborer avec un gouvernement Carney. Questionné à savoir si la charge à fond de train du chef péquiste s'inscrit en porte-à-faux avec son propre message, le chef bloquiste a écarté du revers de la main cette suggestion.
«Paul dit, à sa façon, la même affaire que moi. On ne peut pas faire confiance dans une perspective québécoise et surtout pas de façon aveugle à Mark Carney», a soutenu M. Blanchet.
Le chef libéral a répliqué qu'il a bien l'intention de «défendre la culture québécoise, la langue française, la gestion de l'offre» s'il remporte l'élection.
«Et, plus que ça, mon gouvernement, si nous gagnons l'élection, va renforcer et promouvoir la société québécoise et l'économie québécoise», a-t-il dit au cours d'un point de presse à Sault-Sainte-Marie, en Ontario.
M. Carney a évité de répondre directement à la question de savoir s'il était prêt à sceller une entente avec le Bloc advenant qu'il soit élu à la tête d'un gouvernement minoritaire plutôt que majoritaire.
«À ce moment-ci, je travaille fort pour chaque vote des Canadiens. Je veux gagner des votes et avoir un mandat fort et clair», a-t-il soutenu.
M. Blanchet a conclu sa journée de vendredi dans un bar de Châteauguay où des militants bloquistes l'ont accueilli avec enthousiasme. Il a écouté le troisième match du Canadien de Montréal dans le cadre des séries éliminatoires. Il était accompagné de plusieurs candidats bloquistes, dont Patrick O'Hara, qui défend les couleurs du Bloc dans la circonscription où le visionnement avait lieu, Châteauguay-Les Jardins-de-Napierville.
Ce denier retente sa chance après avoir mordu la poussière, en 2021, par seulement 12 voix d'écart avec les libéraux.