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La Banque du Canada a annoncé mercredi qu'elle maintenait son taux d'intérêt de référence à 5 % et a indiqué qu'elle avait commencé à discuter du calendrier des réductions de taux.
La Banque du Canada se concentre maintenant sur le moment où elle pourrait commencer à réduire les taux d'intérêt, a déclaré mercredi le gouverneur Tiff Macklem, en annonçant la décision de la banque centrale de maintenir son taux directeur à 5 %.
«La demande globale dans l'économie n'étant plus en avance sur l'offre, les discussions du conseil de direction [de la banque centrale] sur la politique monétaire se réorientent», a expliqué M. Macklem en conférence de presse à Ottawa.
Les dirigeants de la banque ne se demandent plus tellement si le taux directeur est suffisamment restrictif pour restaurer la stabilité des prix: ils s'interrogent plutôt sur «la durée pendant laquelle le taux doit rester au niveau actuel», a indiqué le gouverneur.
La décision de la Banque du Canada de maintenir son taux directeur à 5% était attendue. La croissance économique plus faible et le ralentissement de l’inflation ont permis à la banque centrale de maintenir son taux directeur stable et d’analyser la manière dont l’économie réagissait à des taux plus élevés. Les économistes attendaient toutefois de voir si la Banque du Canada donnerait certains indices vers une éventuelle réduction des taux.
Voyez l'analyse du chef du bureau montréalais chez le média spécialisé Bloomberg, Mathieu Dion, dans la vidéo liée au texte.
Royce Mendes, directeur général et chef de la stratégie macroéconomique chez Desjardins, estime que le point de bascule de la Banque du Canada est «à la hauteur de ce que l'on aurait pu espérer».
«La banque centrale n'allait pas passer en une seule réunion d'une tendance à relever les taux à une tendance à les réduire, c'est pourquoi il y a cette période de transition», a déclaré M. Mendes.
Malgré ce changement de message, M. Macklem a prévenu que la banque centrale n’excluait pas de nouvelles hausses des taux si l’inflation faisait des siennes. «Cela ne veut pas dire que nous avons éliminé la possibilité de relever le taux directeur, par exemple si les circonstances changent et font repartir l’inflation à la hausse», a prévenu le gouverneur. «Mais si l’économie évolue généralement comme dans la projection publiée aujourd’hui, je m’attends à ce que nos discussions portent maintenant sur la durée pour laquelle nous maintiendrons le taux directeur à 5 %», a-t-il ajouté.
M. Mendes estime que la banque centrale a fait le bon choix en signalant aux Canadiens que de nouvelles hausses de taux étaient très improbables. «Nous n'avons vraiment pas besoin d'autres hausses de taux. Mais nous avons probablement besoin pour l'instant d'un certain temps pour que ces taux d'intérêt élevés se frayent un chemin à travers le système», a-t-il estimé.
La banque centrale a également tenu à souligner que l'inflation était encore trop élevée, notant dans un communiqué que le conseil de direction était toujours «préoccupé par les risques entourant les perspectives d’inflation, surtout la persistance de la forte inflation sous-jacente».
Le taux d’inflation au Canada a diminué régulièrement au cours de la dernière année et demie, mais a de nouveau augmenté en décembre, pour atteindre 3,4 %, alors que les pressions sous-jacentes sur les prix demeuraient élevées. La banque centrale a souligné le rôle que jouaient les frais de logement dans le taux d'inflation, estimant même qu’ils en étaient le principal facteur.
Beata Caranci, économiste en chef à la TD, a trouvé cette orientation surprenante, puisque la banque centrale a une influence limitée sur l'inflation des frais de logement.
M. Macklem «n'a cessé de faire référence au logement et à la nourriture, mais les prix ne vont pas s'effondrer soudainement à cause des taux d'intérêt», a déclaré Mme Caranci. «Donc, (si) c'est ce facteur, selon eux, qui freine leurs indicateurs d'inflation et qui les empêche de réduire les taux d'intérêt, alors ça ne va pas changer dans les prochains mois», a-t-elle estimé.
La Banque du Canada a reconnu que les frais de logement dépendent en partie des obstacles structurels à la construction résidentielle ainsi que de la forte croissance démographique.
Avant la décision de mercredi, les prévisionnistes s’attendaient largement à ce que la faiblesse de l’économie canadienne incite la banque centrale à commencer à réduire ses taux d’intérêt dès ce printemps.
Les dernières prévisions de la Banque du Canada publiées mercredi suggèrent que l’économie restera faible avant de rebondir au second semestre, tandis que l’inflation devrait revenir à 2 % en 2025. Ces prévisions sont donc, pour l’essentiel, inchangées par rapport à celles d'octobre dernier.